La France vend des armes, et ses valeurs
C’est toutefois entre Paris et l’Arabie saoudite que l’alignement devient le plus effarant, au point d’agacer parfois le suzerain américain. Si la France n’est pas parvenue à faire capoter l’accord de juillet dernier entre les cinq grandes puissances et l’Iran, comme l’auraient souhaité Riyad, Tel-Aviv et les néoconservateurs républicains qui exècrent M. Barack Obama, elle s’y est ralliée avec une mauvaise grâce remarquée (lire « Basculement stratégique au Proche-Orient »). Et, dans le cas de la Syrie, son désir de « punir » M. Bachar Al-Assad doit moins à la férocité du régime de Damas qu’à la volonté française de complaire aux monarchies du Golfe, qui ont juré de le faire tomber. En particulier l’Arabie saoudite. Or ce royaume, berceau et banquier de l’intégrisme sunnite dans le monde (2), fer de lance de la répression meurtrière des chiites à Bahreïn et au Yémen, combat la plupart des droits humains auxquels la France se proclame tellement attachée ailleurs (3).
Le choix saoudien de Paris ne découle pas d’abord d’une erreur d’analyse stratégique. Il s’agit plutôtd’attiser la paranoïa de monarques qui redoutent d’être encerclés par l’Iran et par ses alliés afin de leur fourguer quelques armes supplémentaires. Mission accomplie le 13 octobre dernier, quand, de retour de Riyad, le premier ministre Manuel Valls a tweeté : « France-Arabie saoudite : 10 milliards d’euros de contrats ! Le gouvernement mobilisé pour nos entreprises et l’emploi. »