Billet de blog 30 janvier 2012

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Lettre Ouverte Que la force soit avec nous (Partie III) Que le sable rougisse du sang des perdants

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Que le sable rougisse du sang des perdants

Je rentrais dans l’un des lieux saints, voire le Saint des Saints.

Pour moi comme beaucoup d’autres, le Graal de la pensée forte, bienveillante, réformatrice et courageuse des institutions de référence qui forment les décideurs d’hier, d’aujourd’hui et de demain, dans toutes les disciplines.  J’aurais souhaité personnellement une institution plus modeste, comme je l’ai expliqué précédemment. Je ne voulais pas de réussite sociale mais juste d'être d'utilité sociale. J’allais pourtant vivre l’année la pire de ma vie car je n’ai été admise dans le Saint des Saints que sur un malentendu. 

Si des esprits et des hommes brillants y passaient, sous le vernis d’un discours démocratique républicain, j’ai fait l’apprentissage d’un milieu inconnu de la plupart d’entres nous, mais que nous pressentons par les représentations données. J’ai découvert le centre névralgique, la Nasa, la face à peine cachée désormais de la République.

Le monde de l’entreprise, c’est Dallas. Ce monde là, c’est les Borgia, version moderne. Ceux qui sont à l’intérieur tremblent d’en être chassés et ceux qui sont à l’extérieur font tout, pour y être admis.

J’avais face à moi et j’étais dans un système féodal où, le népotisme, la cooptation, la consanguinité, les ‘si votre ramage se rapporte à votre plumage…’, les petits arrangements de toute nature entre amis font force de pensée politique et de pratiques managériales, pour et par la prise et la rétention du pouvoir. Ils n’hésitent devant rien, car rien ne les freinent vraiment. Pour les autres, ils préfèrent utiliser ce système que de le combattre. Pire encore, ils vous trahiront pour si peu…

Par conséquent, la problématique était triple pour moi : une ex-autodidacte, sans ambition de pouvoir dans un milieu normé et endogame. J’aurais du être une Madame de Merteuil ou une Pompadour en faisant beaucoup d’efforts. Mais pourquoi ? Je suis définitivement une Madame de Tourvel.

A quelques rares exceptions, j’ai découvert un système où la condescendance, le cynisme et l’arrogance poussés à l’extrême, couplés à la défense absolue des privilèges d’une lignée d’élus, aveuglés par leurs égos, et où pouvoir et avidité, priment sur tout. Il s’agit de perpétuer et de renforcer dans le présent et le futur, la diffusion d’un discours et d’une pensée oligarchique homogénéisée, politiquement et socialement lissés, grâce aux réseaux de l’institution.

Sous un pseudo- discours humaniste et progressiste d’égalité des chances, l’usurpation, la préservation des privilèges et celles des courants d’idées et de recherches se renforcent dans une caste qui se protège, s’auto-congratule, s’auto-promeut et s’auto-exempte des lois et des conséquences de ses choix et de ses incompétences. La qualité des réseaux personnels assure le droit de se comporter n’importe comment pour certains d’entres eux, et d’être payés de manière insensée pour théoriser une justice sociale qui surtout ne passera pas par eux.

Une ouverture homéopathique socialement correcte, réservée à quelques dizaines de bons élèves des minorités, ne demandant qu’à être partie prenante de ce système (qui a souvent exclu leurs parents), souligne la négation des spécificités sociales, intellectuelles, culturelles : ‘Une belle brochette de jeunes diplômés à l'allure typique, s'exprimant avec aisance’, voilà ce qu’on attend d’eux. Reconnaissance et allégeance d’avoir été choisis, repêchés, sauvés.

Sous ce discours cosmétique et le jeté de paillettes, c’est pourtant davantage le mépris, l’agonie et désormais une certaine haine de la démocratie, voire une honte pour la république qui se perpétuent dans le silence feutré des cabinets. 

J’ai découvert que déplaire à l’un d’eux, ou à une baronnie c’est déplaire à tous, sauf à ses ennemis, qui finiront par se réconcilier poussés par des intérêts communs et futurs. Il faut se soumettre à cette loi du ‘on achève bien les chevaux’ pour que la poignée ‘d’élus’ se créé ses lois et continue la grande vie.  Le mépris social y prenait tout son sens.

Pour y survivre, j’aurais du reconnaître leur talent et leur supériorité. J’aurais du rester à ma place, taire les écarts moraux et financiers, les dérives comportementales, en me soumettant aux pratiques en cours, y être une petite main à fonction diverse et variée, corvéable à merci, rendant ainsi mon parcours du combattant et mes aspirations caduques. Mais je n’ai pas pu passer une certaine limite.

Dès lors, je devais être napalmée, enterrée vivante, atomisée, pire lobotomisée et réduite au néant par tous les moyens et notamment une direction inhumaine des ressources. Ils ont presque réussi. Mais finalement, j’ai fait comme le renard pris dans un piège. Pour survivre, je me suis mangé une patte pour survivre.

C’est là que j’ai compris bien tardivement, que nous étions revenus aux Jeux du Cirque. La méritocratie n’est qu’une épreuve sacrificielle visant à légitimer le système, en mettant en exergue les ‘cas’ exceptionnels, pour mieux nous laisser nous entretuer désormais, nous les gladiateurs contemporains.

Si la méritocratie a fonctionné un temps pour certains qui en connaissent le tribu, elle détruit aujourd'hui la démocratie, la république et les individus. Il faut repenser et refonder le mérite républicain.

Vous vous demandez sans doute pourquoi nous a-t-elle raconté tout cela ? J’y viens. 

Le parcours que je viens de décrire démontre une certaine forme de résilience et de volonté et aussi de naïveté, de bêtise et d'un peu de courage.

Toutefois, si j’assume comme je le peux mes carences et mes erreurs, il me semble que cela raconte, en dehors de mon cas personnel, quelque chose des déviances de la société française et du problème de sa survie.

Quoi précisément ?

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