Analyse des sanctions des pays occidentaux - Crise Ukrainienne
Table des matières
- Le système SWIFT. 2
- L’exclusion pompeuse à relativiser. 2
- Marché mondial du gaz naturel 3
- A qui profitent les sanctions ?. 5
- Autres systèmes de messagerie dans le monde. 6
- N'ième élection présidentielle influencée par la Russie. 6
Il est important de comprendre que les mesures de sanctions viennent toutes du monde occidental, c'est-à-dire les États-Unis et de tous les pays vassaux. Même si ces derniers se revendiquent le qualificatif de « communauté internationale », en termes de proportion en populations, cela reste insignifiant et n'impacte que relativement les activités économiques et financières russes.
Le continent asiatique, le continent africain, l'Océanie et l'Amérique latine continueront à entretenir des relations commerciales avec la Russie. C'est l'occasion pour la Chine d'élargir son système de messagerie interbancaire dans d'autres pays du monde. Nous sommes au cœur d'une campagne de communication orchestrée par les présidents occidentaux. Combinée au mercenariat médiatique, on veut nous faire croire que les sanctions provoqueront la disparition de la Russie sur la scène internationale. Le contexte géopolitique, actuel, suscite de nombreuses interrogations.
Sachant que nous sommes dans un monde globalisé, ces sanctions sont-elles efficaces ?
Est-ce que le monde occidental peut se soustraire d'un effet boomerang ?
À qui profitent les sanctions prises par le monde occidental à l'endroit de la Russie ?
1. Le système SWIFT
Le système SWIFT est une coopérative mondiale, interbancaires transfrontaliers. Elle a été créée en 1973 par 15 pays, aujourd’hui elle en compte 200. SWIFT est l'acronyme de « Society of Worldwide Interbank Financial Telecommunication », c’est une plateforme de communication bancaire, qui permet aux banques et institutions d'effectuer des transferts monétaires internationaux à travers un système de messagerie sécurisé. Environ 300 banques russes font partie de ce réseau, ce qui place la Russie à la deuxième place du classement des utilisateurs de SWIFT.
2. L’exclusion pompeuse à relativiser
L'exclusion de la Russie du système SWIFT vise à isoler la Russie du système financier international, des économies occidentales, du commerce vis-à-vis de l’occident et ainsi entraîner une baisse du Produit Intérieur Brut (PIB) du pays. Les sanctions visent aussi la dette souveraine russe, ce qui implique que la Russie ne pourra plus profiter du financement occidental, elle ne pourra plus lever des fonds sur les marchés occidentaux et ne pourra plus négocier de nouvelles dettes sur les marchés occidentaux. Enfin, d’autres sanctions sont orientées vers les élites russes et leurs familles.
Bien entendu, les preneurs de sanctions souhaitent que ceux-ci aient pour conséquences : une baisse du pouvoir d'achat de la population russe, un rétropédalage de Putin et l'acceptation d'une négociation où il viendrait en position de faiblesse. Ceci est la logique occidentale, mais les choses sont plus complexes.
Bannir la Russie du système SWIFT est certes dommageable pour son économie. Mais à y voir plus clair, on peut relativiser, d’autant plus que ce n’est pas la première fois que la Russie subit des sanctions. Elle a développé des automatismes avancés. En plus, son économie ne fonctionne pas en vase clos. Ceci dit, la Russie a des partenaires dans le monde occidental. Nous allons expliquer le fonctionnement à travers l’exemple ci-dessous.
3. Marché mondial du gaz naturel
Sur le marché mondial du gaz naturel, il y a plusieurs joueurs dont les plus importants sont :
- La Russie qui représente à elle seule 20 % de la production mondiale de gaz naturel et est également le plus gros exportateur ;
- Les États-Unis qui occupent le deuxième rang et produisent un peu moins de 20 % du gaz naturel mondial ;
- Le Canada qui est le troisième producteur avec environ 10% % du gaz naturel mondial et le deuxième exportateur de gaz naturel en importance ;
- Le Qatar qui occupe le quatrième rang et produit un peu moins de 10 % du gaz naturel mondial ;
- L’Iran qui occupe la cinquième position avec moins de 10 % du gaz naturel mondial et le troisième exportateur de gaz naturel en importance.
- La Norvège qui occupe la sixième position après l’Iran avec moins de 10 % du gaz naturel mondial et le troisième exportateur de gaz naturel en importance.
Nous pouvons constater que les six premiers producteurs totalisent environ 80 % de la production mondiale de gaz naturel. Le reste des pays, sont des petits joueurs en importance.
Les États-Unis doivent importer plus de 55 milliards de mètres cubes de gaz naturel chaque année en raison de son taux de consommation, très élevé. Par conséquent, le pays n’exporte pas le gaz naturel.
Concernant le Canada, 98 % de ses exportations est destinée à l’éléphant d’à côté, c'est-à-dire son voisin du Sud, les États-Unis. Par conséquent, le pays n’exporte pas le gaz naturel vers l’Europe.
L’Iran a également une consommation exceptionnellement élevée et exporte très peu de gaz naturel.
Grosso modo, les véritables joueurs sur ce marché sont la Russie, le Qatar et la Norvège. L'Union Européenne importe en moyenne 40% du gaz naturel, provenant de la Russie et ce pourcentage va jusqu'à 100% pour l'Autriche, 80% pour la Finlande, 50 % l'Allemagne, 20% pour la France.
Tous ces partenaires de la Russie effectuent leurs règlements via le système SWIFT. L'exclusion de la Russie du système SWIFT, suppose l'arrêt des règlements/livraisons entre la Russie et ses partenaires de l'Union Européenne. Au pire des cas, la Russie réorientera sa production vers la Chine et l’Asie en général.
Questions fondamentales :
Comment se fera la compensation lorsque la Russie ne pourra plus exporter vers l’Union Européenne, d’autant plus que visiblement le Qatar et la Norvège, sont loin de satisfaire cette demande ?
Que fera l’Allemagne avec son industrie automobile qui est la meilleure au monde ?
Mesdames et Messieurs, nous sommes face à des effets d’annonce sans conviction profonde. Comprenons que toute sanction qui viserait de façon directe ou indirecte le système énergétique russe aura des répercussions graves sur les entreprises de l’Union Européenne.
La réalité est la suivante : Après les effets d’annonce, après avoir enfumé le grand public, chaque pays ira négocier avec la Russie loin des regards de tous ceux qui ont applaudi, de façon pompeuse, ces sorties tapageuses des présidents occidentaux.
Ce qu’il faut bien comprendre ici est que :
Si on plaçait sur une balance les sanctions et l’intérêt de sécurité, on se rendrait très vite compte que l’intérêt de sécurité, l’emporte et c’est ce qui est important aux yeux de Vladimir Putin.
En conclusion, il est clair que ces sanctions aboutissent à une conséquence inverse de celle recherchée. Ce qui justifie la présence d'un effet boomerang, auquel le monde occidental ne pourra se soustraire.
4. A qui profitent les sanctions ?
Le président Joe Biden est au plus bas dans les sondages. Depuis avril dernier, sa cote de popularité n’a pas cessé de baisser. Selon la moyenne des sondages établie par le site de référence FiveThirtyEight, il serait passé de 53.9 % a 42,2%. Ceci montre qu’il peine à convaincre les Américains. Il essaye de durcir le ton en espérant remonter dans les sondages.
Le premier ministre anglais, Boris Johnson de son côté est noyé par le «partygate» et son sort au Royaume-Unis ne tient qu’à un fil. En effet, il est accusé d’avoir commis une erreur de leadership en participant aux rassemblements injustifiés, consommation d'alcool au travail pendant les confinements. Comportement ayant profondément choqué les Britanniques au point où il a été sommé de démissionner. La crise en Ukraine vient à point nommé pour lui redonner du souffle et atténuer les ardeurs de ses adversaires. Ce qui explique l’énergie avec laquelle il compte mener la vie difficile aux ressortissants russes (qui ont servi l’économie anglaise des années durant) de son territoire.
Le président français, Emmanuel Macron très critiqué sur sa gestion calamiteuse de la pandémie COVID-19, ébranlé par l’affaire des « frais mal acquis » et ayant reçu une gifle diplomatique au Sahel, a du mal à se projeter dans la présente campagne présidentielle. La crise ukrainienne lui donne l’occasion de renforcer sa stature présidentielle. Dans son costume de président du Conseil de l'Union européenne, il essaye de jouer l’apaisement (ce n’est qu’un masque et nous l’avons tous compris) tout en durcissant le ton et en prenant des sanctions contre la Russie. Ainsi, il relègue tous ses adversaires au statut inconfortable de commentateurs de la crise ukrainienne.
Mesdames et messieurs, limitons-nous à ces trois dirigeants, il y a beaucoup d’autres déclarations, mais qui ne méritent pas qu’on s’y attarde, vue leurs caractères ignominieux. Par exemple le Ministre français de l’économie et des finances, Bruno Lemaire, qui sans vergogne, se lance dans des déclarations à l’emporte-pièce.
Si on s’en tient aux réalités internes des États-Unis, de l’Angleterre et de la France, nous comprenons bien pourquoi, Joe Biden, Boris Johnson et Emmanuel Macron sont obligés d’effectuer des sorties médiatiques provocatrices, sans convictions, aux allures folkloriques, produisant des sanctions inefficaces et donc les seuls objectifs sont leurs profits respectifs.
5. Autres systèmes de messagerie dans le monde
En guise de rappel :
En 2014, suite à l'invasion de la Crimée, la Banque centrale de Russie avait mis en place son propre système de messagerie interbancaire transfrontalier appelé Système de Transfert de Messages Financiers, en abrégé SPFS. Ce réseau est en plein essor, il comptait déjà plus de 400 institutions financières en 2020.
En 2015, la Chine a mis en place son propre système de messagerie interbancaire transfrontalier en abrégé CIPS. Le CIPS règle les créances internationales par le biais du système international indépendant de paiement et de compensation en yuan. La Chine a le grand potentiel de gérer son propre système de messagerie, bien qu'il utilise SWIFT en parallèle comme canal de communication depuis 2016.
Ces deux systèmes de messagerie financiers sont beaucoup plus petits que le système SWIFT, c’est une réalité. Mais au fur et à mesure, leurs réseaux prennent de l’ampleur et on n’est pas loin d’une fusion entre les deux systèmes et même d’une possible adhésion de l’ensemble de l’Asie.
6. N'ième élection présidentielle influencée par la Russie.
En France, par exemple, la guerre en Ukraine a remis le compteur des débats de l'élection présidentielle à zéro. À gauche comme à droite, on s'efforce à ranger les concurrents parmi des froids, les tièdes et les chauds, c'est-à-dire les chefs de guerre. Parler de la guerre en Ukraine devient un refuge pour les différents candidats, leur permettant d'échapper aux vrais sujets internes. Est-ce que l'effet Putin n'aurait pas confisqué le débat présidentiel ? Visiblement, selon les médias, le candidat qui parlera le plus mal possible de Putin, sera le plus en vue dans les sondages.
Agrandissement : Illustration 1