e FRANCOIS
RTQ dans une école de croisière
Abonné·e de Mediapart

6 Billets

0 Édition

Billet de blog 29 décembre 2015

e FRANCOIS
RTQ dans une école de croisière
Abonné·e de Mediapart

les schèmes d'équilibration

e FRANCOIS
RTQ dans une école de croisière
Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Les schèmes d'équilibration visent à sauvegarder l'équilibre de l'individu, c'est à dire la verticalité du buste et de la tête, qu'il soit assis ou debout.

Debout sur un sol dur, nous utilisons nos pieds et nos jambes pour maintenir cette verticalité. Lorsque nous montons sur un dériveur, la coque s'enfonce sous l'effet du poids du premier pied, puis se stabilise lorsque la poussée d'Archimède équilibre ce poids. Il en est de même lorsque nous nous déplaçons  à bord du même dériveur. Si nous ne sommes pas habitués à ces déplacements, nous utilisons nos bras et nos mains pour assurer notre équilibre. C'est l'effet parasite majeur résultant d'un déséquilibre temporaire lors de la conduite d'un voilier, et il est très handicapant : les mains servent à conduire et l'on conduit mal si on les utilise pour maintenir la verticalité.

C'est pour cette raison qu'il existe de nombreux exercices (jeux de ballon, de rame) destinés à dépasser cette crainte du déquilibre, effectués souvent sans voiles. Ils ne sont pas une perte de temps ou un bouche-trou pour journées sans vent. Ces questions d'équilibre sont fondamentales. On ne peut barrer un dériveur correctement si on ne les a pas résolus. En Hobbie cat ou croiseur, ils se posent beaucoup moins: les coques s'enfoncent très peu voire pas du tout lors des déplacements.

Si ce déséquilibre initial est évident pour tous ( on ne peut qu'en être conscient sans toutefois soupçonner ses répercussions dans la conduite), la crainte de la chute arrière est beaucoup plus ignorée bien qu'ayant des effets tout aussi ravageurs. Contrairement à la Sole, nous avons les yeux devant nous. Si nous tombons vers l'avant, nous pouvons étendre les bras pour amortir la chute. Nous craignons la chute arrière, comme le savent tous les judokas. La gite sur un voilier correspond à un début de chute avant. Les débutants peuvent la craindre, mais constatent vite qu'elle s'arrête grâce au contrepoids de la quille ou du rappel de l'équipage. En habitable, la question "peut on se retourner?" disparait bien vite. La contregite est un début de chute arrière, beaucoup plus craint et surtout pendant beaucoup plus longtemps. Lors d'une contregite, le barreur aura tendance à incliner le buste vers le centre du bateau et à se raccrocher à la barre et à l'écoute. Pour fuire cette contregite qu'il redoute tant, il maintiendra une faible gite. Sur un dériveur, c'est catastrophique.

Piègelin et Roland ont inventé un exercice absolument génial pour dépasser cette crainte de la contregite. Il consiste, par vent très faible ou nul, à demander à l'équipage d'un dériveur de se mettre au rappel maximum. Le dériveur part alors à la contregite. L'équipage (qui doit rester au rappel maxi, trapèze compris pour les doubles) s'attend à dessaler et à prendre le voilier sur la figure. Oh miracle, le voilier se stabilise lorsque l'équipage flotte. Il ne pèse alors plus rien, le voilier reste penché, bien stable. C'est une expérience tout à fait étonnante qui, si on la pratique plusieurs fois débarrasse définitivement de toute crainte de la contregite. Alors, la conduite du voilier devient précise, les mouvements sur la barre et l'écoute ne sont plus parasités par cette crainte. Le haut niveau devient accessible. Il est en effet essentiel que le corps du barreur acquiert la stabilité d'une plateforme gyroscopique pour agir finement sur les commandes mais aussi pour discriminer proprioceptivement les mouvements du bateau.

En croiseur, derrière une barre à roue, cette crainte n'existe pas (puisque la contregite ne correspond pas à une chute arrière). Sur un habitable à barre franche, on peut observer des réactions parasites du buste, sans grandes conséquences sur la conduite : un quillard est conçu pour naviguer avec une gite légère. Il est amusant de constater à quelle vitesse les équipiers se précipitent sur l'autre bord lors d'un virement. Pour la bonne cause (rappel)? Sans doute, mais pas seulement. Dans la série observations, on trouve les débutants debouts cramponnés au bouts du piano pendant de longues heures, que l'on encourage à s'asseoir dans le cockpit et qui refusent.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Bienvenue dans Le Club de Mediapart

Tout·e abonné·e à Mediapart dispose d’un blog et peut exercer sa liberté d’expression dans le respect de notre charte de participation.

Les textes ne sont ni validés, ni modérés en amont de leur publication.

Voir notre charte