Le débat devient de plus en plus difficile dans la société Française. Celui-ci est remplacé la plupart du temps par la polémique. La réforme des retraites en a été un exemple frappant comme de nombreux autres problèmes touchant à notre démocratie qui n'ont pu être débattus. Tous ont été remplacés par des attaques violentes, des théories du complot et autres écrans de fumée interdisant un débat de fond, sain et nécessaire. Nous sommes désormais rentrés dans l'ère de la polémique et de la démocratie d'opinion tranchée. Une forme de "religion laïque de la certitude incontestable".
Les pro et les anti se confrontent, les convaincus et les sceptiques, chacun tentant de discréditer l'autre, au point qu'on en appelle désormais aux politiques dans les discordes scientifiques. C'est la pétition de 600 scientifiques Français (contre la médiatisation de quelques scientifiques Français contestant les études du GIEC) qui a obligé la ministre de la recherche et de l'enseignement supérieur, Valérie Pecresse a saisir l'Académie des sciences afin d'organiser un débat à huis clos le 20 septembre 2010 au sujet du changement climatique et de ses causes.
Le principe serait le suivant : d'un côté les pro GIEC, convaincus que le climat change à cause des rejets de Co2 de l'activité humaine, avec une certitude établie à 98 ou 99%, et de l'autre, les climatos-sceptiques, ceux qui doutent de la cause humaine du changement, voire du réchauffement global tel qu'il est défini par le GIEC et qui demandent à poursuivre les recherches.
Les commentateurs se sont empressés d'annoncer que suite à ce huis-clos, les sceptiques s'étaient ralliés aux théories du GIEC. Comme si il fallait adhérer à un camp ou à l'autre. Vincent Courtillot, professeur de géophysique à l’université Paris-Diderot, titulaire de la chaire de paléomagnétisme et géodynamique de l’Institut universitaire de France et directeur de l’Institut de physique du globe de Paris, répond sur France Culture aux questionnements à propos de ce huis-clos à l'académie des sciences et de l'état de la recherche actuelle.
En fait n'y a pas eu de débat sur l'origine du réchauffement climatique jusque là : le GIEC a établi que la cause du réchauffement était l'homme et bien indiqué que cette cause n'était pas contestable. Tout groupe de scientifiques, laboratoire de recherche ne peut que se voir traiter de climato-sceptique, donc d'imposteur, s'il demande à prendre en compte, par exemple, des données que le GIEC n'a pas intégrées dans ses modèles. Comme l'influence des nuages, des océans, de l'influence solaire.
Il n'y a pas de débat parce qu'il y a seulement eu polémique. Les pro GIEC peuvent rapidement dénoncer les climato-sceptiques comme étant à la solde des lobbies pétroliers, ces derniers traiter les membres du GIEC d'imposteurs cherchant à créer une nouvelle gouvernance politique mondiale grâce à l'urgence climatique.
Nous sommes entrés en religion : soit vous êtes un pro changement climatique, et alors vous serez écouté par la majorité des commentateurs de façon normale et courtoise, soit vous ne l'êtes pas, et là, il n'est pas bon du tout d'essayer de discuter avec les commentateurs du climat qui vous traiteront de climato-sceptique, d'escroc, d'inconscient.
La bonne conscience est le cœur de cette affaire d'engagement sans nuances vis à vis du climat, elle traite de la culpabilité face aux abus industriels de notre modèle de société, de notre effroi devant ce monde moderne ultra rapide et dévastateur. De notre obligation désormais à adhérer à une cause juste. Pendant que des milliards sont engloutis dans la réduction du Co2 et des nouvelles technologies "propres", combien est investi dans la lutte contre la sous-alimentation, l'accès à l'eau potable, aux soins…?
La liste est trop longue.
Le problème de fond du climat n'est pas qu'il se réchauffe ou pas, qu'il y ait 2°c ou 1,5°c, 3, 4°c, que les océans montent de 10, 20, 30 ou 40 cm, que des populations soient obligées de migrer ou non dans 40 ou 50 ans. Parce que l'état de la science du climat ne permet pas de prévoir à des dates aussi lointaines des phénomènes aussi importants. Le problème c'est qu'il ne soit pas possible de débattre sereinement sur ce sujet, que les scientifiques qui veulent continuer à comprendre le climat en intégrant des facteurs très importants dans les subtiles et complexes rouages du climat de la planète puissent le faire et puissent rendre leurs résultats. Même si ces résultats mettent en cause la théorie "incontestable" du GIEC. Même si une baisse de 20 ou 30% des émissions de Co2 ne changerait en rien le réchauffement déjà trop avancé, selon le GIEC. Sachant que l'énergie nucléaire qui elle est un polluant terrible est devenu une énergie verte face au énergies émettrices de Co2. Un comble.
La science du climat est balbutiante et n'est pas une affaire de "vérité qui dérange" basée sur des convictions d'un "grand nombre" de scientifiques ou un film catastrophe présenté par un politicien survolté. Il n'y a pas de consensus mondial sur la cause anthropique du climat, des milliers de chercheurs du monde entier contestent les thèses du GIEC et tentent de le faire savoir. Mais dans des sociétés ou la religion de la conviction a pris le dessus sur la réalité des faits, ou l'idée de la responsabilité d'un désastre imminent et planétaire causé par l'Homme est une certitude (sachant que de nombreux désastres écologiques sont véritablement dus à l'Homme), il semble difficile de penser que nous arriverons un jour à savoir ce qu'il en est vraiment.
Parce que si nous étions sincères, nous pourrions avoir l'humilité de dire que nous ne savons pas encore ce qui perturbe le climat de la planète de façon certaine. Le doute est plus constructif et surtout plus scientifique, que la vérité auto-déclarée par un consensus, vérité basée sur l'adhésion du plus grand nombre grâce à la peur et la culpabilité.
Le débat a des vertus, puisque celui de l'académie des sciences a accouché d'un court rapport qui indique par exemple :
"Des incertitudes importantes demeurent sur la modélisation des nuages,l’évolution des glaces marines et des calottes polaires, le couplage océanatmosphère, l’évolution de la biosphère et la dynamique du cycle du carbone.
Les projections de l’évolution climatique sur 30 à 50 ans sont peu affectées par les incertitudes sur la modélisation des processus à évolution lente. Ces projections sont particulièrement utiles pour répondre aux préoccupations sociétales actuelles, aggravées par l’accroissement prévisible des populations.
L’évolution du climat ne peut être analysée que par de longues séries de données, à grande échelle, homogènes et continues. Les grands programmes d’observations internationaux, terrestres et spatiaux, doivent être maintenus et développés, et leurs résultats mis à la libre disposition de la communauté scientifique internationale.
Le caractère interdisciplinaire des problèmes rencontrés impose d’impliquer davantage encore les diverses communautés scientifiques pour poursuivre les avancées déjà réalisées dans le domaine de la climatologie et pour ouvrir de nouvelles pistes aux recherches futures.»
Il était temps que ces nuances, même légères, surviennent.
Le rapport indique en préambule :
"Plusieurs indicateurs indépendants montrent une augmentation du réchauffement climatique de 1975 à 2003.
Cette augmentation est principalement due à l’augmentation de la concentration du CO2 dans l’atmosphère."
Le "principalement due" est une nuance nouvelle vis à vis des 99% de certitude de la cause unique par le Co2, et la période de 1975 à 2003 n'est pas "la progression constante depuis le début du siècle dernier", avancée auparavant par le GIEC. Sachant que nous sommes en 2010, il est sous-entendu qu'il n'y a plus de réchauffement depuis 7 ans.
Au delà de la religion de l'opinion, les débats citoyens, scientifiques ont leur raison d'être, la polémique pure, non.
Définition de la propagande (source wikipedia) : "La propagande désigne un ensemble d'actions psychologiques effectuées par une institution ou une organisation déterminant la perception publique des événements, des personnes ou des enjeux, de façon à endoctriner ou embrigader une population et la faire agir et penser d'une certaine manière"