Billet de blog 27 janv. 2023

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16 ans en 1973

1973, j'ai 16 ans. Mon père bosse à l'usine, 50 heures par semaine. Mes frères, plus âgés que moi sont aussi à l'usine. Ma mère fait des ménages chez des petites bourgeoises qui ne la déclarent pas. Moi, j'ai  de la chance, je  suis en seconde C. Je n'irai peut-être pas à l'usine plus tard...

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1973, j'ai 16 ans. 

Mon père bosse à l'usine, 50 heures par semaine. Mes frères, plus âgés que moi sont aussi à l'usine.

Ma mère fait des ménages chez des petites bourgeoises qui ne la déclarent pas.

Moi, j'ai de la chance, je suis en seconde C. Je n'irai peut-être pas à l'usine plus tard... Je vais dans un lycée public plutôt coté où les enfants d'ouvriers sont rares. Quelques fils de bonnes familles ont compris que je n'étais pas des leurs et me manifestent leur hostilité.

Il est vrai que je fais tache, avec ce pull que ma mère avait tricoté pour mes frères et que je porte à mon tour. En plus, je suis en tête de classe, et ça, ce n'est  pas tellement dans l'ordre  des choses... Les profs eux sont sympas ; patience...

Cet été, pour les vacances, nous ne louons pas de maison à la campagne. Nous allons à Paris !

Mais pas un mois, juste une semaine, au prix où c'est : 43 francs par nuit (6,45 €) pour une chambre de 3 personnes, dans un petit hôtel près de la place d'Italie.

Pourvu que ça ne se voit pas que nous mangeons dans la chambre, même à midi puisque casse-croûter sur un banc, « ça fait cloche » pense mon père...

Il y a encore des poinçonneurs dans les stations de métro, pas de portique, juste un petit trou dans le ticket jaune à 80 centimes (12 centimes d'euro). Des portillons à l'entrée de certains quais se referment à l’approche de la rame pour éviter les bousculades. Il y a encore des rames d'origine, avec leurs banquettes en bois.

En ce qui concerne la politique, je ne suis pas encore bien outillé pour l'analyse. Mais j'ai bien compris que le président Pompidou est du camp ennemi de la classe ouvrière.

Je l'appelle « Pompon la merde ». Comme on est gentil quand on est ado... Aujourd’hui, je n'emploie pas de petits mots aussi tendres pour parler de l'actuel locataire de l'Élysée.

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