Nous nous interrogeons tous sur le pourquoi de ce changement de paradigme ?
Si cela en est un.
C’est un débat qui fait couler beaucoup d'encre en Afrique et dans sa diaspora. Pour la simple raison que les pays d’Afrique, en l’occurrence ceux du cercle francophone sont face à un interlocuteur au comportement peu sérieux. C’est un colon qui n’a pas cessé de l'être.
D'entrée de jeu, je souhaite apporter une précision d'ordre sémantique. Je suis de ceux qui pensent et à juste titre que parler de sommet France-Afrique ou Afrique-France, peu importe l'ordre, est extrêmement réducteur pour les Africains. Il faut absolument que les Africains cessent avec cette infantilisation. Pourquoi ne parle-t-on pas de sommet Amérique-France ou Asie-France ? Sur le plan symbolique, cela a une portée incroyable. Comme toujours, certains africains dans leur légèreté négligent le pouvoir des mots, mais ce dernier est le meilleur outil qui permet de travestir la pensée, travestir la vérité et travestir l'esprit des individus. Un exemple éloquent sous nos yeux, est le pouvoir des médias, qui tire toute sa substance du pouvoir des mots. Ce qui produit un effet absolument dévastateur sur les populations quelles qu'elles soient à travers le monde. Il faut mettre fin à cette infantilisation et ceci n'aura de succès que dans une logique de rapport de force.
Notons aussi que le Président Macron, depuis sa prise de pouvoir est allé d'erreurs en erreurs dans ses promesses naïves vis-à-vis de la jeunesse africaine, dans ses prises de positions hasardeuses vis-à-vis de l'Afrique, dans sa piètre connaissance de l'univers africain et dans sa connaissance superficielle de la nébuleuse et ténébreuse Françafrique. Je ne vais pas citer toutes les occasions de se taire loupées par le Président Macron lorsqu'il aborde les questions africaines. Elles sont tellement nombreuses et très étonnantes, surtout venant de quelqu'un qui dit avoir passé une période de stage au Nigéria à la fin de ses études d'administration, visiblement, ce séjour ne l'avait certainement pas propulsé dans ses connaissances du continent.
Une rétrospective récentes des événements en Afrique, nous renseigne sur l'agenda dissimulé de l'Élysée.
Au Mali, il est évident que la France est en déroute. Comment expliquer huit années de présence militaire en territoire malien sans aucun résultat ?
Au moment où il faut faire un bilan, la diplomatie française a toujours utilisé la dérision. Elle s'en prend à la société de sécurité russe Wagner en prétendant que cette dernière est un vulgaire regroupement de mercenaires. Elle s’en prend aux médias non français.
Pourquoi, lorsque le Premier ministre malien Choguel Kokalla Maïga dit franchement et librement ce qu'il pense, ses propos irritent Macron et bouleversent complètement toute la diplomatie française. Devant de tels propos, légitimes et sincères, Macron perd son contrôle, au point de tomber dans l’invective.
Au Tchad, la France a été aux premières lignes pour supporter le coup d’État constitutionnel. Macron, en allant sur place adouber le jeune Mahamat Idriss Deby, à montrer aux yeux de la communauté internationale qu'elle mène sans vergogne une politique du deux poids, deux mesures dans les questions africaines.
En République Centrafricaine, la France s'est prise une raclée historique, au point de tenir des propos honteux à l'endroit du Groupe Wagner (société de sécurité privée russe). Laquelle a réussi là où l'armée française et les casques bleus ont échoué.
En Algérie, la France et sa piètre diplomatie se rendent ridicules. Macron dit avoir de bonnes relations avec son homologue Algérien. Et le lendemain, ses propos sont démentis, il est froidement désavoué par le Président Abdelmadjid Tebboune, qui a exigé à la France « un respect total de l’État » et en a rajouté une couche, en disant que « l’histoire ne peut être falsifiée ». La France croit avoir tous les droits en terres africaines.
le sommet de Montpellier était un simulacre de sommet.
Nous sommes tous conscients de l'existence des relations tumultueuses entre plusieurs gouvernements africains et leurs diasporas. Initier un sommet avec la société civile africaine sans avoir pris la peine d'informer les chefs d'États africains, fait partie des pratiques, qui amplifient la cassure sociale au sein des pays africains. Cette décision unilatérale de la France ne nous surprend pas, car elle s'inscrit dans la logique même du comportement de l'exécutif français vis-à-vis des pays africains, c'est-à-dire, condescendance et mépris.
Macron se gargarise d'avoir donné la parole aux jeunes africains en France. Il dit avoir permis aux jeunes africains de s'exprimer franchement et librement en relatant leurs vérités. Selon ses amis et selon lui, c'est un exercice qu'il affectionne. Pourquoi, lorsque le Premier ministre malien Choguel Kokalla Maïga dit franchement et librement ce qu'il pense, ses propos irritent Macron et bouleversent complètement toute la diplomatie française. Devant de tels propos, légitimes et sincères, Macron perd son contrôle, au point de tomber dans l’invective. Ceci prouve à suffisance que le sommet de Montpellier était un simulacre de sommet. Si Macron affectionne cet exercice, ceci doit l’être indépendamment de son interlocuteur. Sinon, cela s’appelle du deux poids, deux mesures. Bien évidemment, Macron a une fois de plus brillé par sa politique du deux poids, deux mesures lorsqu'il aborde les questions africaines.
Nous avons beaucoup apprécié les différentes prestations des intervenants de la société civile africaine lors de cet échange historique. Ces derniers ont abordé l'essentiel des problèmes, peut-être sincèrement, peu importe. Ce que nous voulons faire comprendre ici et que nous dénonçons avec force est cette façon ignominieuse d'utiliser la société civile africaine à des fins personnelles. D’une part, électoraliste et d’autre part, pour agrémenter son mépris vis- à-vis des présidents africains.
L'idée de rencontrer la société civile africaine suscite d'énormes interrogations notamment d'un point de vue de la démarche. Premièrement, nous avons évoqué plus haut les décisions unilatérales de la France qui se font en violation des codes éthiques de la diplomatie entre pays amis. Deuxièmement, la question de la légitimité de l’esprit même de la rencontre et enfin, la question de la représentativité de cette société civile africaine.
En dépit de tous les arguments évoqués, il apparaît que ce dialogue n'a pas été sincère de la part de Macron. Il est important de noter que Macron fait partie des avides du pouvoir, car il est prêt à faire tout ce qui peut lui permettre d'obtenir un second mandat. Bien même lorsque ce serait au détriment de cette pauvre jeunesse africaine dont il prétend comprendre et être si proche. De plus, il n’y a eu aucune décision forte lors de ce sommet. Toutes les velléités à l’instar de la création d’un fonds d’innovation pour la démocratie ou construction d’une maison des mondes africains et des diasporas, etc. Soyons sérieux, en quoi ces propositions améliore-t-elles le quotidien et les conditions de vie du pauvre cultivateur africains qui ne dispose même pas du simple matériel de protection pendant ses longues heures de travail ? En quoi cela change la vie de la vendeuse du bord du trottoir qui a besoin d’un simple appui financier ou de conseil pour optimiser son activité et peut-être le rendre formel et faire bénéficier de sa capacité de travail à toute une nation ?
Les africains doivent réfléchir sur ce qu'ils veulent exactement.
Africaines, Africains,
Cessons avec l’infantilisation !
Cessons de croire au petit baratin honteux d’Emmanuel Macron !
Cessons de penser que le salut des Africains proviendra des actions des non-Africains, pire encore d'un colon qui n'a jamais cessé de l'être.
Cessons de croire que la France est l’une des actrices de notre développement. Elle doit tout simplement être spectatrice comme bien d’autres.
Cessons de croire que la France doit être présente dans tout ce que nous entreprenons. Cela ne nous honore pas.
Cessons de rêver et supportons avec force la République Centrafricaine et le Mali qui font preuve de patriotisme et de pragmatisme. Un train dont nous sommes les seuls conducteurs, est en marche et ne pourra s’arrêter.
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