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Billet de blog 17 juillet 2024

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Bègles : soutien pour une mère et ses 2 filles risquant l'excision

ce témoignage relate l'histoire d'Aminata et de ses enfants, menacée de mort pour refuser de faire exciser ses 2 filles, elle a fui son pays pour les protéger.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Aminata est arrivée en France avec un visa Schengen accompagnée de ses 4 enfants (2 garçons et 2 filles) ; menacée de mort pour oser s’opposer à la tradition, elle fuyait la Mauritanie pour éviter à ses deux filles, l'excision , mutilation sexuelle dont elle-même a été victime.

Le 28 mars 2023, la famille arrive via l’Espagne (parce que le billet coûtait moins cher), un ami d’enfance éducateur vivant à Paris vient la chercher, elle regagne avec lui Paris où il travaille et Aminata  demande l’asile le 14/4/2023 pour elle et ses enfants .

L’OFI redirige la demande sur Bordeaux au motif de « décongestionner Paris ».  Aminata arrive à Bordeaux le 18 avril ; elle est prise en charge par la CADA  puis hébergée par le diaconat de Bordeaux à Bègles où les enfants sont immédiatement scolarisés.

Pendant plus de 6 mois il n’y a pas de nouvelles des demandes d’asile :  sans refus notifié dans les délais elles sont censées être acceptées en France, l’assistance sociale annonce que les filles de 10 et 18 ans ne seraient plus en procédure Dublin qui impose de faire les demandes d’asile dans le premier pays d’accueil en Espagne. Aminata est francophone et ne parle pas l’espagnol, elle ne connaît personne en Espagne où elle n’a pas les moyens de louer un appartement. A Bordeaux réside  un oncle paternel des enfants

Régulièrement tous les 3 mois le renouvellement du récépissé des demandes d’asile, est accepté par la préfecture de Bordeaux en mars 2024 il est limité à 1 mois.

 C’est le 30 avril 2024, alors qu’Aminata se rend le matin à la préfecture pour la formalité de renouvellement, qu’il lui est remis  sans aucun préavis, en main propre une ordonnance préfectorale accompagnée de 5 billets d’avion pour quitter le territoire français dans l’après-midi afin de rejoindre l’Espagne.

Comment peut-on ainsi  ordonner sur le champ un départ, alors que tous les enfants sont scolarisés, l'ainée est inscrite à l'université pour la prochaine rentrée 2024-2025.

La famille qui commençait juste à prendre ses marques, est atterrée et dans l’impossibilité d’organiser un départ dans la journée. Elle ne se présente pas à l’aéroport et un certificat médical est fourni, son état psychologique bouleversé justifiant cette absence.

Les 5 membres de la famille qui n’ont pas quitté la maison sont alors déclarés en fuite et l’aide financière accordée par l’état est immédiatement supprimée.

L’avocat chargé de défendre la famille saisit le juge des référés pointant les anomalies de procédure et demande le respect des droits différents selon les membres de la famille. Le référé est rejeté.

 Le mercredi 5 juin l’assistance sociale du CADA remet en main propre l’ordre d’expulsion. La famille  dont le plus petit a 4 ans va être jetée sur le trottoir sans aucun moyen de subsistance.

 Le refus arbitraire  d'accorder l'asile après plus d'un an de présence en France porte  gravement atteinte au bien-être familial et à l’intérêt supérieur des enfants.

Ces enfants qui ont vécu dans la peur de la mutilation et la crainte de la perte de leur mère menacée de mort pour refuser la tradition sont doublement traumatisés par les conditions de départ stressantes de la Mauritanie et la crainte à ce jour de perdre brutalement les nouveaux repères et l’équilibre fragile et précaire installé à Bègles où ils sont scolarisés.

Aminata  parle et écrit parfaitement le français, elle est capable de  travailler dans les métiers  d'aide à la personne ou dans une restauration collective.

Elle et son ami  éducateur ont déposé un dossier de pacs qui consolide la situation familiale en France ; il envisage une mutation sur Bordeaux.

Partir en Espagne est insensé, les êtres humains ne sont pas que des dossiers dont on se débarrasse  ou des pions déplacés au gré de lois.

Qui pourrait aider Aminata et enrayer le mécanisme d'expulsion   ?

 15 juillet Aminata qui ne reçoit plus aucune aide est sommée de quitter incessamment son logement avec ses 4 enfants où elle vit cloitrée et apeurée, mais pour aller où ?

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