Le 15 mars 2023, à une large majorité, les étudiant·es et les salarié·es de l’ENSAPC ont voté en Assemblée générale l’occupation reconductible de l’école.
Réforme après réforme, les gouvernements s’attaquent aux services publics, aux protections sociales, à nos droits, nos libertés, nos vies et nos écosystèmes en nous précarisant toujours davantage.
Malgré ce qu’on nous répète depuis des années, nous sommes nombreux·ses à savoir que ces réformes ne sont ni nécessaires ni incontournables. Elles ne sont que des outils logistiques, au service des intérêts capitalistes qui s’approprient et menacent nos existences et nos communs.
Ces offensives incessantes et monotones n’ont rien de démocratique. À coups de matraque et de 49.3, elles s’attaquent à nos désirs, nos luttes et nos communautés. En bloquant notre école, nous exprimons notre légitimité à pratiquer l’action collective. Avec de nombreux secteurs de la société, nous luttons ensemble contre la réforme des retraites parce qu’il est impensable que nos existences soient soumises à l'économie de marché.
Les écoles de création, confrontées aux mêmes logiques implacables, sont dans une situation catastrophique. Certaines sont dans un état de délabrement matériel critique, d’autres carrément menacées de fermeture ! La plupart de ces écoles sont soumises à des coupes budgétaires drastiques, des réductions d’effectifs, des emplois dégradés et de plus en plus précaires – produisant de la souffrance au travail, chez les salarié·es comme chez les étudiant.es. Cet état de délabrement n’est pas seulement conjoncturel (crise énergétique, etc.). Il résulte d’une crise systémique produite depuis 25 ans par les orientations néo-libérales de l’enseignement supérieur (l’uniformisation européenne des accords de Bologne, les politiques d’austérité à échelle territoriales et nationales, etc.). Aujourd’hui, les écoles doivent être rentables, attractives, compétitives, internationales et concurrentielles sinon on les laisse crever !
Parce que nous refusons cette situation, nous ne souhaitons plus que l’École nationale supérieure d’arts de Paris-Cergy soit « nationale » ou « supérieure », ni même parisienne. Désormais, nous l’appellerons l’École d’arts autonome de Cergy.
Notre décision de blocage est exaltante : nous voulons profiter de cette occupation pour nous réapproprier collectivement l'école et repenser nos activités, nos interactions, nos modalités de production et d’engagement hors des logiques institutionnelles. Cette décision n'est que le début de l’énonciation performative de quelque chose qui reste maintenant à inventer et à investir. Nous y déploierons beaucoup d'énergie, de stratégie, d'inventivité logistique, et de présence physique.
Ces dernières journées, passées dans les manifs, sur les piquets, à l’école pour nous organiser, ont été les plus passionnantes, les plus riches et les plus belles. Pour la première fois, nous – étudiant.es et salarié·es – devenons des travailleur·euses de l’art en organisant collectivement la logistique de notre lieu de travail, de vie, de sociabilité, d’imagination et de lutte. Pour la première fois, Cergy ressemble à ce que pourrait être une école d’art.
Parce que nous n’avons pas besoin du monde qu’ils nous préparent, nous appelons à l’auto-organisation de tous les secteurs, dans les raffineries, les ports, les usines, les exploitations agricoles, les bureaux, les universités, avec les éboueurs, les cheminot·es, les chômeur.euses, les exilé·es, les travailleur·euses du sexe, les lycéen·nes, et tou·tes celleux et ceux qui ont décidé des bloquer le pays. Contre ce gouvernement, soyons ingouvernables !
Nous, travailleur·euses de l’École d'arts autonome de Cergy, occuperons l’école tant qu’il le faudra.
CONTRE LA RÉFORME DES RETRAITES
CONTRE LA PRÉCARISATION DE LA SOCIÉTÉ ET DE NOS ÉCOLES
EMBRASONS-NOUS !