“Le groupe Vale en partie intouchable”
Image satellitaire de la pollution du Rio Doce et de l’océan Atlantique.
Le Minas Gérais, où s’est produite la catastrophe, est l’une des régions les plus riches au monde en minerais et l’État tire même son nom de cette activité (il signifie en portugais « mines générales »). Le groupe brésilien Vale, actionnaire de Samarco à 50 % [3], tire ironiquement son nom, « Vale do Rio Doce » – raccourci à « Vale » en 2007 –, de la vallée qui se trouve aujourd’hui dévastée. Il est le premier employeur de la région et jusqu’à récemment appartenait majoritairement à l’État fédéral [4].
Depuis de nombreuses années, les politiques économiques menées ont toujours été plutôt favorables au secteur minier. D’ailleurs, il n’existe pas d’instance gouvernementale de régulation générale du secteur, ce qui prouve qu’une grande liberté d’action est laissée aux entreprises. Vale, troisième groupe mondial du secteur, est un fleuron de l’économie brésilienne. Il finance un grand nombre de campagnes électorales, de fondations et de projets sociaux et culturels, ce qui le rend en partie intouchable.
La ministre de l’Environnement, Izabella Teixeira, a promis une remise à plat de la législation, mais sans donner plus de détails. Depuis de nombreuses années, les ONG dénoncent au contraire les assouplissements réguliers des codes forestiers et miniers qui fragilisent la protection de l’environnement. Un « nouveau code des mines » est d’ailleurs en préparation depuis des mois. Le lobby industriel tente évidemment d’y imposer des conditions favorables à son activité. Les organisations de la société civile ont été exclues du processus législatif. « Elles n’ont même pas été conviées à la discussion, malgré leurs demandes depuis deux ans », confie Mauricio Guetta, avocat et représentant du Comité national de défense des territoires confrontés aux activités extractives.
Suite à la catastrophe, un fond va être créé et sera dédié à la « récupération » des écosystèmes fluviaux et marins, a promis le gouvernement. Celui-ci devra être financé à hauteur de 5,2 milliards de dollars uniquement par les responsables et non par les contribuables. Dans un premier temps, Vale et BHP-Billiton ont estimé qu’ils ne devraient pas figurer parmi les responsables, car ces entreprises se considèrent comme « simples actionnaires ». Le directeur juridique du groupe Vale a notamment déclaré que le groupe ne contribuerait que par « simple élan de solidarité avec les victimes », rappelant que Samarco avait la trésorerie suffisante pour assumer les sanctions. Cette tentative d’évitement pourrait être contrée par les dernières révélations de l’enquête, qui cherche à prouver que Vale se servait du site pour entreposer une partie de ses déchets venues d’autres de ses mines.