Contexte. Depuis le 15 mars, des étudiant.es et des salarié.es de l’École nationale supérieure d’arts de Paris-Cergy occupent leur lieu de travail dans le cadre de la lutte contre la réforme des retraites et contre la précarisation des écoles d’art. Le 20 mars à 21h, alors que l’occupation se déroulait sereinement, l’administration de l’établissement a appelé les forces de l’ordre pour leur donner l’autorisation d’intervenir dans l’enceinte de l’école contre les occupant.es. Depuis le XIIIe siècle, l’usage en France voulait que l’intrusion policière sur les campus des universités et des écoles supérieures soit une exception. Visiblement, ça ne l’est plus du tout ! Ce texte, rédigé par quelques personnes présentes au moment des faits, revient sur la rhétorique administrative qui légitimise la répression policière au sein des établissements.
Depuis quelques jours, les risques d'incendie ont augmenté de 300% à l'école d'art de Cergy.
A partir du moment où nous annoncions l'occupation de l'école, une rengaine incessante nous était répétée à l’envie par l’administration de l’école : nous encourrions de graves risques d'incendie si nous occupions l'établissement la nuit sans présence administrative !
Comme si la présence d’un.e membre de l'administration ou la sous-traitance d'un vigile mal payé allait réduire les risques d'incendie de nos lieux de vie et de travail. Comme si nous, étudiant.es et salarié.es de l'école, étions incapables de nous organiser, incapables de vivre au quotidien sans la protection d'une surveillance administrative.
Pour notre sécurité, on nous empêche de vivre, de travailler, de lutter ensemble.
Nous ne voulons plus entendre ce bullshit.
Si risque d'incendie il y a, c'est en raison de la vétusté du bâtiment de cette école, ou de la colère qui gronde contre ce gouvernement illégitime et violent ! Utiliser l'argument sécuritaire (la protection des biens ou des personnes) pour nous faire peur est la marque d'une société profondément totalitaire.
Hier, parce que nous avons osé braver cette narration sécuritaire aliénante – alors que la France entière s'embrase et se fait matraquer par les flics –, l'administration de l'école a décidé sans hésitation de faire appel aux forces de l'ordre pour venir nous déloger.
Chacun fait son travail, nous dit-on. Quitte à prendre le risque potentiel d'envoyer une quarantaine de personnes – des étudiant.es et des collègues –, en garde à vue, se faire mater par la police, se faire ficher par les RG, se faire expulser par l’État français (dans le cas des étudiant.es extra-européen.es).
D'où vient le danger ? De nous, en nous exposant à l'incendie qui gronde en chacun.e de nous? Ou de l'institution et ses tutelles (le ministère de la Culture, en l’occurrence), prêtes à exposer celles et ceux qu'elles prétendent protéger aux violences policières ?
La bureaucratie est une charge bien lourde à porter, surtout quand elle révèle son rôle de garde-chiourme.
Quelques personnes occupant l’École d’arts autonome de Cergy