Je me suis retrouvé avec lui dans la même classe à l'école de la CCIP, école commerce située à l'époque rue de l'Abbé Grégoire à Paris et d'emblée nous avons sympathisé...
Pourquoi ? Peut-être parce que rapidement nous avons confronté nos idées et constaté un accord général : en bref nous étions des "gauchistes" c'est à dire anti-staliniens tant à l'époque une ligne de démarcation passait entre l'extrême gauche et le PCF ! Nous avons du parler d'Alexandre Soljenitsyne et juger qu'il était certes un beau "réac" mais que l'interdire de publication était un faute politique ! Et que "sans liberté pas de socialisme, sans socialisme pas de liberté " ! Voilà qui semblera naïf aux yeux de certain(e)s de nos jours mais c'était notre crédo !
Et d'un autre côté nous avions au coeur le Chili puisque Pinochet venait de réussir son coup d'état ! Ce qui nous amena assez rapidement à manifester contre la reconnaissance par Pompidou de ce régime, lorsqu'il accepta les lettres de créance du nouvel ambassadeur et donc à participer à une manifestation ( autorisée ) qui eut lieu le 31 janvier 1974. Peu de personnes se souviennent aujourd'hui de cette manifestation appelée par le CSLRPC : l Comité de Soutien à la Lutte Révolutionnaire du Peuple Chilien !
Et pourtant venant moins d'un an après celle du 21 juin 1973, elle constitua un bel échec pour les forces de l'ordre et de fait la dernière manifestation offensive de l'extrême gauche avant longtemps ! Nous étions pour la plupart casqués, foulards sur le visage etc .... Manif offensive donc qui avança jusqu'à Montparnasse et bouscula les forces de l'ordre qui reculèrent précipitamment jusqu'à la station Vavin et perdirent deux ou trois cars ce soir-là ! J'ai gardé comme souvenir entre autres un incident "amusant" : alors que nous venions de démarrer la manif, sur le côte droit de la rangée devant moi une voix s'éleva "mais c'est la manif gauchiste ici ! je me suis trompé de manif, je voudrais sortir ! " et la réponse fusa " on ne rompt pas la chaine, tu restes !"
Je ne sais plus bien comment Albert termina la soirée, moi j'échappais aux policiers et rentrais chez moi intact ! Il y eût d'autres aventures communes ces années-là et par chance jamais interpellé !
Nous nous sommes perdus de vue pendant des années, retrouvés via un site de "copains" et tu es parti prendre un poste loin de la métropole comme cadre RH ; un jour un agent sanctionné de ton administration demanda à rencontrer le directeur de l'agence pour se venger d'une sanction : tu le remplaçais et c'est toi qui a pris la balle en pleine tête ! Shalom Albert !