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Dans la compétition internationale de 2011, La Roche nous proposait en première française La maladie du sommeil, un film allemand d' Ulrich Köhler.
La Nouvelle Vague allemande a maintenant près de dix ans. Aussi était-il temps qu’elle regarde ailleurs. C’est ce que fait Ulrich Köhler, déjà remarqué et salué pour Bungalow et Montag : il situe l’action de son film au Cameroun, à Yaoundé. Le synopsis est minimal : Ebbo, médecin allemand, dirige un centre destiné à lutter contre la maladie du sommeil. Attaché à l’Afrique, il refuse de suivre sa femme qui veut le voir rentrer en Allemagne. Quelques années plus tard, un médecin franco-congolais, Alex, part à la rencontre d’Ebbo. Köhler connaît l’Afrique, ses parents ont longtemps vécu au Cameroun. Le film doit beaucoup à cette expérience, à la multiplicité des langues, des perceptions et des exils, à l’humour qui décale les situations, à la chaleur qui, à la fois, ralentit et excite les affects. Il y a un flottement, celui qui suggère le titre, mais il y a aussi une ironie, un grincement, quelques restes d’Histoire coloniale auxquels s’ajoutent les douleurs d’une histoire intime. L’Afrique regarde l’Europe, l’Europe regarde l’Afrique, les acteurs viennent d’un peu partout : de Hollande, pour Pierre Bokno, de France, pour Hyppolite Girardot, d’Allemagne, pour Jenny Schilly. L’envoûtement de La Maladie du sommeil tient aussi, ce n’est pas le moindre des paradoxes, de l’éveil.