En 1945, Ambroise Croizat et le Conseil National de la Résistance ont bâti la Sécurité sociale sur un principe simple : chacun cotise selon ses moyens, chacun reçoit selon ses besoins. Ce modèle, révolutionnaire à l’époque, est aujourd’hui à bout de souffle. Les GAFAM, géants du luxe, et multinationales de l’énergie cotisent à peine 1 à 6 % de leur valeur ajoutée, tandis que nos boulangeries et PME ploient sous une charge de 20 à 30 %. Face à cette injustice, la Cotisation Citoyenne Solidaire (CCS) propose une réforme audacieuse : remplacer les cotisations patronales, basées sur les salaires, par une cotisation sur le chiffre d’affaires, reflet de la richesse créée par tous – salariés, machines, et même données des citoyens.
Une injustice criante
Prenons un exemple concret.
Une boulangerie artisanale, avec 300 000 euros de chiffre d’affaires, verse 50 400 euros de cotisations patronales, soit 28 % de sa valeur ajoutée.
Google France, avec 2 milliards d’euros de ventes, ne cotise que 17,5 millions d’euros, soit 1,8 % de sa valeur ajoutée, grâce à ses marges élevées et son optimisation fiscale.
Cette disparité n’est pas anecdotique : elle mine la solidarité nationale.
Les PME, poumon de notre économie, financent la Sécu, pendant que les géants du numérique et du luxe s’en exonèrent.

La TVA sociale, relancée par Emmanuel Macron en 2025, aggrave le problème. En augmentant les prix de 0,6 %, elle frappe durement les ménages modestes, qui consacrent 80 à 90 % de leurs revenus à la consommation, sans ouvrir de droits. Comme le dénonce l’économiste Bernard Friot, « Macron a réussi à faire passer la suppression des cotisations pour une hausse du salaire net [...] c’est un drame » (Là-bas si j’y suis, 2019). La CCS, elle, restaure l’équité et la justice sociale.

Agrandissement : Illustration 2

La CCS : une révolution solidaire
La CCS propose de cotiser sur le chiffre d’affaires, avec des taux différenciés : 6 % pour les biens essentiels (pain, lait) et la rénovation énergétique, 10 % pour les services à la personne, et 22 % pour les GAFAM, le luxe, et autres secteurs. Chaque achat devient une cotisation : 7 centimes sur une baguette de 1,20 €, 22 euros sur un abonnement Google de 100 €. Cette cotisation ouvre des droits universels – retraites, santé, chômage – respectant l'idée de la sécurité sociale : "un plan complet de Sécurité sociale, visant à assurer à tous les citoyens des moyens d’existence, dans tous les cas où ils sont incapables de se les procurer par le travail, avec gestion appartenant aux représentants des intéressés et de l’État".
Inspirée par B.Friot, qui prône une cotisation sur la valeur ajoutée pour socialiser la richesse, la CCS va plus loin.
Elle capte la valeur créée par les machines (travail mort) et les données des citoyens, comme celles exploitées par Google (50-70 % de ses revenus publicitaires).
Elle répond à l’automatisation, où les salaires ne reflètent plus la richesse produite, et génère 226 à 231 milliards d’euros, avec un surplus de 26 à 32 milliards pour sécuriser les retraites.
Une réforme équitable et verte
La CCS allège la part des PME : une boulangerie économise 64 % de ses cotisations, embauchant un apprenti. Les services à la personne gagnent 47 %, créant des emplois. Les GAFAM et le luxe, eux, cotisent à hauteur de leur richesse, comme le propose Gabriel Zucman dans The Hidden Wealth of Nations.
Les ménages modestes, protégés par un taux de 6 % sur les essentiels, respirent, tandis que les aisés contribuent via le taux de 22 % sur le luxe. Julia Cagé, dans Le prix de la démocratie, inspire la gestion paritaire des fonds (URSSAF, CNAV, CGT), garantissant transparence et contrôle citoyen.
Côté climat, le taux de 6 % pour la rénovation énergétique finance 700 000 logements par an, créant des emplois verts pour la neutralité carbone 2050. La CCS est une réforme qui unit justice sociale et transition écologique.
Un précédent international
L’Autriche explore une idée similaire : la Wertschöpfungsabgabe, étudiée par le WIFO, cotisation sur la valeur ajoutée (salaires, profits, amortissements) pour un financement stable face à l’automatisation. Avec un taux de 7,4 %, elle allège les PME et stimule l’emploi, prouvant que la CCS est réalisable.
En France, la CVAE* montre que calculer la VA est déjà à notre portée.
L’urgence d’agir
Emmanuel Macron l’a reconnu sur TF1 (13 mai 2025) : « Il faut alléger ce qui pèse sur le travail. » Ironiquement, la CCS répond à son appel, mais avec une vision de gauche : elle libère les PME, taxe équitablement les géants, et finance des droits universels. Face à l’urgence – déficit des retraites, inégalités, crise climatique –, la CCS est notre chance de réinventer la Sécu pour le XXIe siècle.
Rejoignons l’esprit de Croizat et socialisons la richesse collective. Cotisons ensemble, prospérons solidairement ! #CCS
*Cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises - La CVAE est un impôt local dû par les entreprises qui réalisent un certain chiffre d'affaires.