Je m'appelle Benoît, j'ai 74 ans passés, je suis plombier et nous sommes aujourd'hui le vendredi 11 juillet 2025. J'ai eu l'honneur d'offrir aux membres de mon entreprise, mon pot de départ à la retraite.
Mon patron depuis 40 ans, Monsieur Guy, m'a offert comme cadeau, un superbe déambulateur qui m'aidera à me déplacer, mes collègues de travail se sont cotisés, quant à eux, pour m'offrir une séance d'une semaine dans un centre de thalassothérapie à Binic, consacrée au soulagement des douleurs dues à l'arthrose...
Quelle émotion, mes amis !

Vous imaginez ma joie et ma fierté.
Et celle de Bernadette, mon épouse. Sans oublier Kiki, mon caniche nain, fier comme un ortolan !
J'admets sans honte avoir sangloté comme un gosse.
Et puis est venu le moment de mon discours. La voix étranglée par le trac, j'ai d'abord remercié Monsieur Guy, un patron au grand coeur, qui, à l'occasion de mes 65 ans n'a pas hésité à adapter des bretelles à mon poste à soudure afin que je grimpe les étages plus aisément et de surcroît a commandé des harnais sur mesure pour faciliter le transport des sacs de plâtres. Ce geste simple et désintéressé m'a profondément touché : je lui en serai toujours reconnaissant.

Je me réveillai 5 minutes plus tard, pour poursuivre courageusement mon discours sous les ricanements de la racaille bolchevique et l'admiration bruyante de Messieurs Guy et Gérard et sous les aboiements et les applaudissements de Bernadette et Kiki. À ce moment, devant la jalousie exacerbée de certains, j'avoue avoir eu mal à la France. Des tremblements incoercibles agitant mes mains m'obligérent à abréger mon speech.
Et ce fut couché sur une civière que je reçu cette médaille si convoitée des mains d'un délégué du Ministère du Travail des Aînés.
Ce fut le plus beau jour de ma vie.
Ce fut aussi son dernier.
Amis, vive la retraite à 67 ans, puis 70 ans et enfin à 74 ans pour le bien de l'économie et des équilibres financiers si nécessaires au bonheur et à la perpétuation de l'espèce humaine, qu'ils disent !
La mort et la déchéance sont indubitablement au bout de cette réforme qui résoudra au moins un problème majeur : celui de l'euthanasie.
Bon courage et à après !