Asphyxie et agonie démocratique : que la Force soit avec nous
Le constat est partagé semble-t-il. La société française parmi d’autres, est épuisée, asphyxiée et écœurée par plus de 30 ans de régimes autocratiques et endogènes et la pathologie nationale, que j’ai tentée de raconter à travers mon parcours, sous forme volontairement narrative et non scientifique. A cela s'est ajouté un quinquennat délirant qui restera dans l'histoire.
Encore passive, la France vacille sous une République dont on peut se demander si les représentants sont irresponsables, aveugles ou suicidaires. Une république qui oscille entre immolation, prises d’otage, attentats, suicides, communautarisme, et gronde désormais au nationalisme. Cela rappelle une histoire particulièrement dangereuse d’une société et ‘d’une foule qui ne réagit que sous l’émotion ou la haine’. Les historiens reconnaitront l'auteur.
Depuis Platon, la démocratie n'a jamais été l'amour du peuple. Ce n'est pas ce qu'il demande me semble-t-il. Aujourd'hui, il ne suffit plus de parler de justice et d’égalité sociale sur les plateaux de télévision, dans les journaux ou à l’assemblée entre soi. Plus personne n'est dupe. Désormais, une fausse république participative le temps des élections ne suffira pas cette fois à nous sauver. Le symbole et le discours ne sont plus suffisants et l'impunité trop grande.
Il faut la faire et se donner les moyens de stopper ce système en s’opposant aux individus qui jouent contre la république et en abrogeant ou en réformant les institutions qui les ont formés. Plus que jamais Bourdieu qui ne dérange finalement que les héritiers doit se retourner dans sa tombe. Pourtant rien ne change, surtout pas dans les grands media, ni en politique qui alimentent le FN par leur incapacité et leur manque de courage.
Nous sommes des millions à nous sentir inutiles, impuissants et englués dans un système caduc, malgré tous nos efforts et ceux de nos parents, pour nous former, exister et contribuer au renouveau d’une société désormais sclérosée, moribonde et déprimée. Nous voulons monter sur le pont.
Encore une fois, je suis partie du ‘nous’, bien que désormais surdiplômée, Maitre de conférences des Universités (sans poste et pour cause), parlant trois langues et connaissant le monde. N’ai-je pas un devoir ? Juste celui de l'exemple à ne pas suivre semble-t-il. Comment arrêter ce gâchis national ?
Tout cela appelle plus que jamais au changement de république, à la résistance de tous, (merci Joey), non seulement de la société civile, mais à la résistance contre et avec les hommes politiques pour la conquête d’une démocratie ouverte, libérée des réseaux qui nous amputent des forces vives nécessaires pour nous remettre sur nos pattes.
ll faut reconstruire pour tous, une dignité et un sens à notre vie individuelle et collective. Très idéaliste mais il y a une dimension Billy Eliott (ce film est à voir absolument pour tous ceux qui désespèrent), dans chacun de nous selon nos aspirations : boulanger, plombier, artisan, intellectuel, pharmacien, médecin, avocat, ministre ou artiste peu importe.
Qui sont les hommes et les femmes intellectuels, politiques qui auront le vrai courage de se mettre en travers de cette histoire délirante ? Montrez-vous. Parlez.Que nous puissions vous suivre et agir.
Je crois à un destin national et international de la France, comme chaque pays à le sien. La réussite fulgurante de ‘The Artist’ dans son domaine à un moindre niveau est la preuve que l’on peut combattre l’idéologie dominante.
Ne pourrait-il pas être de proposer à l’Europe et au monde, dans ces temps qui laminent les sociétés et les individus, un modèle néo-social économique et politique alternatif qui se ne sera ni le capitalisme carnassier ni le communisme dictatorial et suicidaire. Un nouveau modèle démocratique et républicain passant par les Français qui doivent en être les parties prenantes Ils doivent en être les actionnaires et toucher les dividendes car ils en sont le capital social, pour employer des termes à la mode. Des centaines d’actions micro et macro peuvent changer le cours actuel de l’histoire en nous y mettant sérieusement.
En dehors des stratégies industrielles et d’alliances internationales, voici une mesure, très rapide et simple, à creuser afin de redonner un peu de confiance aux électeurs, libérer du budget et remettre les élus à l’heure. Ne dites pas que c'est démagogique, perpétuel faux argument.
A partir du 07 Mai, une loi encadrant les dépenses des députés et ministres annulant l’enveloppe de 5000 euros en cache sans justificatif. Comme dans les pays du Nord, le salaire et avantages actuels sur internet et les remboursements sur facture avec justificatifs validés par un contrôle de gestion et déclarés sur l’honneur.
Mais pour tout cela, il faudrait être courageux, combattre les réseaux et privilèges du passé, dé-ghettoïser la banlieue, les entreprises. Il faudrait remonter à contre-courant et tenir. Ouvrir à tous ou fermer à tous les grandes écoles où 100% des gagnants devraient avoir joué et non plus uniquement les mêmes 15%.
Arrêter les confréries ‘d’un autre siècle’(les initiés comprendront) et le corporatisme. Proposer aux et avec les Français et au monde un nouveau modèle : démocratique, républicain, social, économique, philosophique qu’on nous envierait, Etablir un maillage entre la société civile, le politique et les instances internationales.
Les Jeux du cirque mondialisés ont commencé depuis longtemps et les gladiateurs sont en phase de se révolter. Il faut arrêter ce carnage international. L’histoire ancienne et plus récente montre que ‘le plus rien à perdre’, conduit au suicide individuel ou collectif, à des guerres civiles, à des révolutions, ou à des dictatures.
Nous avons accepté le Léviathan et renoncé à la violence en croyant que la démocratie nous sauverait tous ou le plus grand nombre.
En abolissant tous ces systèmes du passé, et en repensant la relation aux autres et des modalités des choix de notre futur, tous ensemble c’est tout un pays que pourrait se remettre en marche et vous soutenir. Ensuite tout est possible (comme on nous l’a dit en 2007). D’autres modèles et d’autres choix. Alors appuyez-vous ou méfiez- vous de notre résilience.
En adaptant quelque peu ‘Que ceux qui nous aiment, nous aiment. Et que les autres, le temps leur retourne le cœur. Et si le temps n’y fait rien, qu’ils se foulent la cheville, pour que nous les reconnaissions à leur boitement’.
Epilogue
Je termine presque comme j’ai commencé. En cette période pré-électorale, dans un contexte mondial et national éprouvants, je vous demande à l’avance, hommes et femmes experts de la république, des think tanks et des réseaux d’excellence, de me pardonner les fautes que vous ne manquerez pas de relever dans cette lettre. Elle n’est pas publiée comme je le souhaitais sous forme de chronique dans le Monde ou dans Libé (c’est toujours un journal de gauche ?). On peut choisir une lecture narrative d’un parcours, ou une lecture politique et sociale centrée sur un individu, ses capacités, ses manques et le système dans lequel il évolue. Je vous laisse tirer vous-même les analyses qui en découlent.
Cette lettre est égale à ma frustration, à mon moral et pourtant à mon envie de futur fortement compromis. Même si tout ce chemin est difficile, je ne regrette pas. Si d’autres veulent m’aider à continuer ce chemin pour comprendre, expliquer et changer un peu le monde, je prends. J’enseigne, j’écris et je pense ( en général mieux), je parle plusieurs langues, je connais beaucoup de pays et je dois travailler encore vingt ans au moins.
De grands pouvoirs appellent de grandes responsabilités ( Spiderman)