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Billet de blog 26 janvier 2016

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Les chauffeurs ne sont pas des salariés pour Uber. Ce sont de simples “clients”.

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 Les chauffeurs ne sont pas des salariés pour Uber. Ce sont de simples “clients”.


« le système mis en place par les applications est en fait copié de celui des centrales de taxis comme G7, avec un central de réservation qui redistribue les courses vers des chauffeurs affiliés ».Ce conducteur sait de quoi il parle. Après avoir été pendant des années taxi locataire (statut où il payait le droit d’utiliser une licence et une voiture qui ne lui appartenaient pas), il est passé de l’autre côté en 2014.« C’est le même système d’exploitation des chauffeurs », lance-t-il. 


Car les applications, Uber en tête, surfent habilement sur le chômage de masse et sur les velléités du gouvernement de « déverrouiller » l’économie en contractant le code du travail. Elles proposent un modèle où les chômeurs se prennent en main en devenant « des entrepreneurs », souvent sous le statut d’auto-entrepreneurs, et travaillent dur en contrepartie d’un accès facilité à un métier. « Les chauffeurs ne sont pas des salariés, ce sont des entrepreneursayant un contrat de partenariat avec les applications. Ils ne travaillent pas “pour” Uber, mais “avec” Uber », insiste-t-on en interne. Car Uber et ses semblables n’emploient pas directement les conducteurs. Leurs applis font simplement office d’apporteurs d’affaires, et les chauffeurs leur reversent une commission, au minimum 20 % du prix de la course.Un modèle qui est précisément celui de G7 ou de Taxis Bleus (également propriété de G7, restée secrète pendant… dix ans), qui facturent 300 euros par mois le service de central radio.


De nombreux témoignages évoquent aujourd’hui un salaire mensuel de VTC à 1500-1800 euros net maximum, pour 60 à 70, voire 80 heures de travail par semaine. « Nos collègues sont payés aux alentours de 6,5 euros de l’heure, au maximum », assurent en chœur Sayah Baaroun et Helmi Mamlouk, de Capa VTC. Pour rappel, le Smic horaire net dépasse 7,5 euros. Pas de quoi émouvoir le ministre de l’économie, pourtant. « Si entrer dans l'emploi, ça commence par l'entrepreneuriat individuel, par un emploi qui est peut-être plus fragile qu'un CDI, je préfère cela au chômage », indiquait Emmanuel Macron sur Europe 1 le 10 novembre. Sur Canal + le 29 novembre, il assumait : « Quand on est un jeune des quartiers, c’est quatre fois plus difficile de décrocher ne serait-ce qu’un entretien d’embauche. (…) Je préfère que pour ces jeunes il y ait le choix, qu’il y ait une opportunité. (…) Il ne faut pas comparer à un CDI auquel ils n’ont pas accès aujourd’hui. »« Ce qui nous horripile, c’est que le modèle économique des plateformes est de se dégager de toutes responsabilité, tout en pressant les chauffeurs comme des citrons. Ces entreprises profitent de leur faiblesse », s’emporte Paul Risbourg, du CSNERT. Car si les chauffeurs payent bien taxes et impôt sur les 80 % du prix d’une course qui leur reviennent,il est difficile d’en dire autant d’Uber. Basée aux Pays-Bas, elle s’appuie sur le même montage fiscal que les entreprises du numérique surnommées « les Intaxables », et voit s’évaporer ses profits aux Bermudes.


Nous sommes des salariés parfaitement déguisés en patrons, soupire Sayah Baaroun. Entre nous et les applications, il n’existe que des liens commerciaux. » Et pour s’en assurer un peu plus, Uber vient de faire parvenir une nouvelle version des conditions générales liant l’entreprise aux chauffeurs. Alors qu’ils étaient désignés comme des « partenaires »dans la version précédente, ces derniers sont désormais qualifiés de« clients ».

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