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Billet de blog 20 janvier 2016

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« Les médecins, même de manière irrationnelle, ont peur et surveillent leurs écrits »

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 « Les médecins, même de manière irrationnelle, ont peur et surveillent leurs écrits »


 « Les médecins, même de manière irrationnelle, ont peur et surveillent leurs écrits », affirme Patrice Adam. « Certains médecins ne font même plus de certificats pour des maladies professionnelles inscrites au tableau, c’est fou ! », s’insurge Alain Carré, ancien médecin du travail et lui aussi membre de l’a-SMT. De fait, outre l’autocensure, de nombreuses plaintes se règlent au premier niveau des chambres disciplinaires ordinales, en conciliation. Nicolas Sandret, médecin inspecteur de santé publique en Île-de-France jusqu’en 2014, confirme avoir été plusieurs fois « alerté par des médecins en difficulté ». Mais que la « honte » d’être impliqué dans une procédure ordinale pousse un certain nombre d’entre eux à concilier, voire à se dédire sur un écrit. Pour ce médecin, il y a bien eu un tournant : « Avant, un employeur pouvait déjà, devant l’inspection du travail, se plaindre d’un médecin, ou entamer une procédure au civil. Il pouvait aussi aller voir le conseil de l’ordre qui ne donnait pas suite. Maintenant, il arrive même que le conseil s’associe à la plainte. Ça a un impact sur nos pratiques. » Bernadette Berneron assure avoir « vu des collègues changer leurs écrits médicaux après des conciliations devant le conseil de l’ordre ». Les médecins généralistes sous la menace d’une interdiction d’exercer – fatale lorsque l’on pratique en libéral – acceptent aussi de revoir leur copie.


Une vision du métier que partage le docteur Huez, l’un des plus fervents défenseurs de la « clinique du travail ». « Nous devons pouvoir faire des écrits argumentés et motivés, sans avoir peur des conséquences, insiste-t-il. D'abord parce que la reconnaissance par le médecin, ça restaure la santé des gens. Ensuite parce que cela permet d'ouvrir des dossiers de maladies professionnelles. Mais attention,c'est un certificat, pas une preuve, et ça ne peut pas être utilisé tel quel par un tribunal qui devra juger en droit. Donc pourquoi attaquer ces écrits si ce n’est pour nous disqualifier moralement ? » 

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