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Parmi les 8 films de la compétition internationale du Festival de La Roche 2011, nous avions pu découvrir, en première française, le film de Rabah Ameur-Zaïmeche, Les chants de Mandrin :
Après l’exécution de Louis Mandrin, célèbre hors-la-loi et héros populaire du milieu du XVIIIe siècle, ses compagnons risquent l’aventure d’une nouvelle campagne de contrebande dans les provinces de France. Sous la protection de leurs armes, les contrebandiers organisent aux abords des villages des marchés sauvages où ils vendent tabac, étoffes et produits précieux. Ils écrivent des chants en l’honneur de Mandrin, les impriment et les distribuent aux paysans du royaume... Ce synopsis fait-il assez sentir de quoi il retourne, dans le quatrième long métrage de Rabah Ameur-Zaïmeche, après Wesh Wesh, qu’est-ce qui se passe ?, Bled Number One et Dernier Maquis ? De cinéma et de politique, sans doute. Des premières années du XXIe siècle, aisément reconnaissables derrière celles qui précédèrent la Révolution française. De la France de Sarkozy, de la guerre civile que certains – RAZ n’est pas le seul – y diagnostiquent. De tout cela, des vertus de l’allégorie et de la métaphore, mais pas seulement. RAZ se filme, il filme une troupe, la sienne, reconduite et enrichie de film en film. Il filme une campagne, une guerre, mais de quelle guerre s’agit-il ? Celle des bandits ou celle qui consiste aujourd’hui à faire du cinéma en toute liberté et autonomie ? Et n’est-ce pas plutôt d’hospitalité qu’il est question, celle qui pousse les bandits à sympathiser avec un marquis, Rabah à inviter l’immense Jacques Nolot et même le philosophe Jean-Luc Nancy ? Est-il d’autre collectif, d’autre maquis que cinématographique ? Le mystère du film tient là, dans l’intervalle entre création et résistance, charme et rage, chant et cri.