Quand l'Etat refuse d'agir face aux abus des industriels
Quel rôle jouent les pouvoirs publics, et en premier lieu le ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll ?
Karl Laske – Il est relativement impuissant. À part faire des réunions, avec des impacts très restreints, il n’a rien mis en place. On peut dire qu’il n’a pas saisi l’occasion de remettre le système à plat. Pire, il soutient un discours pro-exportation risqué, au lieu d’encourager un changement de modèle. Et en juillet dernier, il s’est opposé à l’étiquetage nutritionnel des produits alimentaires – sous la pression du lobby laitier – contre l’avis de la ministre de la Santé et des autorités sanitaires. Résultat : ces étiquettes à cinq couleurs qui permettaient de classer les aliments selon leur qualité nutritionnelle sont aujourd’hui éclipsées par un étiquetage a minima proposé par le lobby agroalimentaire.
Ce lobbying des industries laitières a-t-il des conséquences pour les consommateurs ?
Karl Laske – L’exemple le plus connu est celui de la propagande publicitaire autour de la consommation de trois produits laitiers par jour. De telles recommandations sont très contestées d’un point de vue nutritionnel. Grosso modo, cette course au productivisme et à l’exportation dans laquelle se sont engagés les industriels pousse à une standardisation des produits laitiers. Par exemple, Lacatlis a cessé de produire depuis 2007 du camembert au lait cru pour passer au lait thermisé ou micro-filtré. Officiellement pour des impératifs sanitaires, mais en réalité, ils veulent produire de façon industrielle.