Nous les regardions souvent partir ensemble.
Faire des courses,aller chez des amis,visiter la famille.
Et toujours,ils revenaient.L'un pour son jardin,
l'autre,son foyer.
Puis chacun son tour, ils ont déçidé de laisser
leur oeuvre derrière eux.Ils se sont rejoints,
là,où le repos est éternel.Assurés du respect,
du souvenir et mille remerciements.Car ils avaient
distillé tolérance et un sentiment de liberté.
Leur modeste condition permettait d'accéder à
l'essentiel de l'éducation.
Ils n'étaient pas plus, ni moins.Ils étaient, tout simplement.
Dans leur derniére demeure,leur a été octroyée,la plénitude,
l'immortalité,celle de la mémoire transmise de génération en
génération.Assurés du bien-fondé de leur existence passée,
des efforts,du labeur et du sens donné à leur vie.
Mais, c'était sans compter sur l'abject dont le travail consiste à
investir toutes demeures afin d'interdire la tranquillité,le repos,
le travail de mémoire.
En un mot: Profanation.
Pas de celle qui se montre au grand jour. Mais la silencieuse,
la perfide afin de salir, violer une culture personnelle,une pensée,
un mode d'éducation,une simple condition de parents.
Aujourd'hui,revus et corrigés, par la souillure verbale
dont le but est de revisiter des existences,
une vérité par des mensonges et des injures
Ce révisionnisme là, celle de la petite histoire, quasi silencieuse,
inodore se situe loin de l'imagerie populaire,
avec ses porteurs de rangers,têtes rasés,salut fasciste.
Image rassurante pour tous.
Mais le bête s'est immiscé plus sournoisement en utilisant
tous les rouages de la démocratie afin de créer son propre
léviathan capable d'assimiler monsieur et madame
tout-le-monde.
Ce sont les petites histoires qui font la Grande Histoire.
A ma mère.
A mon père.