Je suis choquée par les réactions qu'a suscitées un enfant de 8 ans qui ne voulait pas respecter la minute de silence et a ensuite crié son accord avec les terroristes. Je me sens profondément Charlie : la liberté d'expression est essentielle en démocratie. Paradoxalement, nous contredisons ce principe essentiel en réprimant durement la parole d'un jeune enfant, pour lequel ces terroristes sont des héros, des sortes de cow boys peut-être, un jeune enfant plongé dans un milieu incompréhensif qui pense probablement que toute ironie sur la religion mérite la mort immédiate.Une telle approbation de la violence vengeresse doit être interrogée.
Ces réactions disproportonnées de la part de l'école traduit probablement la peur devant " l'ennemi intérieur." N'aurait-il pas mieux valu, au lieu de systématiser un rituel, faire place au dialogue, écouter des voix discordantes, entendre aussi s'exprimer des souffrances, des humiliations, peut-être des paroles accusatrices.
Non pas encourager un discours victimaire, stérile, mais rendre à la parole sa dignité, son droit de cité.
Pendant des années, les conventions du politiquement correct ont étouffé la réflexion : à gauche, il était interdit de nommer les problèmes, de tenter de les analyser, sous peine de l'accusation d'islamophobie. A droite, au contraire, haro sur les musulmans, transformation d'une question politique en un racisme borné.
Certes, nous avons eu, collectivement, le juste réflexe, le 11 janvier, de marcher contre la haine aveugle, l'oppression obscurantiste.
Mais accordons-nous, aussi, le droit à la réflexion. Cela dérange toujours.