Si je devais décrire les ingénieurs, je le ferais comme ceci :
Un ingénieur, c’est un avant tous un expert « technique », il maîtrise son domaine (mécanique, informatique…). Nous passons un temps considérable à maitriser en profondeur les savoirs. Ceci est indispensable afin « d’innover ». Tout ingénieur a une approche « positive » vis-à-vis de la technique. Nous pensons qu’elle peut améliorer nos conditions de vie. Nous sommes pour la technique. En revanche, être pour la technique sans esprit critique est fort problématique. Malgré toutes ces connaissances. Nous passons sûrement à côté de l’essentiel. Celle de l’esprit critique et du statut de citoyen d’une société.
Je dirais qu’un bon ingénieur « fait l’exercice », il ne remet pas en cause l’énoncé, et encore moins l’exercice en lui-même. Cela est dû en grande partie à notre parcours scolaire. En effet, En CPGE (maths sup, math spé), l’objectif est d’avaler de manière intensive le plus de connaissances possibles et de les recracher le jour du concours. En deux ans pas une seule fois l’esprit critique, le remise en question n’est évalué où valorisé, seul l’habilité à répondre à un énoncé technique est considérer. Cette façon de penser, ce rapport au savoir et au monde se poursuit dans en entreprise.
Prenons un exemple: l'affaire « dieselgate », Volkswagen a reconnu avoir installé un système qui rend inopérant certains éléments du système antipollution en marche normale. Ce sont bien les ingénieurs de Volkswagen qui ont fabriqué ce logiciel fraudeur. On voit mal la direction de Volkswagen bidouiller eux-mêmes des systèmes antipollution… Comment expliquer alors que les ingénieurs ont préféré intoxiquer les populations plutôt que de dire non ? L’absence de remise en question, l’incapacité de penser l’énoncer est un élément de réponse. On pourrait citer d’autres exemples, comme l’obsolescence programmée de nos appareils.
Je me suis rendu à un séminaire sur l’IA où le thème portait sur « les dernières avancées et leurs applications ». J’étais entouré d’industriels, de brillants chercheurs ; pour simplifier j’étais avec la crème de la crème… Les discussions et débats allés bon train, ont parlés du marketing ciblé pour vendre du dentifrice, du tracking automatisé au nom de la sécurité... 4 heures plus tard, on avait fait le tour, mais à aucun moment nous nous sommes posés la question « pour quoi faire, à quoi ça sert ? ».
C’est une vraie question : faire un marketing ciblé pour du dentifrice, à quoi ça sert ? Malgré tout ce groupe de personnes intelligentes, personne n’a remis en cause l’énoncé ? Paradoxal non ? C’est là que réside le problème, une science sans esprit ne peux que être néfaste pour la société.
Aujourd’hui, certains ingénieurs commencent à questionner l’énoncé. Ils rajoutent trois petites questions « pourquoi ? », « pour qui ? » et « A quoi ça sert ? ». En se posant ces trois questions, un malaise s’installe, une boule au ventre perpétuelle apparait... puis une dissonance cognitive habite nos vies. Une fois ces questions posées, nous sommes condamnés à être de mauvais ingénieurs. Certains décide de changer les choses de l’intérieur, d’autres de déserter… Ils se mettent en mouvement.
Je dirais ceci a tous les ingénieurs (et à la jeunesse).
Oser voir que ce valorise la société aujourd’hui relève essentiellement de la farce.
Vous pouvez tout faire sauf ce qu’on attend de vous.
Oser voir que le développement actuel de la technique est un non-sens. Il ne s’agit pas revenir à la bougie mais de la réinventer.
Bref ne laissons pas filer cette énergie qui boue quelque part en nous !
Dorian Mf