En septembre 2018 j’ai écrit à la Conférence des Évêques de France pour relever ce que je crois avoir été une erreur dans leur Lettre pastorale : "Dans un monde qui bouge retrouver le sens du politique". Ils nous invitaient à prendre la parole, et j’étais alors, comme eux, préoccupé par l’apparente indifférence de trop d’électeurs de la vie politique.
Je disais mon désaccord sur ce qu’ils voyaient être la cause et le début de ce "monde qui bouge" venu après les "trente glorieuses".
J’évoquais la croissance des inégalités, et divers mensonges, et je concluais :
Le mensonge entretient la confusion, l’injustice conduit à la violence.
Violence et mensonges entretiennent la peur et empêchent toute confiance.
Nous y sommes, la violence est là, chacun la reproche à l’autre.
Je retrouve dans l’audition le 6 avril du Ministre de l’Intérieur par des Parlementaires les arguments dont usait son homologue lorsque j’étais mobilisé en Algérie, pour justifier la poursuite d’une politique indéfendable et les exactions reconnues aujourd’hui :
Ne sont d’un avis opposé au mien que les ultras, gauche évidemment.
La violence est celle des manifestants, la police ne fait que se défendre.
La police, comme alors les forces armées, doit être protégée, aucun comportement critiquable ne peut être relevé.
Seule sortie proposée, l’ordre gagne et les opposants y rentrent, … pour un temps ?
En 1962 Charles de Gaulle a su dire "je vous ai compris", puis, après avoir regardé et écouté, il a su convaincre et construire. Je me souviens avoir eu peur de lui comme j’ai peur de tout sauveur, mais je ne me souviens d’aucun mensonge. J’ai admiré son courage et son sens du bien commun.
Les tenants aujourd’hui de l’ordre ont-ils un Charles de Gaulle à présenter, pensent-ils que Marine Le Pen saura faire ? Ou bien pensent-ils "après moi ce n’est plus moi ..."
Ne répondre aux Gilets Jaunes qu’en organisant un grand débat dont il n’a rien tiré est une violence du Président de la République. Ordonner à ceux qu’il a choisis de ne rien accepter quoi qu’il arrive, est une violence.
Nier la violence créée par les nasses mises en place pour isoler ds manifestants est une violence et un mensonge. Refuser de voir la façon d’agir des BRAV’M comme inappropriée est une violence.
Deux sorties de l’impasse actuelle me font peur : un mort, qui sera certainement la victime de l’autre, et un argument pour plus de violence, ou un sauveur, mais je ne vois, dans nos politiques d’aujourd’hui personne de la droiture de Charles de Gaulle. Le Ministre de 1960 n’avait pas pensé faire taire la Ligue des Droits de l’Homme !
Arrêtons le mensonge, et respectons nous suffisamment pour nous entendre les uns les autres