Celle des Devilliers, Zemmour et Finkelkraut. Celle des « c’était mieux avant ».
Ce triste passé, béni par ces pourfendeurs de la modernité, ou plutôt de l’émancipation civilisationnelle, a engendré des cohortes de gens malheureux, qui ont sombré soit dans les affres de la délinquance et de la toxicomanie, soit dans les souffrances et le malheur de la maladie mentale, soit dans la solution incontournable du suicide.
Chacune de ces victimes, qui se comptent par centaines de milliers, ont aussi profondément impacté leur entourage proche, leur famille et leurs amis. Ainsi, des millions de français doivent leur malheur à cette France d’avant.
Car les révélations sur Betharram (dont, étonnamment, la traduction littérale en hébreu est « la maison du péché ») ne sont que le pic, un summum de l’horreur, d’un iceberg immense de l’approche éducative des années d’après-guerre.
La « discipline » en était le maître mot. Je me souviens, de ma propre enfance, de cet instituteur qui après la dictée nous faisait venir à son bureau pour relever nos fautes d’orthographe en nous soulevant du sol par les petits poils de cheveu des tempes et en nous relâchant par une double claque sur les joues. Cela se passait dans une classique école républicaine. Et je sais que les gens de mon âge se souviennent des coups de règle carré sur le bout des doigts, des heures de piquet, des fessées cul nu et autres sévices d’une grande créativité.
Les réactionnaires de notre époque sont à la manœuvre pour pleurer ces temps, heureusement révolus, mais mettent hystériquement en épingle les dérives délinquentes qui sont pour la plupart issues de traitements éducatifs inspirées de cette folie punitive du passé.
Etonnamment, ce sont les même qui après avoir asservi et humiliés des millions de gens dans les colonies qu’ils avaient tant voulu garder, et tant regretté l’octroi de leur indépendance, qui expriment aujourd’hui la fermeture hermétique de nos frontières, à ceux-là même qui ont, grâce/à cause de ces années de colonisation, appris notre langue et notre culture. Un retour de manivelle de l’histoire.
Ces nostalgique de ce passé traumatisant sont à la manœuvre aujourd’hui, doit-on le vivre comme une fatalité ?