Dorien (avatar)

Dorien

Senior Business Strategy Consultant, Financial Engineer, Senior Administrator

Abonné·e de Mediapart

22 Billets

0 Édition

Billet de blog 10 avril 2020

Dorien (avatar)

Dorien

Senior Business Strategy Consultant, Financial Engineer, Senior Administrator

Abonné·e de Mediapart

Du confinement au déconfinement

Dans le cadre du Coronavirus(COVID-19), plusieurs gouvernements ont adopté le confinement comme stratégie permettant de réduire l’activité du virus. Cette stratégie étant une phase transitoire vers une solution à la crise sanitaire qui sévit actuellement. Nous avons jugé important d'analyser cette stratégie et surtout élucider la question de la réussite du déconfinement.

Dorien (avatar)

Dorien

Senior Business Strategy Consultant, Financial Engineer, Senior Administrator

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Par Cyrille Dorien CHAPTCHET, MSc., DESS, MBA

Table des matières

  1. Confinement
  2. Stratégie de confinement
  3. Déconfinement
  4. Risque du déconfinement
  5. Mesures de mitigation des risques
  6. Modélisation de la pandémie
  7. Références

 1.   Confinement

L’objectif du confinement est de réduire la propagation d’une épidémie en réduisant le nombre de contacts entre les gens afin de ramener le taux de contagiosité ou taux de reproduction de base en dessous de 1 (R0< 1).

Une pandémie infectieuse se propage en fonction de six facteurs clés :

  • La nature de l’agent infectieux;
  • Son mode de transmission;
  • Son taux de contagiosité, aussi appelé le taux de reproduction de base;
  • Le nombre de contacts susceptibles de permettre cette transmission;
  • Son potentiel de diffusion, en d’autres termes, la probabilité moyenne pour qu’un individu sensible soit infecté;
  • Sa dangerosité, qui se traduit par son taux de mortalité calculé en pourcentage de populations infectées.

Il va sans dire que le confinement et les autres mesures visent à ramener le taux de reproduction à une valeur inférieure à 1. En dynamique des populations, cela implique que les populations infectées ne se renouvelleront plus, et la pandémie touchera progressivement à sa fin. D’un point de vue théorique, si le confinement des individus était total, il n’y aurait plus de contacts entre individus, et donc plus de transmissions. Le taux de reproduction de base serait égal à 0 et une dizaine de jours suffiraient à éteindre la pandémie. Mais nous sommes tous d’accord qu’une telle hypothèse théorique est impossible à réaliser.

On parle beaucoup des casques de protection, il est important de comprendre que les meilleurs casques n’ont qu’une durée de vie d’environ quatre heures de temps et sont relativement coûteux. Pendant la phase de confinement, seuls les plus nécessiteux doivent porter des casques. J’entends par là le personnel médical très exposé, car en contact direct avec les malades, les forces de l’ordre qui durant cette période peuvent intervenir pour des questions de sécurité et enfin aux personnes déjà infectées, pour qu’elles ne puissent pas propager dans l’air des postillons de coronavirus. C’est une décision courageuse qui requière beaucoup de pédagogie et de fermeté.

2.   Stratégie de confinement

Il est important de noter que suite à son adoption réussie par la Chine, cette stratégie de confinement a été adoptée par plusieurs pays en Europe (Allemagne, France, Espagne, Italie …), en Amérique du Nord (États-Unis, Canada), en Afrique (par la quasi-totalité des pays). Par contre, les pays de Scandinavie, les Pays-Bas et le Mexique ont plutôt adopté la stratégie de l’immunité collective qui suppose de laisser un grand nombre de personnes s’infecter, entraînant ainsi une montée brutale des infections, et de la mortalité. Ceci avec espoir qu’elles en ressortent rapidement immunisées de cette situation. Le confinement est une phase transitoire, il ne constitue en aucune façon la solution du problème de lutte contre la pandémie, il fait partie de la solution. La stratégie de confinement est un concept qui suppose de confiner les populations, c’est-à-dire de dire aux populations de rester à leurs domiciles, et de ne sortir que si c’est nécessaire (ravitaillement alimentaire, rendez-vous médical, travail dont la présence physique est requise et en lien avec la pandémie). Un confinement réussi peut aller de deux à six semaines. Au-delà, cela voudra dire que le confinement ne produit pas les effets escomptés, car les tendances ne s’inversent pas, c’est-à-dire qu’on n’arrive pas à freiner l’activité du virus et la situation peut devenir néfaste pour les populations il peut devenir néfaste. C’est pourquoi une bonne pédagogie à travers une communication impeccable et constante est nécessaire pour la mise en place de cette stratégie et au cours de son déroulement. Il faut adopter une attitude méthodique et ferme pour permettre sa réussite, c’est-à-dire expliquer aux populations la nécessité de se confiner, et les risques encourus en cas de refus de leur part. Dans son mode opératoire, la stratégie de confinement suppose de mener des actions simultanées suivantes :

Isoler les populations par rapport à leur statut sanitaire.

Il est clair que si on demande aux populations de se confiner à un moment donné où il est avéré que le virus est présent, il y aura probablement des infectés et des non infectés. Sortir impérativement et progressivement les sujets infectés de la population pour les confiner ailleurs dans les lieux appropriés, en distinguant les sujets présentant des formes graves, les sujets présentant des formes mineures et les sujets contacts. Cela permettra de réduire le potentiel de diffusion et le nombre de contacts susceptibles de permettre la transmission et par conséquent, réduire le taux de reproduction de base.

Contraindre les populations à rester chez elles (renonciation des libertés de mouvement).

Ce qui fait appel à un maximum de sacrifice de la part des citoyens, qui doivent renoncer collectivement à leurs libertés de mouvement pour le bien de tous. C’est pourquoi les pouvoirs publics doivent mettre sur pied une bonne communication à but pédagogique pour que chaque individu comprenne les enjeux de cette stratégie, les résultats attendus et sa contribution à la réussite de celle-ci.

Ralentir la propagation du virus.

Il est question ici de repousser le pic de la courbe représentant le taux d’infection en s’assurant qu’elle ne dépasse pas la capacité des systèmes de santé.

Les deux scénarios possibles de l’évolution de la pandémie sont représentés ici par les deux courbes en forme de cloches.

Premier scénario :

Ici la courbe présente un pic soudain de cas confirmés, qui après un certain temps dépassera la capacité limitée du système de santé. La portion de surface au-dessus du seuil de saturation du système de santé (sans mesures préventives) veut tout simplement dire que tous les patients qui s’y retrouveront ne bénéficieront pas de l’intervention du personnel de santé et donc ceux d’entre eux qui seraient dans un état critique mourront par défaut de soins de santé.

Second scénario :

Dans ce cas, les mesures permettant le ralentissement de la propagation du virus sont prises. Celles-ci facilitent la gestion du nombre de cas actifs dans une période donnée. C’est pourquoi cette courbe est plus plate et étirée sur une période plus longue. Toutefois, elle ne dépasse pas le seuil de surcharge du système de santé. Ainsi, on dit qu’on a ralenti la dynamique de la pandémie.

Illustration 1
Comparaison de l'evolution d'une Pandemie © Dorien

 Dépister la population.

Le dépistage à grande échelle permet aux populations de connaître chacun leur statut, pour ainsi prendre les mesures nécessaires. En outre, il permet une meilleure planification à court terme, des responsables du système de santé, dans la mesure où ils pourront savoir au fur et à mesure le degré d’activité du virus au sein de la population, entrevoir la suite des événements et ainsi prendre des mesures anticipatives.

NB : Le confinement ne procure pas uniquement des aspects positifs, on note aussi quelques aspects peu reluisants pour la société, notamment : le bouleversement social qui touche en majeure partie les couches les plus vulnérables; la crise économique; les chocs émotionnels générés par le confinement, à l’instar de la dépression, la perte de repères, et autres. 

3.   Déconfinement

Le passé nous montre que généralement, les virus s’éteignent plus ou moins de la même façon. Les populations finissent toujours par être immunisées, elles développent des anticorps suffisamment solides pour empêcher le virus de prospérer. Ce qui veut tout simplement dire que le virus peut à un moment donné, se voir atténué par une réponse immunitaire adéquate de la part des organismes à travers lesquels il se transporte. D'autant qu’au début de son activité, son passage à travers les organismes humains et animaux sains où il trouve un terrain fertile augmente l’intensité de la propagation. Ensuite, à mesure que le temps passe et que les populations se confinent, il subit une atténuation, s’amenuise, jusqu’à l’arrêt de son activité. La réussite du déconfinement est dépendante du bon déroulement du confinement. Le déconfinement est basé sur certains éléments essentiels, à savoir :

  1. L’utilisation massive des masques par la population;
  2. Le dépistage à grande échelle de la population;
  3. Sa progressivité;
  4. Appliquer la distanciation sociale (1 m);
  5. L’observation des mesures barrières de propreté.

 4.   Risque  du déconfinement

Les facteurs de risque énumérés ici sont d’une sévérité élevée. Il est donc important de suivre de façon minutieuse l’évolution de la situation, à l’aide de tableaux de bord, basés sur une bonne compilation des données. Nous choisissons de retenir cinq facteurs majeurs de risques, à savoir :

  1. L’effectivité du port des masques ;
  2. Le dépistage massif et total ;
  3. La progressivité ;
  4. Le reconfinement ;
  5. Les séquelles dues à l’activité du virus.

 5.   Mesures de mitigation des risques

L’effectivité du port du masque par la population passe par : passer ses commandes à temps pour éviter d’être pris dans le piège des problèmes de délais fournisseurs, les soubresauts de la chaîne logistique qui peut entraîner un véritable retard. S’assurer que les points de vente de masques sont bien approvisionnés ou bien s’assurer d’une fluidité dans la distribution des masques, dans le cas où le gouvernement déciderait de l’offrir aux populations.

Le dépistage est une méthode permettant d’identifier, d’isoler les individus porteurs, en vue de préserver la santé de ceux qui sont sains. Cela donne une bonne visibilité et permet de rationaliser l’organisation de la prise en charge des individus porteurs du virus. Réaliser un dépistage à grande échelle de la population, nécessitera un coût important et provoquera inéluctablement une surcharge du personnel soignant, qui à ce point est rendu à une capacité maximale. Il faudrait pour cela prévoir un budget colossal et faire des rajustements nécessaires au niveau du système de santé, en termes de ressources humaines et matérielles.

Pour veiller à la progressivité du déconfinement, il est impératif de définir des classes de déconfinement, selon l’âge ou le statut sanitaire de l’individu et de les respecter minutieusement.

Le reconfinement suppose de se confiner à nouveau parce qu’on a déconfiné plus tôt, alors que le virus est encore en pleine activité, ce qui entraîne un nombre important de nouveaux contaminés. Soit parce que certaines règles n’ont pas été respectées convenablement, notamment les mesures de confinements.

Le virus peut laisser des séquelles, ce qui suppose qu’il faut anticiper et planifier d’éventuelles interventions du personnel médical approprié, sur des cas de traumatismes légers ou graves. Il est important de prévoir de dire déjà réquisitionner des neuropsychologues, kinésithérapeutes, psychothérapeutes et autres professionnels spécialisés pour d’éventuelles phases de rééducation.

 6.   Modélisation de la pandémie

La modélisation d’une pandémie est constituée des modèles basés sur les algorithmes mathématiques afin de :

  • Décrire la population ;
  • Décrire les comportements de la population indispensables à la transmission du virus (le nombre de contacts, la mobilité des personnes à l’intérieur d’une ville et celle entre deux villes);
  • Évaluer l’efficacité du confinement;
  • Estimer la durée nécessaire pour faire baisser le taux de contamination ;
  • Estimer la durée de la crise ;
  • Estimer le nombre global des victimes.

Le modèle connu de base, c’est-à-dire les modèle SIR (Sain, Infectés, Rétablis), dans sa forme basique, ne permet pas d’adresser la problématique posée par le COVID-19. Quelques interrogations supplémentaires sont à prendre en compte, afin d’y adjoindre des compartiments supplémentaires afin de prendre en compte :

  • La période d’incubation ;
  • Les sujets asymptomatiques ;
  • Les infectés qui décèdent ;
  • Les sujets contaminés et non déclarés.
  • Les situations préoccupantes se trouvant à la frontière des différents compartiments.

 7.   Références

  1. Jean Bourgeois - Pichat, (Presses universitaires de France 1994), la dynamique des populations.
  2. Christelle Suppo, (Université Bordeaux I, 2017), Modélisation et analyse mathématique de la propagation des viroses dans les populations de carnivores.
  3. Nicolas Bacaër, RD [France-Nord] - Institut de Recherche pour le Développement (2011), Dynamique des populations : Histoire de R0R0, de Fibonacci à la grippe H1N1.
  4. Site Internet Politologue.com, Résultats statistiques sur le Coronavirus (COVID-19)https://coronavirus.politologue.com/Consulté le 06 avril 2020 à 07h00.
  5. Site Internet de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Bureau régional de l’Europe, Recommandations au sujet du Coronavirus, http://www.euro.who.int/fr/homeConsulté le 08 avril 2020 à 10h00.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.