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Billet de blog 1 avril 2022

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Présidentielles 2022 : revue des comparatifs de programmes (ONG, assos, experts)

Les avis foisonnent à l'approche du 1er tour, et il est difficile d'y voir clair tant chacun défend son intérêt personnel. Nous passons en revue les avis d'ONG, associations et experts, qui ont présenté des analyses comparatives des programmes des candidats sur les questions cruciales de notre époque. L'enjeu est de savoir qui sait répondre aux enjeux, pour nous permettre de mieux vivre.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Illustration 1

Introduction :

Les associations et ONG (Organisations Non Gouvernementales) citées dans cet article agissent au quotidien pour que les êtres humains vivent dans la dignité et puissent subvenir à leurs besoins vitaux, que l'environnement et les écosystèmes soient préservés, que nos libertés et nos droits ne soient pas bafoués et que nos statuts sociaux ne soient pas dénigrés.

Leur action matérialise l'essence de la devise nationale de la France : un combat constant pour la liberté, l'égalité, et la fraternité. Les recommandations qu'elles formulent montrent la voie d'une société plus pérenne et résiliente, moins inégalitaire donc moins violente, qui se donne les moyens de répondre aux enjeux auxquels elle fait face.

Plus précisément, nous pensons qu'aujourd'hui, plus que jamais, l'environnement doit être préservé car sa dégradation menace l'équilibre du vivant, notre santé, notre alimentation, notre survie et celles de nos enfants. Nous nous devons également d'être conscients du respect que chacun des candidats accorde aux êtres humains, à leurs droits, à leurs libertés fondamentales et à leurs conditions d'existence.


Notre contribution :

Nous sommes un petit groupe de chercheurs, soignants et créatifs, de sensibilités politiques variées.

Lassés de voir fuser les propos aberrants de certains médias qui alimentent à outrance la polarisation des débats, fatigués que celles et ceux qui sont censés nous donner accès à l'information multiplient les prises de position irrationnelles, enferment les débats politiques dans des confrontations superficielles, et refusent d'aborder les sujets cruciaux de notre époque qui requièrent des changements d'urgence, nous avons cherché les analyses d'ONG et d'experts que nous pouvions résumer et partager dans un article.

Nous fournissons les liens vers chacune des études que nous citons, présentant la méthodologie de l'étude et les conclusions pour chacun des candidats. En fin d'article, nous fournissons aussi les comparateurs de programme sans "analyse", qui ont vocation à convaincre les électeurs sur la base de leurs opinions générales sur tel ou tel sujet de société, sans étudier la faisabilité et la pertinence des mesures, ce qui nous semble bien moins intéressant. Cependant, ces comparateurs ont l'avantage de mettre en parallèle l'ensemble des mesures sur l'ensemble des thèmes.

Dans le texte qui suit, nous utilisons souvent les mots de auteurs eux-mêmes. Mais nous nous permettons de résumer leurs analyses, lorsque cela n'est pas directement lisible dans ce qu'ils ont publié.


AJOUTS DE DERNIÈRE MINUTE



CLIMAT (analyse croisée de 3 ONG / associations)


> Le Shift Project - Les Shifters

> Institute for Climate Economy (I4CE)

> Réseau Action Climat

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Liens de la 1ère étude (Shift Project / Shifters) : 

Lien de la 2ème étude (Institute for Climate Economy / I4CE) :

Lien de la 3ème étude (Réseau Action Climat / RAC) :

Notes sur les 1ers auteurs : The Shift Project est une association de bénévoles spécialisée sur les questions liées à la transition énergétique, co-fondée et présidée par Jean-Marc Jancovici, aujourd'hui membre du Haut Conseil pour le Climat. L'association s'est donné pour objectif de produire des rapports approfondis et des propositions réalistes à destination du grand public et des décideurs politiques et industriels, avec pour objectif global de participer à l'atténuation du changement climatique et à la réduction de la dépendance de l'économie aux énergies fossiles. En 2022, ils publient un Plan de transformation de l'économie française (PTEF), où ils présentent des mesures permettant de décarboner l'ensemble de l'économie française, en prenant en compte l'ensemble des questions liées, comme les aspects économiques ou encore les problématiques relatives à l'emploi et à la formation. Leur étude a été co-écrite avec 3 journalistes de FranceInfo, dont nous utilisons ici les infographies.

Notes sur les 2èmes auteurs : Pendant un an, l’I4CE -  Institut de l’Économie pour le Climat - a rencontré les équipes des principaux candidats afin de les inviter/motiver à préparer leur budget pour le climat. L'I4CE est une association à but non lucratif « experte de l’économie et de la finance ». Elle déclare avoir pour but de faire avancer la lutte contre le changement climatique en informant les décideurs, médias et citoyens.

Notes sur les 3èmes auteurs : Réseau Action Climat est une fédération d’associations nationales et régionales qui luttent contre les causes des changements climatiques, de l’échelle locale à l'échelle internationale. Elle regroupe 25 organisations nationales de défense de l’environnement, d’usagers des transports, de promotion d’alternatives énergétiques et de solidarité internationale comme GreenPeace France, OXFAM, Alternatiba, Les amis de la Terre, WWF, Action contre la faim...

Illustration 2

Présentation de la 1ère évaluation (Shift Project / Shifters)  :

Analyse des programmes des 12 candidats par rapport aux objectifs climatiques de la France, correspondant à la Stratégie Nationale Bas Carbone (SNBC), imposée par les accords de la COP21. Sept secteurs sont analysés : Transport - Bâtiment - Agriculture - Forêt - Industrie - Énergie - Déchets.

L'association analyse les mesures susceptibles d’impacter positivement ou négativement les émissions de gaz à effet de serre (GES). Elle les compare ensuite avec les orientations de la Stratégie Nationale Bas Carbone (SNBC).

Présentation de la 2ème évaluation (Institute for Climate Economy / I4CE) :

Analyse des programmes de 7 candidats, Hidalgo, Jadot, Le Pen, Macron, Mélenchon, Pécresse et Zemmour. Les autres programmes n'ont pu être étudiés par manque de temps.

L'I4CE a évalué les programmes selon 16 défis budgétaires identifiés par leurs soins pour le quinquennat à venir, et selon deux niveaux :

  1. Niveau de préparation : est-ce que la ou le candidat a des propositions pour tenter de répondre à ces défis budgétaires, ont-elles un coût pour les pouvoirs publics, ce dernier a-t-il été estimé par le candidat ?
  2. Philosophie du budget pour le climat : L'association identifie les différentes stratégies des candidats pour le climat, en particulier leur budget (en soulignant les insuffisances ou les paris de leurs différentes stratégies).

Les principales thématiques de ces 16 défis sont répartis en 9 familles : Bouclage budgétaire - Adaptation - Collectivités - Agriculture et alimentation - Forêt - Énergie - Transports - Rénovation - Fiscalité

Présentation de la 3ème évaluation (Réseau Action Climat / RAC) :

L'étude compare les programmes de 8 des candidats à la présidentielle selon les critères de son "plan d'action pour le climat" publié en 2022 : Transport/Mobilités - Énergie - Industrie - Politique Climatique Internationale - Agriculture / Alimentation - Finances / Budget Vert - Logement

Vue d'ensemble :

Dans la suite du texte, nous reprendrons les avis des 3 études, en mettant, le cas échéant, la source entre crochets dans le texte.

Dans ces 3 études, les programmes de Mélenchon et Jadot se démarquent des autres prétendants à l’Élysée. Ces deux programmes prévoient et détaillent la transition agroécologique, l'amélioration de la qualité et des conditions de production des produits alimentaires, la décarbonation de la production énergétique, la réduction de la consommation énergétique (notamment par la rénovation énergétique des bâtiments) [RAC].

Illustration 3

Il est à noter que ces deux candidats, les mieux notés, proposent de s'orienter vers une production énergétique 100% renouvelable, alors que le Shift Project encourage généralement, en parallèle de la sobriété, l'utilisation du nucléaire pour faciliter la transition vers des énergies bas-carbone (c'est une énergie connue, largement déployée, et la moins émettrice de gaz à effet de serre). Nous pouvons en déduire que Les Shifters reconnaissent une grande qualité à ces deux programmes, pour les plébisciter malgré cette divergence fondamentale.

Globalement, les stratégies des 12 candidats sont contrastées dans la façon dont elles misent sur une intervention – financière, réglementaire, fiscale – plus ou moins forte de l'état [I4CE]. En revanche, les candidats qui formulent de vraies proposition s'accordent pour établir une planification budgétaire pluriannuelle pour le climat [I4CE].

Macron et Pécresse proposent des mesures insuffisantes voire incohérentes, dont on ne peut pas saisir la faisabilité et l'efficacité, et oublient des pans entiers de la lutte contre le changement climatique, notamment dans ses dimensions sociale, écologique et budgétaire.

Trois candidats – Le Pen (Rassemblement National), Dupont-Aignan (Debout la France) et Lassalle (Résistons) – présentent des mesures contraires à la Stratégie Nationale Bas Carbone (SNBC) [Shifters], notamment dans le domaine de l'énergie. Le Pen et Zemmour vont jusqu'à remettre en cause l’objectif de baisse des émissions de gaz à effet de serre françaises d’ici 2030 [I4CE]. Il est évident que de tels programmes augmenteront les dangers liés au changement climatique (ruptures d'approvisionnement en biens et en énergie, épisodes climatiques extrêmes, détérioration des habitats, explosion des flux migratoires...).

Mélenchon :

Dans le cas de Mélenchon, les propositions sont spécifiquement saluées pour être complètes, cohérentes, sourcées, précises et opérationnelles (en termes de chiffrage comme de leviers financiers, fiscaux et institutionnels) sur l'ensemble des sujets [RAC - Shifters]. Il "couvre largement les orientations de la SNBC et propose un plan d’investissement complet, une gouvernance et la mise en place d’une planification concertée pour favoriser leur mise en œuvre" [Shifters].  Il a des propositions pour relever la quasi-totalité des défis identifiés par l'I4CE, et l’impact financier de presque toutes ses propositions a été chiffré par son équipe.

Sur le thème de l'agriculture et de l'alimentation, le Réseau Action Climat relève que les propositions de Mélenchon vont même plus loin que les leurs. l'I4CE souligne qu'il souhaite augmenter l’objectif climat de la France et, pour ce faire, mobilise environ 45Mds€/an de financements publics additionnels, pour réaliser des améliorations majeures dans chacun des domaines de l'énergie, du transport, des subventions incitatrices aux ménages, du logement ou de l'agriculture et l'alimentation durables. Pour ce faire, il compte sur la hausse des recettes fiscales (rétablissement de l'ISF et progressivité de l’impôt), la lutte contre la fraude et l’évasion fiscale, la hausse de l’activité économique (relance) et la rationalisation des dépenses. Pour pouvoir mobiliser ce budget qui s'avère nécessaire pour lutter contre le changement climatique, Mélenchon propose, le cas échéant, d'utiliser les mécanismes prévus pour sortir sur certains sujets des cadres budgétaires européens [I4CE]. Pour inciter les ménages et les entreprises à investir pour le climat, il propose par ailleurs des réformes fiscales et de nouvelles réglementations.

Le RAC souligne que l'avantage de Mélenchon réside dans un projet de société et une philosophie politique construite, notamment sur la réflexion sur la biodiversité, le lien entre les êtres vivants en général et entre humains en particulier, ou la reconnaissance de biens publics mondiaux (eau, air...). Les Shifters soulignent que son programme "se distingue par l'intégration forte de l'enjeu de justice sociale à celui de la transition bas carbone" par la suggestion d'un "ralentissement de la société" et "de multiples propositions autour de ces enjeux à l’échelle internationale".

Jadot :

Jadot couvre également la totalité des 7 secteurs de la SNBC avec des mesures cohérentes [Shifters] et son programme est reconnu pour sa qualité, son ambition et sa précision [RAC]. Les Shifters mentionnent spécifiquement le calcul généralisé du bilan carbone des grandes entreprises pour orienter leurs décisions vers les solutions les moins émettrices, ou encore l'adaptation des emplois aux enjeux climatiques. Le candidat va parfois plus loin, comme avec son objectif de réduction de 65% des émissions importées à horizon 2050 (par rapport à 2005). En revanche, les études déplorent que le candidat ne traite pas l'abandon du chauffage au fioul ou au gaz fossile et l'impact des secteurs industriels "particulièrement émetteurs" de la chimie et de la construction [RAC - Shifters]. Les auteurs pointent qu'il manque parfois de moyens opérationnels, de précision et de ciblage [Shifters], et de perspectives de régulations à l'international (notamment sur la question du financement des énergies fossiles à l'étranger) [RAC]. Ces manques rendent difficile l'évaluation de la portée effective de certaines mesures proposées, et donc de la capacité à atteindre les objectifs chiffrés de la SNBC [Shifters].

Il faut noter que le programme assume également un interventionnisme important, notamment en renforçant le cadre réglementaire et fiscal, qu'il accompagne d’une hausse significative des investissements et co-financements publics [I4CE]. L'engagement budgétaire est cependant bien moindre, avec 25 milliards d’euros par an. Avec ce budget presque 2 fois inférieur à celui de Mélenchon, le candidat promet toutefois d'assurer tout ce qu'il est nécessaire d'initier, et affirme qu'il priorisera la part d'aide qui doit être proposée aux plus modestes [I4CE]

Dans une logique de tiers-financement, ayant largement recours aux incitations et conditionnalités financières [Shifters], Jadot compte sur des opérateurs publics ou privés pour avancer les frais de rénovation des logements voire d’acquisition d’un véhicule électrique, ces opérateurs se remboursant ensuite eux-mêmes sur la baisse des factures énergétiques ou lors de la revente du logement dans le cas de la rénovation [I4CE]. Même si le candidat s'efforce d'assurer la soutenabilité sociale de ces mesures, elles nécessitent que les citoyens puissent investir dans des biens de consommation moins nocifs pour le climat et généralement plus chers, ce qui ne sera pas le cas de tout le monde, et pourrait nous priver d'atteindre les objectifs formulés [Shifters].

Roussel - Hidalgo :

Hidalgo propose un programme ambitieux sur les thématiques de l'agriculture (agro-écologie), du transport (ferroviaire et co-voiturage) et du logement (rénovation énergétique). En revanche, son programme passe totalement à côté de certains axes majeurs : élevage (nécessité de diminuer la consommation de viande et de désindustrialiser l'élevage), sobriété (notamment la réduction des déplacements) et industrie [Shifters]. Aussi, l'engagement budgétaire présenté par la candidate est encore 2 fois inférieur à celui de Jadot, soit 14 milliards d'euros [I4CE].

De la même façon, le programme de Roussel a beau proposer des mesures intéressantes sur certains sujets précis, et présenter une "volonté forte pour la décarbonation et un plan d'ampleur au niveau européen" (notamment en mobilisant 140 milliards d'euros par an pour le climat) [Shifters], il manque de cohérence globale et d'articulation entre ces mesures [RAC]. Par exemple, si le candidat souligne l'importance de réduire la pollution des transports, il n'aborde pas les moyens de convertir l'industrie du transport en ce sens (alors qu'il s'agit du secteur le plus émetteur de gaz à effet de serre en France) [RAC - Shifters]. Sur la réindustrialisation et la relocalisation, l'objectif est clair mais les moyens sont beaucoup moins développés que chez Mélenchon et Jadot [RAC]. Sur la production alimentaire, la production de viande étant la 1ère cause du réchauffement climatique, le programme annonce des choses irréalisables [RAC] (comme produire de la viande locale de qualité pour tous les français, sans réduire drastiquement la consommation, ce qui est physiquement impossible au risque de monopoliser les terres cultivables du pays pour la culture de l'alimentation des animaux d'élevage). De la même manière, Fabien Roussel est plus idéaliste en termes de production énergétique que les grandes entreprises du nucléaires elles-mêmes (voir le rapport RTE récemment publié), et son programme compte plusieurs angles morts (budget précis de l’État, moyens de la transition, ...) [RAC]. Sur le même thème, il veut miser sur l'hydraulique alors que la France est proche de sa capacité maximale en nombre de barrages [Shifters]. Certaines autres perspectives laissent les Shifters perplexes, comme lorsqu'il affirme que la consommation d'essence va diminuer en même temps que la baisse des prix des carburants...

Macron - Zemmour - Pécresse - Le Pen :

Pour finir, les programmes de Macron, Le Pen, Pécresse et Zemmour nous feraient continuer dans la voie catastrophique que nous avons empruntée en 2017 (qui a valu deux condamnations pour "inaction climatique" à l'Etat français) [RAC]

Macron rebrousse chemin sur ses propres engagements, propose des mesures sans lien avec les enjeux (tels qu'identifiés par les COP ou le GIEC), et ne prend en compte aucun enjeu social (précarité énergétique, performance des logements...) [RAC]. Comme pour Roussel, son ambition en termes de production énergétique dépasse ce qui est aujourd'hui annoncé comme possible par l'industrie énergétique elle-même. S'il avance des propositions "généralement cohérentes avec la SNBC", comme la construction de nouveaux réacteurs nucléaires ou encore de décarbonation de l'industrie lourde, il manque toutefois de précisions concernant les moyens à mobiliser et les stratégies à mettre en place [Shifters]. Le candidat prend le pari de miser "surtout sur la technologie", pour les transports notamment, ce qui, pour les Shifters, "laisse des incertitudes quant à la réalisation de la décarbonation dans les délais" et pourrait largement aggraver notre situation. La notion de sobriété, le développement du ferroviaire, l'accompagnement social de la transition, la préservation des sols, la réorientation des subventions et investissements défavorables au climat sont tous absents de son programme [Shifters].

Pécresse semble ne pas comprendre les questions liées au consumérisme et à la surproduction [RAC]. Les Shifters estiment que son programme comporte "assez peu de mesures permettant l'efficacité énergétique et la sobriété des usages" et que "la capacité pour la candidate d'atteindre son objectif de neutralité carbone interroge". Ils notent aussi que Valérie Pécresse ne s'intéresse pas à la décarbonation des filières industrielles les plus émettrices. Elle a cependant identifié la plupart des défis mis en avant par I4CE, mais ses propositions sont peu précises quant aux modalités de mise en œuvre et leur impact financier n’a pas été estimé. Elle privilégie les investissements privés, mais ne prévoit aucune réforme du cadre réglementaire et une réforme largement insuffisante du cadre fiscal, pour inciter les ménages et entreprises à investir [I4CE]. Elle préfère faciliter l’accès à l’emprunt et orienter l’épargne. Elle n’anticipe pas de hausse des financements publics, mais compte les orienter en fonction de leur efficacité sur les réductions d’émissions de gaz à effet de serre.

Le Pen évoque trop peu l'écologie dans son programme, et de façon peu concrète [Shifters], et ne semble pas comprendre les sujets de la transition énergétique, des émissions de gaz à effet de serre, de la décarbonation, de l'agroécologie et de l'alimentation [RAC]. Les mesures sont sporadiques, parfois contradictoires ou contre-productives, comme l'arrêt des projets éoliens et la baisse de la TVA sur toutes les énergies [RAC - Shifters]. Cependant, elle fait quelques propositions allant dans le sens de la SNBC [Shifters] et identifie quelques défis de l'I4CE, mais ses proposions manquent de précision et leur impact financier n’a pas été calculé. Elle ne propose pas de mesures réglementaires ou fiscales pour inciter les ménages et les entreprises à investir pour le climat, ne dit rien sur l'évolution de l’objectif français de réduction des émissions de gaz à effet de serre à horizon 2030, mentionnant toutefois l'objectif d'atteindre la neutralité carbone pour 2050. 

Encore pire, Zemmour présente des grandes idées (comme la renationalisation de la production), mais ne les appuie sur aucune feuille de route [RAC]. Plusieurs axes majeurs sont tout simplement absents de son programme (énergies fossiles, industrie, sobriété ou sensibilisation à ces enjeux), et certaines mesures proposées sont contre-productives pour le climat, notamment dans le domaine des transports [Shifters]. Ces absences poussent le Réseau Action Climat à se demander si, au-delà des grands effets de communication, il souhaite réellement améliorer les conditions de vie des français (alimentation, pollution, prix de l'énergie), ou s'il ne fait que nommer des concepts pour convaincre des électeurs peu attentifs. Il identifie seulement quelques-uns des défis relevés par l'I4CE, mais ses propositions pour répondre à ces défis ne sont pas précises et leur impact financier n’a pas été estimé. Il n’a pas non plus de propositions réglementaires ou fiscales pour inciter les ménages et les entreprises à investir pour le climat.

La piètre qualité des programmes de ces deux candidats sur ce sujet peut faire sourire, lorsque l'on sait qu'une absence de réponse à la crise climatique poussera immanquablement des dizaines, voire des centaines de millions de migrants climatiques à traverser sans entrave possible les frontières de l'Europe, ce qui ne semble pas correspondre aux visions annoncés par Le Pen et Zemmour. 

Autres candidats (mesures absentes ou très incomplètes) :

Poutou aborde plusieurs objectifs forts, relatifs au transport, à l'isolation, à l'arrêt de l'artificialisation des sols ou encore à la protection des sols agricoles, qui vont dans le sens de la SNBC. Les Shifter estiment que le programme "ne couvre toutefois que peu les grandes lignes" de la feuille de route pour respecter l'accord de Paris. Par exemple, la gestion des déchets ou le domaine de la recherche ne sont pas évoqués. Enfin, l'objectif de sortir du nucléaire et des énergies fossiles d'ici à dix ans est jugé trop court [Shifters].

Le programme de Dupont-Aignan "déroge en de nombreux points à la SNBC", estiment les Shifters. Si quelques mesures sont suffisantes, comme la rénovation énergétique, d'autres sont contres-productives, et la problématique du dérèglement climatique n'est clairement pas une question prioritaire par le candidat.

Lassalle ne "s'inscrit pas dans une trajectoire de décarbonation de l'économie française", notent Les Shifters. Des secteurs entiers sont "absents du programme", comme la rénovation énergétique des bâtiments ou l'ensemble des questions liées aux régimes alimentaires.

Illustration 4
Illustration 5

Appendice : Pour comprendre les enjeux politiques de la lutte contre le changement climatique, il convient de souligner que les stratégies d’Hidalgo, de Jadot et de Mélenchon posent trois questions d’acceptabilité, qui pourraient être vues comme le réel enjeu social de la question climatique [I4CE] :

  1. La première est celle du consentement à l’impôt pour faire face à la hausse plus ou moins forte des dépenses publiques, dans le cas où le budget ne serait pas parfaitement équilibré par d'autres recettes. Cette partie est particulièrement importante pour le programme de Mélenchon, et concerne surtout les plus riches du pays.
  2. La seconde est celle du calibrage de l’accompagnement financier : est-il suffisant pour que les acteurs privés puissent faire face au renforcement parallèle du cadre réglementaire et fiscal ? Pour Jadot et Hidalgo, dont les stratégies dépendent largement de l'investissement privé, ce point est critique car si les particuliers n'ont pas assez de fonds pour réaliser des dépenses en adéquation avec les enjeux climatiques, l'ensemble du programme sera remis en question.
  3. La dernière concerne les partenaires européens : sont-ils prêts à accepter une réforme des règles budgétaires, sachant que ça n'est pas le cas à ce jour ? Partant de ce constat, il est difficile de savoir comment les partenaires réagiront aux programmes de Jadot ou d'Hidalgo. Mélenchon transpose cette problématique de la politique (convaincre les partenaires) à la diplomatie (prendre une position forte, quitte à exiger des clauses d'exemption ou "opt-out").

Par ailleurs, des débats animés ont lieu ces jours-ci, au sujet de l'étude du Shift Project, sur les réseaux sociaux. D'une part une infographie circule, produite par un des membres du Shift Project, présentant des "notes finales". Ces notes ne sont pas issues de l'analyse des Shifters, ne correspondent pas à l'étude et relèvent d'une évaluation personnelle de cette personne, à partir de cette étude. Mais si l'auteur avoue s'être "planté" (voir les commentaires de son post sur Linkedin), l'infographie a cependant été largement partagée. Et d'autre part, lors d'une interview sur FranceInfo, Jean-Marc Jancovici, président du Shift Project, précisait que cette étude leur a permis de réaliser que le programme de La France Insoumise est celui qui "coche le plus de cases" de la SNBC. Là non plus, cela n'est pas formulé tel quel dans l'étude, et cela ne signifie pas que le programme est absolument meilleur, mais cette fois cela fait au moins réellement référence à la méthodologie et aux résultats de l'étude. 


HÔPITAL - SANTÉ


> Laurent Thines - Neurochirurgien (Collectif Inter-Hôpitaux - Gilets Jaunes)

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Lien : https://blogs.mediapart.fr/laurent-thines/blog/100322/sante-podium-des-programmes-1-mois-de-la-presidentielle

Notes sur l'auteur : Laurent Thines est un médecin professeur des universités et praticien hospitalier en neurochirurgie au CHRU de Besançon. Il s'est engagé au sein du Collectif Inter-Hôpitaux pour défendre le système public de Santé avant de démissionner en janvier 2020, avec plus de mille autres chefs de service, de ses fonctions administratives, pour dénoncer la marchandisation de l’hôpital.

Présentation de l'évaluation :

"A 1 mois de la présidentielle, les 12 programmes des candidates et candidats ont été actualisés, comparés et classés sur 40 revendications de collectifs et syndicats de soignants, d’ONG, d’associations d’usagers ou du mouvement citoyen des Gilets Jaunes, couvrant l’ensemble des aspects de la santé et du soin en France."

Les 40 revendications recueillies, visibles dans l'illustration à la fin de cette section, sont regroupées en 3 dossiers puis déclinées en sous-chapitres:

  • Hôpital : Plan d'investissement massif dans la santé (priorité) - Plan d'embauche pour les établissements de santé - Revalorisation salariale, formation, retraite - Qualité de vie au travail - Relation administration / soignants / soignés
  • Ville : Soins de proximité
  • National : Grands enjeux stratégiques de Santé Publique

Synthèse :

Premièrement, la plupart des candidats s'accorde à dresser un constat sur le mal-être des soignants et les difficultés majeures de notre système de Santé, justifiant d'un investissement d'urgence. Si la qualité des positionnements des différents programmes sur la Santé est très variée, elle reste globalement assez décevante, malgré la pandémie dont nous souffrons depuis deux ans et la prise de conscience de l’état d’effondrement de notre système de soins. 

On est frappés par la déconnexion de certaines propositions de candidats par rapport aux attentes. En effet, aucun ne répond à plus de la moitié des critères de l'auteur, en dehors de l’Union Populaire avec un score de 30 critères/40. Le PCF, DLF, EELV et LREM remplissent péniblement de 13 à 16 items. Pas mieux pour le PS, LR et le RN, qui proposent même de mettre en œuvre des mesures déjà existantes. Le président sortant, pour sa part, après avoir été au premières loges pendant la période Covid, n'a pas à ce jour de programme pour la Santé.

Mélenchon, au travers de son programme l’Avenir En Commun et de son nouveau livret dédié, embrasse les problématiques de Santé dans leurs interactions avec le travail (médecine étendue au demandeur d’emploi), l’alimentation (lutte contre la malbouffe), l’environnement (lutte contre les produits toxiques ou polluants), et donne un rôle accru à la prévention. L'enjeu est que les citoyens puissent être mobilisés, autour de l'action d'un service public qui sert l'intérêt général et non les intérêts privés. Les mesures présentées permettent de structurer un vrai système de santé égalitaire et accessible à toutes et tous sur l’ensemble du territoire avec une prise en charge largement accrue par l’assurance maladie.

Jadot et le Hidalgo misent essentiellement sur des sujets sociétaux : reconnaissance du burn-out, légalisation du Cannabis, création d’Agences Régionales de Santé Environnementale et Professionnelle (Jadot) et droit à mourir dans la  dignité (Jadot, Hidalgo). Mais Jadot présente également la volonté d'avoir une vision holistique de la Santé à la fois physique, psychique et écologique, en mettant l’accent sur la prévention (exposition aux toxiques alimentaires et environnementaux cancérogènes ou mutagènes). Si Hidalgo propose de supprimer les limitations d'investissement pour l'hôpital (ONDAM), elle ne supprime pas la tarification à l'activité qui transforme l'hôpital en entreprise capitaliste visant la rentabilité plus que le soin. Elle ne supprime pas non plus le numerus clausus mais l'augmente.

L'action de Macron est jugée inaboutie, voire méprisante envers les efforts des soignants. Les salaires des paramédicaux et des médecins n’ont été augmentés que de 11% en moyenne. Pour les  premiers, une prime de 180€ par mois (+ les bonifications indiciaires) a tenté de faire oublier qu'il aurait fallu une hausse d’au moins 300€ pour s’aligner sur les  autres pays de l’OCDE. Pour les seconds, une revalorisation des échelons et de l’IESPE (Indemnité d’engagement de service public exclusif, + 300€) peinent à concurrencer les appels du pied du secteur libéral. En parallèle, la fermeture des lits se poursuit (17.800 en 5 ans), et aucune modification de la gouvernance défaillante n’est envisagée. Pour le président-candidat l'hôpital doit fonctionner comme une entreprise, les investissements publics sont limités, le problème des déserts médicaux n'existe pas, les hôpitaux de proximité sont fermés, les secteurs de la psychiatrie et du médico-social sont oubliés. On ne voit donc pas comment sortir les soignants de leurs actuelles souffrance au travail et incapacité matérielle à soigner correctement, qu'ils ont pourtant largement exprimées pendant les 18 mois de mobilisation qui ont eu lieu avant la crise Covid. 

Pécresse reste très vague sur des sujets-clef. Elle souhaite augmenter le nombre de soignants, sans augmenter les moyens et salaires. La décentralisation sert de prétexte au désengagement de l'État, et les tarifs de soin (qui encouragent l'hôpital à être plutôt rentable qu'égalitaire) sont augmentés.

Zemmour et Le Pen concentrent leurs efforts sur des mesures qui amplifient les discriminations, pour des gains budgétaires anecdotiques (0,5% pour l'Aide Médical d'État). La politique de santé sera organisée par les préfets. Les paramédicaux sont oubliés. La mesure pour lutter contre les déserts médicaux ne relève pas de la Santé Publique mais de l'incitation financière sur le tarif des consultations. Et les deux candidats s'orientent vers une exclusion des médecins étrangers, ce qui nous priverait d'un médecin sur 10 globalement, et d'un médecin sur 5 dans l'hôpital public, réduisant considérablement les capacités de soin pour les citoyens français.

Fabien Roussel propose de faire collaborer les usagers, professionnels et élus au niveau régional. La volonté de cet engagement public se retrouve dans une réforme de la médecine du travail, gérée par la sécurité sociale. En revanche, plusieurs mesures cruciales sont absentes de son programme.

Illustration 6
Illustration 7
  • Score : comptage de toutes les mesures sur lesquelles le candidat propose quelque chose (score de 0.5 ou 1)
  • Note : somme détaillée des notes de chaque mesure

> Notre Hôpital c’est vous

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Lien : https://twitter.com/NotreHopital/status/1507984667303198723

Notes sur l'auteur : "Notre Hôpital c'est vous" est une association créée au printemps 2021, un an après le début de la pandémie covid, qui a pour but de soutenir et porter la proposition de loi du Référendum d’Initiative Partagée sur l’Hôpital Public. Elle est issue des mouvements de défense de l’hôpital public particulièrement liés aux Collectifs multi-professionnels et d’usagers Inter-Urgences et Inter-Hôpitaux nés en 2019, lors de l'immense mobilisation pour l'hôpital, antérieure à la période covid. Ils "portent la voix des citoyens qui souhaitent garantir au service public hospitalier qu’il aura les moyens de soigner chacun d’entre nous, en toute sécurité, selon les meilleurs standards et sans aucune discrimination".

Illustration 8

Présentation de l'évaluation :

Le collectif a lancé un Referendum d'Initiative Partagée (RIP) pour sauver l'hôpital public. Cette proposition de RIP regroupe 5 axes majeurs, décrits en détails sur le site internet du collectif : Garantir l'égalité d'accès aux soins - Un nombre suffisant de soignants - Définir la quantité de lit en fonction des besoins - Instaurer la démocratie sanitaire - Revoir le financement de l'hôpital.

L'infographie publiée par le collectif illustre les positions des programmes des 12 candidats sur ces 5 axes. Un marqueur vert et souriant illustre une proposition "très satisfaisante", et un marqueur rouge et fâché illustre une "proposition pas du tout évoquée ou contraire aux propositions du referendum".

Synthèse :

Les deux programmes de Mélenchon et Jadot proposent des mesures efficaces, satisfaisantes et concrètes pour chacun des 5 axes du RIP. Hidalgo et Roussel répondent à la moitié des enjeux définis par le collectif, là où Macron, Le Pen et Zemmour ne répondent à aucun des enjeux de l'Hôpital Public, tels que définis par ses travailleurs les plus qualifiés et les plus investis. 

Illustration 9

ÉGALITÉ FEMMES-HOMMES


> Osez le Féminisme !

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Lien : https://osezlefeminisme.fr/feministometre/

Notes sur l'auteur : Osez le Féminisme ! est une association féministe, universaliste, laïque, progressiste et abolitionniste, créée en 2009, qui a pour objectif d'abolir les inégalités femmes-hommes dans tous les domaines

Présentation de l'évaluation :

"Osez le Féminisme ! présente son analyse des programmes de 11 candidat·es à la présidentielle : certain·es font l’impasse sur les droits des femmes ou les instrumentalisent à des fins racistes, d’autres promettent des mesures ambitieuses. Effet d’annonce ou véritable engagement féministe ?".

Thèmes abordés : Violence contre les femmes - Mesures économiques - Institutions - Santé - Éducation - Prostitution - GPA - Famille - Bilan politique (avec une attention particulière sur le sexisme) - Programme - Campagne

Synthèse :

"Osez le Féminisme !" ne critique que les mesures qui sont proposées par les candidats. L'absence de mesure n'est pas réellement mise en avant, et cela nous semble nuire à l'évaluation générale du point de vue du lecteur.

La première analyse qui se détache repose dans le fait que les candidates et candidats d'extrême droite arrivent toutes et tous au plus bas de l'échelle. Il n'est pas étonnant qu'un goût prononcé pour la discrimination finisse par également toucher les femmes, qui en ont trop souvent été victimes dans l'histoire.

Par exemple, Zemmour, dont on sait qu'il estime le cerveau des femmes inférieur à celui des hommes, ne manque pas de prôner une idéologie masculiniste, et peut aller jusqu'à défendre la culture du viol.

Pécresse, sans aller jusque là, tombe dans les pulsions réactionnaires à la mode, notamment autour de la critique d'un supposé "wokisme" en France.

Macron, avait annoncé l'égalité entre les femmes et les hommes comme la grande cause du quinquennat, mais il apparaît que les promesses n'ont pas été tenues et que la dynamique semble s'être arrêtée aux effets de communication. Les mesures économiques libérales ont pénalisé les femmes, il a nommé et soutenu des ministres accusés de viol et de détournement de fond publics en vue d'abuser de femmes, et s'est régulièrement positionné contre les droits des femmes (notamment sur l'IVG).

Les trois candidats ouvertement et concrètement féministes sont, dans l'ordre, Mélenchon, suivi d'Hidalgo et de Roussel. Là où Jadot est accusé d'être flou et de contredire ses propres déclarations, les candidats de ce podium proposent des mesures concrètes et détaillées (lutte contre les violences masculines, santé des femmes, éducation, mesures économiques et fiscales...). 

En particulier, le programme de Mélenchon est félicité car il reprend la plupart des revendications féministes, et alloue à l'égalité femmes-hommes le budget prôné par les associations féministes elles-mêmes (edit : côté budget, c'est aussi le cas pour Jadot, qui l'a annoncé récemment dans un meeting). 

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FISCALITÉ ET INÉGALITÉS


> OXFAM

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Liens :

Notes sur l'auteur : "Depuis 1988, Oxfam France mobilise le pouvoir citoyen pour lutter contre les inégalités et abolir la pauvreté. Nous apportons une aide vitale aux populations les plus vulnérables du monde entier, car celles et ceux qui subissent la violence de la pauvreté n’ont pas le temps d’attendre que nos sociétés et nos économies changent. [...] Notre but est de corriger les causes profondes derrière les drames humanitaires dont nous sommes chaque jour les témoins. [...] Nous donnons accès à l’information, pour que chacun·e construise son opinion et comprenne le monde dans lequel nous vivons. Nous développons des solutions concrètes pour construire un monde où les inégalités ne sont plus la norme. Nous nous mobilisons ensemble pour les transformer en lois et leur donner vie"

Présentation de l'évaluation :

"Oxfam France a analysé les programmes de candidats et candidates en matière de fiscalité au regard des propositions contenues dans notre Manifeste fiscal publié en décembre dernier.

Il propose 15 mesures concrètes et chiffrées pour une politique fiscale plus juste, qui permettrait de dégager au moins 65 milliards d’euros, sans augmenter la contribution de 70% des Français·e·s, c’est-à-dire les personnes gagnant moins de 2500 euros net par mois.

7 candidat·e·s à la Présidentielle ont repris au moins une de nos 15 propositions. 

Les candidat-e-s sont évaluées sur 15 groupes de mesures regroupées dans 6 catégories :
Taxation des plus riches ; Progressivité de l’impôt ; Fiscalité des multinationales ; Taxation de
la spéculation ; Fiscalité écologique et Fiscalité Féministe."

Synthèse :

Le détail des propositions des candidats suivant ces 15 groupes de mesures peuvent être consultées dans des fichiers disponibles à l'adresse de l'étude. En dehors de l'infographie résumant le classement attribué à chaque candidat sur la base de ses propositions, l'étude ne présente pas d'analyse comparative mettant en perspective les réponses des différents candidats.

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 NUMERIQUE ET ENTREPRENEURIAT


> France Digitale

Lien : https://siecledigital.fr/2022/03/22/quelle-place-pour-le-numerique-dans-le-programme-des-candidats-a-la-presidentielle/

Notes sur l'auteur : France Digitale, créée en 2012, est une association française, et la première organisation de startups en Europe, spécialisée dans le numérique. 

Présentation de l'évaluation :

L'association a publié une lecture de son comparateur de programme dans le média Siècle Digital, spécialisé dans le numérique et créé en 2013. 

Les mesures comparées sont regroupées en 8 grands thèmes qui sont - Fiscalité et financement de l’écosystème - Souveraineté - Éducation et formation - Cybersécurité - Innovation et Impact - Droit du travail - Commande publique - État et services publics. Pour chacun de ces thèmes, l'association compare les programmes et identifie de "grandes tendances" parmi les candidats, pour ensuite les comparer avec les enjeux qu'elle a identifiés.

Synthèse :

Globalement, l'association estime que le numérique n’est pas assez présent dans la campagne et que les candidats manquent de vision globale.

Elle souligne également que Macron, président-candidat, n'a à ce jour aucun programme sur le numérique, et aucun mode opératoire pour réaliser les engagements qu'il a formulés lors de la présentation du plan "France 2030", en octobre 2021.

Sur le sujet de la cybersécurité, les candidats n'auraient pas pris la pleine mesure du problème. Selon l'association, certains candidats avancent tout de même quelques propositions concrètes pour renforcer notre écosystème cyber. Parmi les projets : créer une certification par l’Anssi des téléphones de l’ensemble des hauts cadres de l'administration et du gouvernement, créer un parquet national cyber, ou encore créer une véritable flotte de drones sous-marins pour protéger les câbles où circulent les données.

Mélenchon se démarque comme le candidat qui s'est le plus emparé du numérique. Il propose notamment de créer une conscription citoyenne obligatoire de neuf mois effectuée entre 18 et 25 ans, rémunérée au SMIC, avec une formation militaire initiale et une composante numérique. Elle "constituera le socle d’une garde nationale permettant notamment de renforcer les capacités de cyberdéfense de la France". Le candidat mise donc ici encore sur l'intelligence collective, en défendant l'idée que des citoyens formés et éduqués valent mieux que des décisions centralisées, déléguées à des cabinets de conseil. Il soumet également l'idée d'élaborer un droit international cyber ou encore de mobiliser le numérique et l'espace pour installer des systèmes défensifs non létaux contre les agressions et pour la paix.

Sur ce même sujet, Hidalgo propose simplement de « renforcer la défense de l’Europe avec une véritable stratégie industrielle commune et un soutien à la recherche et développement, pour faire face aux principales menaces de cybersécurité ». Sans émettre de réelles propositions, Jadot souhaite « renforcer les moyens de l’État contre la cybercriminalité, le harcèlement et la haine en ligne ». De son côté, Pécresse veut faire des entreprises françaises et européennes de la cybersécurité ou de l’intelligence artificielle des championnes de la souveraineté à l'image de Tehtris ou d'OVH.

Les candidats de gauche ont formulé de nombreuses propositions relatives à la souveraineté numérique. De la plus extrême avec Jadot et la mise en œuvre d’une loi nationale et européenne « de démantèlement des GAFAM », en passant par la nationalisation des infrastructures numériques les plus importantes avec Mélenchon, jusqu'à l'idée de limiter la puissance des GAFAM en garantissant le pluralisme et la concurrence avec Hidalgo. À l'extrême droite, Zemmour veut faire émerger des solutions françaises souveraines dans le cloud et investir dans les technologies de rupture. Le Pen suggère d'être plus de vigilants à l'égard des géants du numérique chinois.

Il ressort de ce comparatif que certains candidats portent des mesures parfois trop caricaturales et irréalistes. Proposer le démantèlement des GAFAM en est l'un des exemples. Une telle mesure risquerait de mettre en péril les investissements étrangers en France et d’entraver le développement des startups, à en croire France Digital. Enfin, Mélenchon est l'un des seuls candidats à vouloir garantir la neutralité du Net et refuser la censure privée opérée par les GAFAM sur les réseaux sociaux. Selon lui, « la France doit défendre un autre modèle d’Internet ».


CONDITION ANIMALE


> L214 éthique et animaux

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Liens : 

Notes sur l'auteur :

L214 éthique et animaux, est une association à but non lucratif française de défense des animaux, fondée en 2008. L214 se positionne régulièrement en tant que lanceur d'alerte en réalisant des enquêtes et diffusant des vidéos sur les conditions de vie des animaux dans les élevages, mais aussi durant leurs transport et abattage.

L'association a notamment crée le site « politique-animaux.fr », qui recense et note les prises de position des personnalités et partis politiques vis-à-vis de la condition animale.

Présentation de l'évaluation :

L'association passe au crible les propositions, bilans et prises de parole des 12 candidates et candidats à la présidentielle et établit un classement en fonction de leurs engagements pour les animaux.

 Chaque candidat est noté sur 5, cette note étant la moyenne des notes obtenues pour chacun des 6 axes d’engagement portés par L214, à savoir :

  • Sortir de l’élevage intensif
  • Mettre fin à la pêche industrielle
  • Démocratiser l'alimentation végétale
  • Créer un ministère de la Condition animale et s’engager auprès des ONG
  • Agir pour les animaux en tant que mouvement politique
  • Porter la condition animale dans le débat public

Ces notes compilent programme et engagements du ou de la candidate sur la condition animale dans le débat public au cours de la campagne présidentielle, elles sont donc évolutives. Malgré le fait que cette note couvre l'ensemble des propositions et permet d'avoir une vision globale du programme, nous détaillerons ici quelques points forts et quelques points faibles soulignés par l'association. Mais la méthodologie et le barème présentés par l'association sont extrêmement sérieux, et la note prévaut sur les paroles retranscrites ici. Il est à noter que seuls les deux premiers candidats du classement obtiennent une note globale de plus de 2/5. Nous mettons ici en avant les évaluations qui nous semblaient être les plus critiques parmi celles présentées par l'association.

Synthèse :

1er sur 12 : Jean-Luc Mélenchon (4,1/5)

  • Les points forts : pour l’interdiction des fermes usines, la fin des élevages intensifs au plus tard en 2027 et l'arrêt de la surpêche (en accompagnant une réduction de 50% de la consommation carnée, pour atteindre cet objectif), et le soutien aux éleveurs·ses et pêcheur·ses artisan·es (navires de moins de 12 mètres)  
  • Les points faibles : pas d’opposition au gavage, manque de clarté sur l’interdiction de l’abattage « sans étourdissement » / rituel. Enfin, Absence de prise de position contre la pêche au vif. La note la plus basse (2.5/5) concerne le volet Ministère de la condition animale et ONG, car la proposition faite par Mélenchon est plutôt de créer un Haut Commissariat.

2nd sur 12 : Yannick Jadot (3,8/5)

  • Les points forts : de nombreux points en commun avec ceux présentés pour Mélenchon, et la création d'un ministère dédié avec un budget chargé de la condition animale (3,5/5)
  • Les points faibles : pas assez ambitieux sur les questions de pêche industrielle (2/5)   

3ème sur 12 : Philippe Poutou (1.8/5) 

  • Les points forts : sortir de l’élevage intensif, autoriser l’objection de conscience concernant les animaux utilisées pour l’expérimentation dans le cadre des études (comme les deux premiers candidats du classement) 

9ème sur 12 : Valérie Pécresse (0.5/5)

  • Les points forts : Fichage des personnes condamnées pour maltraitance animale, création d'un label "ville amie des animaux", favorable à la fin de l'abattage rituel, sans étourdissement.
  • Les points faibles : La candidate reprend les éléments de langage du lobby de l’élevage intensif, composé le milliardaires pour qui la condition animale compte aussi peu que la santé des consommateurs.

10ème sur 12 : Emmanuel Macron (0,3/5) 

  • Les points forts : difficiles à trouver, le programme du candidat-président ne contenant qu'une seule et unique mesure en faveur des animaux (!) relative à l’abandon des animaux de compagnie. 
  • Les points faibles : Une seule mesure donc.

12ème sur 12 : Eric Zemmour (0.2/5)

  • Les points forts : alourdir les sanctions pour la maltraitance animale, pour l’étiquetage du mode d’abattage sur les viandes
  • Les points faibles : soutien des pratiques cruelles à l'égard des animaux (abattage sans étourdissement, chasse à courre, chasse à la glu...) 

Il y a peu de choses à dire de plus, puisque seulement les 2 candidats les mieux notés répondent à des enjeux liés à la condition animale. Le programme de Mélenchon aborde la question dans son ensemble et répond précisément à la majeure partie des points, des conditions d'élevage des animaux aux conditions de travail des employés du secteur, en passant par l'encouragement, la diversification et l'amélioration de la production d'alimentation végétale. Là où Jadot propose un engagement institutionnel sensiblement plus prononcé, son programme est en revanche moins avancé sur l'ensemble des conditions de vie des animaux (élevage et pêche).

Roussel semble vouloir mettre un terme aux fermes-usines, mais veut en revanche augmenter la production de viande. Il ne détaille pas comment une telle prouesse pourrait être réalisable. A part cette orientation difficile à saisir, l'association recense quelques prises de positions en faveur du bien être animal, mais quasiment aucune mesure permettant de comprendre les objectifs qu'il se fixe, et les moyens qu'il se donne pour y parvenir.

Le Pen propose une mesure pour la protection des animaux, mais semble parler des animaux domestiques, car son programme est vide de tout engagement sur la pêche et l'élevage, et elle s'est même félicité de l'existence des élevages intensifs.

A partir de Pécresse, et pour les candidats suivants dans le classement (dont Zemmour et Macron), plus aucune mesure n'est proposé en faveur du bien-être animal.

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CONSOMMATION ET OBSOLESCENCE PROGRAMMÉE


> Halte à l'Obsolescence Programmée - HOP

Liens :

Notes sur l'auteur : L'association HOP (Halte à l'obsolescence programmée) a été créée en 2015 à la suite de l'instauration du délit d'obsolescence programmée dans le Code de la consommation. Elle a pour but de lutter contre l'obsolescence programmée des produits commercialisés sous toutes ses formes, par des investigations et des actions judiciaires. On appelle obsolescence programmée la réduction délibérée de la durée de vie ou d’utilisation d’un produit afin d’en augmenter le taux de remplacement (achat d'un nouveau matériel quand l'ancien aurait pu être conservé). Ainsi l'obsolescence représente un facteur important dans la surconsommation, la réduction du pouvoir d'achat, et la dépendance aux marchés étrangers pour de nombreux produits.

Présentation de l'évaluation :

Les 12 candidats sont évalués d'après leurs propositions pour répondre à chacune des 20 orientations jugées cruciales par HOP pour lutter contre l'obsolescence programmée. Pour chaque orientation, les candidats peuvent obtenir une note maximale de 8, en fonction du nombre de propositions, de leur pertinence, leur précision et leur articulation avec le reste du programme. Deux scores sont ajoutés au total : une note correspondant à la réponse des candidats à la lettre de HOP, et une note représentant les mesures supplémentaires proposées par le candidat, liées à l'obsolescence programmée, mais dépassant le cadre des 20 orientations formulées par l'association.

Synthèse :

Globalement, les auteurs constatent de très grandes différences entre les candidats, certains ayant un véritable programme étoffé sur le sujet tandis que d’autres ne proposent aucune mesure, même vague ou rudimentaire. 

"En résumé, Jean-Luc Mélenchon et Yannick Jadot s’illustrent par des propositions nombreuses et ambitieuses pour allonger la durée de vie des objets, ils semblent particulièrement sensibilisés au sujet. D’autres candidats comme Philippe Poutou, anti-capitaliste, ou l’équipe de Marine Le Pen dénoncent fortement l’obsolescence programmée. Cette dernière prône une réindustrialisation locale mais manque de formuler des solutions concrètes et n’a pas répondu à notre courrier. Emmanuel Macron se repose sur les acquis du quinquennat passé et se concentre uniquement sur leur mise en œuvre, sans rien proposer de nouveau. Les autres candidats ne proposent rien ou peu de choses concrètes sur le sujet."

Parmi les deux premiers, Mélenchon obtient la meilleure note, en proposant de nombreuses mesures liées aux objets de consommation et en approchant le sujet de façon systémique, en y intégrant les problématiques liées à l'emploi (ressourceries, repair cafés...), à la formation (filières scolaires et universitaires) et aux questions sociétales (limitation de publicité pour réduire la surconsommation). Jadot propose également des mesures diverses et efficaces, notamment liées à la durabilité, la publicité, et l'incitation fiscale à la réparation. 

Le Pen propose un délit d'obsolescence programmée, mais ne le détaille pas dans son programme. Macron, Zemmour et Roussel ne proposent pas de mesures programmatiques pour répondre à la problématique de l'obsolescence programmée, et n'ont pas répondu au courrier de HOP.

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LOGEMENT ET HABITAT


> Confédération Nationale du Logement

Lien : https://twitter.com/La_CNL/status/1509107711069327365

Notes sur l'auteur : "Créée en 1918, la Confédération Nationale du Logement agit pour la défense d’une politique de l’habitat et la mise en œuvre d’une politique sociale, assurant un véritable droit au logement pour tous, dans un habitat, un environnement agréable pour tous les habitants de notre pays, quelles que soient leurs conditions sociales ou leurs ressources.

Présentation de l'évaluation :

6 thèmes majeurs pour l’habitant-e, les propositions passées au crible et un code couleur facile à suivre.
Vert = oui pour la CNL, orange = oui mais, rouge = non, noir = incompatible avec les orientations de la CNL

Synthèse :

La confédération n'a publié qu'une image, dans laquelle on peut lire le texte de leur analyse et les points programmatiques relevés.

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AUTRES COMPARATIFS

Parmi les comparateurs de programmes qui ne proposent pas d'analyse à proprement parler, contrairement à ceux de 2017 qui traitaient les programmes par grands enjeux et tentaient de montrer comment les candidats ambitionnaient d'y répondre, la plupart de ceux publiés cette année met uniquement les mesures en parallèle, pour aider les électeurs à choisir suivant leurs opinions superficielles. Les mesures ne sont pas décrites suivant leurs capacités à répondre concrètement aux enjeux. Ainsi, une mesure peut paraître séduisante et satisfaire un électeur, sans l'informer sur son impact ou même sa simple faisabilité. Cependant, nous vous en fournissons ici une liste non exhaustive : 

D'autres organismes, qui avaient proposé des analyses comparatives en 2017, ont publié cette année des "manifestes", pour exprimer aux électeurs les enjeux qu'ils jugent les plus importants dans leur domaine d'expertise :

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.