En tant que citoyen franco-israélien, ces derniers jours ont été un véritable cauchemar.
En Israël, Netanyahou et ses alliés d’extrême droite ont été élus sur la promesse de garantir une sécurité inébranlable à la population.
Les Israéliens ont vécu la pire tragédie de l'histoire de leur pays.
Le climat général d'insécurité, qui avait déjà atteint des sommets, a été exacerbé par la dérive inimaginable de toutes les instances de défense du pays, réputées pour leur efficacité légendaire. Elles ont été littéralement balayées par des hordes de terroristes sanguinaires du Hamas qui ont pu, sans aucune entrave, perpétrer des crimes effroyables sur des populations civiles totalement démunies, d’arracher plus d’une centaine d’otages de chez eux et de repartir avec eux dans leur territoire.
Une grande majorité des Israéliens tient les responsables politiques pour entièrement responsables de cette situation. Ils se rendent compte à présent que l'engouement excessif pour la sécurité, qui les avait séduits lors des dernières élections, les a précipités vers un véritable cataclysme, un désastre historique. Ils prennent conscience, assommés, d'avoir été terriblement abusés par une classe politique de droite dure, infestée par des éléments fascistes et racistes.
L'invasion de Gaza, avec toutes ses conséquences, ordonnée par Israël, n'est que la terrible réponse à cette attaque odieuse du Hamas. On pourrait la considérer légitime, mais cette escalade n'est qu'une extension de ce cauchemar dans lequel le gouvernement actuel nous a entraînés.
En France, l'assassinat odieux d'un enseignant par un jeune terroriste d'origine tchétchène suscite depuis vendredi une profonde émotion dans tout le pays. La colère et l'indignation ressenties sont évidemment totalement justifiées.
Sous la pression des partis de droite et de l'extrême droite, le gouvernement français se voit contraint de durcir son action sécuritaire et sa politique migratoire.
Les Zemmour, Le Pen et Bardella s’étaient déjà appuyé sur l’horreur terroriste qui a terrassé Israël pour déployer leurs discours sécuritaire empreints de haine et de racisme. L’assassinat du professeur les propulse en vedettes médiatique sur toutes les chaines d’info du pays. Leurs discours séduit de plus en plus d’électeurs français, et la terrible conséquence de ces attaques terroristes est qu’ils se rapprochent dangereusement du pouvoir suprême.
Comme en Israël, ils finiront, je le crains vraiment, à convaincre une majorité du pays à leur accorder les rênes du pouvoir.
J’exhorte le peuple français, tant qu’il en est encore temps, de tirer les leçons de la catastrophe israélienne et de se préserver d’une dérive droitière qui pourrait être fatale à l’ensemble du pays dans tous les domaines.
Le parallèle entre ces 2 pays, que je propose dans cet article, prend en compte, bien sûr les contextes très différents dans lesquels ils évoluent.
Cependant, ma profonde connaissance de ces deux réalités me permet de repérer les points de convergence justifiant cette mise en miroir.
Ces deux pays ont choisi une gouvernance démocratique d’inspiration humaniste, constamment menacée par des forces basées sur le suprémacisme et le rejet de l'Autre.
Ils sont tous deux confrontés à des injustices sociales flagrantes qui poussent les populations à se tourner vers des chimères visant à améliorer leur situation.
Ces deux pays ont vu leurs mouvements de gauche respectifs s’effondrer pour avoir trahi méthodiquement leurs valeurs et leur raison d’exister en tombant dans le piège de la facilité inspiré par des idées droitistes et en se faisant l’économie de la pensée complexe qui en faisait sa force et son génie.
En tant qu’Israélien, en tant que Français, je ne peux que constater aujourd’hui l’impasse que constitue l’extrême-droite. La politique qu’elle prône n’a pas permis, ne permet pas et ne permettra jamais de résorber les défis du XXIème siècle.
Edgar Laloum
Edgar Laloum est franco-israélien, né à Sétif (Algérie) en 1957, d’appartenance et de culture judéo-arabe. Il a vécu à Jérusalem de 1974 à 2005, où il a été co-fondateur, en 1981, de l’Association Bait-Ham (« La Maison chaleureuse »). Il s’est impliqué dans diverses actions et projets pour le rapprochement israélo-palestinien, tels que les « Villages de la tolérance » (Israël), un Séminaire annuel « Penser l’Autre » (Jérusalem) toujours d’actualité, le « Café de la paix » (Jérusalem). Récemment, il a publié un livre : « Les amandiers en fleur de Jérusalem » Ed. La boite à Pandore. Il a été dernièrement à l’initiative d’une journée parlementaire à l’Assemblée nationale en France sur la question de la lutte contre les discriminations touchant Musulmans et Juifs. Il organise et anime un séminaire et un spectacle autour de “L’Esprit de Cordoue” organisé en mars 2022 à l’Institut du Monde Arabe et en novembre de la même année au sein du Parlement de Bruxelles. Edgar Laloum vit principalement à Paris depuis 2005, où il a occupé différents postes de responsabilité dans des structures de soutien aux adolescents en difficulté.