Tout le monde, ou presque, a compris la nécessité du vote "utile" à chacune des élections présidentielles. Surtout depuis la sinistre surprise de ce 21 avril 2002 qui avait vu L. Jospin éliminé du second tour par le Front National. Mais cette nécessité de voter "utile" est non seulement une véritable entrave à notre liberté de choisir en toute conformité avec nos convictions réelles - ce qui est déjà une atteinte intolérable à la démocratie -, mais aussi une véritable main-mise des deux partis politiques dominants que sont actuellement l'UMP et Le PS sur la destinée de notre pays. Nous sommes tous parfaitement conscients de cette situation et les commentaires nombreux portant sur cette question du vote "utile" en sont la preuve. Je ne prétends nullement avoir une quelconque solution à ce problème mais je sais qu'elle existe forcément. Et pour la trouver, tous ensemble, il convient d'abord de se poser les bonnes question, la première d'entre elles étant : Pourquoi sommes nous contraints à voter "utile" à chaque élection présidentielle ? Cela aussi nous l'avons tous parfaitement compris et la réponse qui nous vient tout de suite à l'esprit est qu'il faut voter "utile" pour nous éviter un nouveau 21 avril 2012. C'est une bonne réponse, certes, mais qui ne fait que nous obliger à aller dans le sens souhaité par les deux partis dominants. Celui qui mène directement au bipartisme à l'américaine et qui tend à vouloir dissoudre toute différence entre la Droite et la Gauche. Rappelez-vous comment cette volonté était déjà fortement affichée par un certain parti du Centre droit à l'occasion des dernières élections de 2007. "Droite et Gauche, c'est pareil." s'échinait à nous faire croire F. Bayrou à l'époque ! Au point que S. Royal s'était cru obligée de vendre l'âme de la vraie Gauche en s'abaissant à solliciter une alliance avec le MoDem. On connaît la triste suite. C'est donc bien une volonté politique qui est à l'origine de la nécessité que nous avons de voter "utile". Une volonté inavouée car elle constitue un crime contre la démocratie qui s'est perpétué tout au long de cette Vème République jusqu'à aujourd'hui. Reste à savoir comment cette volonté politique, criminelle et "démocraticide", s'est traduite dans les faits. Elle s'est traduite dans les faits par le scrutin majoritaire à deux tours où seuls les deux candidats ayant réalisé les meilleurs scores au premier tour peuvent prétendre à l'élection suprême. C'est là, je crois, la réponse à la première question qui est, je me permets de le rappeler : "Pourquoi sommes-nous contraints de voter "utile" à chaque élection présidentielle ?".
La deuxième bonne question pourrait être : "Peut-on échapper au vote "utile", et si oui, comment ?". Mon idée est qu'il pourrait suffire d'instaurer la possibilité d'accords préélectoraux, réalisés en toute transparence vis-à-vis des électeurs. Des accords qui autoriseraient, pour le second tour, le report de voix automatique sur le candidat étant arrivé en tête de chaque coalition. Les modalités précises de ce nouveau dispositif électoral restent à définir mais il semblerait que les Allemands sont déjà depuis longtemps en avance sur nous de ce côté-là.
La troisième et dernière bonne question pourrait-être : "Peut-on modifier le dispositif électoral actuel, et si oui, quand ?"