Comme j'ai été très affecté par ce qui s'est passé cette année là, je me permet de contribuer.
1973 est l'année de mon exil. Je suis Chilien, et oui encore un, qui porte profondément ancrés ces numéros 1.9.7.3, point de bascule d'une histoire.
J'avais à peine plus de 2 ans lors du coup d'Etat. Mais je me souviens d'avions dans le ciel, d'un char stationné à l'angle en bas dans la rue, et surtout de l'état dans lequel étaient les grandes personnes. Il se passait quelque chose de terrible. Puis de là l'Argentine, nouveau coup d'Etat en 1976, alors ce fut l'Europe. La France, la région parisienne.
Mais je ne voudrais pas raconter l'exil, le sujet évoqué par Romaric Godin, c'est de prendre pour prétexte "1973" pour raconter à partir d'une époque ce que nous sommes devenus aujourd'hui. Ce que je suis devenu aujourd'hui, je le dois à cette année "73", en quelques sortes.
Je suis devenu français. J'ai été à l'école républicaine française. J'ai découvert la télé, Zitrone, récré A2... Les années 80 dans un environnement artistique plus que politique : je suis Chilien, mais n'ai eu aucune difficulté à devenir français, sans doute parce qu'étant blanc, peau claire, yeux bleus, la France n'a jamais eu un réflexe de rejet envers moi. J'en ai connu des pour qui c'était tellement plus difficile.
Mais d'un autre coté, j'étais Chilien, chez moi on parlait chilien, mes parents eux ne deviendraient jamais français comme je pourrais le devenir. Et sans doute cette appartenance en partie à un "ailleurs" a fait que j'ai pu porter un regard d'observateur sur la société française, un regard de l'extérieur. Renforcé ce regard par les commentaires du type "les français sont comme ceci, comme cela..."
On pourrait dire tellement de choses sur l'évolution de notre société-monde, globalement, je suis le produit de cette évolution, je suis un reflet de cette évolution, mais comme dirait mon amis feu Sven, "raconte pas ta vie" !