Il nous faut réécouter le cher Georges qui nous parlait de « ces imbéciles heureux qui sont nés quelque part » !
Oui, la France a peur de ce qui fait justement sa prodigieuse richesse : son métissage.
En tant que juif arabo-berbère, francisé par le décret Crémieux, je fais partie de ceux qui ont troublé, comme s’en plaignait une vieille dame pour justifier son vote RN, les traditionnels marchés de Provence défigurés par de nouveaux visages métèques, et la pseudo culture française qu’elle voudrait voir figée comme celle de son enfance. Pourtant cette France m’a accueilli moi, et des milliers d’autres avec le soleil de nos origines, elle a offert à ses citoyens le privilège de vivre dans un pays qui a su nous faire voyager aux quatre coins du monde sans sortir de l’hexagone et a permis un formidable espoir de rencontres entre humains, qui, quoi qu’en disent ces pauvres hères perclus de haine et de hargne, savent, dans leur immense majorité, aller au quotidien vers le visage de l’autre, d’où qu’il soit venu, avec bienveillance, curiosité et enthousiasme.
Ainsi, j’avais, par le passé usage juste de me contenter de les plaindre face à cette démence suicidaire.
Mais aujourd’hui, je ne les plains plus, je les combats, car ils ont réussi à convaincre par d’ignobles arguments xénophobes et guerriers toutes ces âmes perdues qu’on vivra enfin « chez nous », que la répression instaurera un nouvel ordre dans le pays et que la misère sociale serait par conséquent abolie.
Mais il a fallu pour se faire ripoliner l’image fascisante de son passé sulfureux et nous imposer le masque polissé de politiciens respectables, voire irréprochables, avec un contrôle du langage et des postures rassurantes. Une forme de takia, cette méthode des djihadiste destinée à tout faire pour paraître inoffensifs afin de mieux frapper par surprise.
Mais son projet de société reste le même, la flamme du fascisme reste son sigle jusqu’à ce jour. Le RN reste un mouvement imprégné du slogan pétainiste « Travail, Famille, Patrie ».
Le père Le Pen pouvait se permettre cracher toutes ses infamies sans retenue car il n’avait aucune intention de prendre le pouvoir, Les Bardella/Marine eux, n’ont que cela en tête mais défendent l’idéologie identique de celle du père. Ainsi, la véritable raison de Marine Le Pen d’écarter son père n’est en rien, comme on voudrait nous le faire croire, contre son projet mortifère, mais plutôt contre sa manière de le présenter au public, ce dernier faisant obstacle à son ambition de conquête du pouvoir.
Le malheur est que, de façon surprenante, des hommes et femmes juifs aussi érudits que le philosophe Finkelkraut et le fameux chasseur de nazis Klarsfeld sont tombé en plein dans ce panneau. Ils ont pourtant été aguerris par tous les manipulateurs antisémites dans le cours de leur histoire respective.
Ils sont, pour ne parler que de ces deux personnages, des porte-drapeaux d’une communauté juive perdue, totalement aveuglée par les outrances ignobles du mélenchonisme, allant se jeter dans les bras de leur véritable ennemi historique car ces derniers les caressent dans le sens du poil en défendant l’Etat d’Israël même dans ses écarts les plus inacceptables, et en portant le masque de l’ultime défenseur des Juifs dans ce pays.
Je suis pourtant certain qu’intuitivement ces gens savent au plus profond d’eux même qu’ils ont été bernés. C’est le fatalisme suicidaire de toute l’histoire de ce peuple.
Edgar Laloum