« Je n’ai rien à cacher » voilà l’argument béton auquel se heurtent systématiquement les défenseurs des libertés. « Tu n’as rien à cacher », cette réponse me dérange, je l’entends depuis des années mais je n’ai jamais su pourquoi. Mais aujourd’hui, j’ai enfin trouvé la réponse à ce gène.
Il ne s’agit pas de chose à cacher, il s’agit de chose à montrer sans qu’on le veuille.
Et c’est fondamentalement différent.
Prenons un exemple. Quand j’étais petit, j’adorais danser dans ma chambre, je fermais la porte et mettais la musique. Je me lâchais. Je dansais. J’étais moi-même. Cependant, ma sœur avez tendance à toujours vouloir m’embêter. Elle rentrait discrètement dans la chambre et se cachait dans l’armoire. Trois danses plus tard je prenais conscience que ma sœur était là et qu’elle m’observait. On a tous connu une situation comme celle-ci et le ressenti est le même pour tout le monde. Un ressenti désagréable, toujours négatif. Pourtant je « n’avais rien à cacher », mais cela me dérangeait.
Etrange non ? Danser seul dans sa chambre n’est pas un crime ? Pourtant on ne veut pas le montrer à tout le monde… Voilà ou je veux en venir, La vie privée c’est « avoir la capacité à montrer les choses si on le veut ». En quoi ne plus avoir ce droit pourrait être problématique dans le futur ?
Quel est le risque ?
Prenons l’exemple du panoptique.
Le panoptique est un modèle architectural de prison. On pourrait le décrire comme ceci. Il y a un observateur au milieu qui peut voir l’intérieure de toutes les cellules. Cependant, les détenus ne peuvent pas voire si l’observateur les observes. Les détenus ont ainsi un sentiment de « constante observation » de la part de l’observateur. Dans « Surveiller et punir » Michel Foucault étudie ce modèle de « panoptique ». Il défend la thèse suivante le modèle architectural du panoptique entraine un « assujettissement réel ». Cela est dû au déséquilibre entre « vu » et être vu » L’observé devient soumis à l’observateur.La thèse de Michel Foucault nous permet de dire que
Lorsque on est observé on perd une partie de notre liberté.
Le sentiment d’être observé réduit notre champ d’actions.
Ce modèle d’architecture se retrouve dans beaucoup de lieux de notre vie quotidienne, notamment les open spaces… Mais alors comment ne pas faire un parallèle avec nos technologies ? L’internet actuel permet une surveillance de masse. L’affaire Pegasus en est un exemple criant. L’architecture de notre internet pourrait à bien des égards être une prison panoptique. Si la société se sent tous le temps observé, nous serons à l’image des prisonniers, soumis à un assujettissement réel. Nous perdrions une partie de nos libertés et réduirons notre champs d’actions. Nous ne serons plus nous-même mais ce que souhaite le société (ou les politiques). Autrement dit, Le risque est tout simplement un « formatage » des individus.
Bref, on ne rigole pas avec la vie privée...
D_Mf
Pour creuser la question
https://www.youtube.com/watch?v=UQIpf3JaDm0
https://www.ted.com/talks/glenn_greenwald_why_privacy_matters?language=fr