Eugène Rougon

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Illustration 1
Van Gogh © Maurice Pialat

Le Festival de La Roche- sur Yon 2010 nous invitait à une rencontre avec l'écrivain Alban Lefranc venu nous parler du film de Maurice Pialat, Van Gogh, sorti en 1991 :

"Comment raconter la vie d’un grand peintre sans tomber dans les pièges de la biographie d’artiste, son fétichisme (l’oreille coupée), ses illusions rétrospectives (tout petit déjà il dessinait admirablement), ses pieuses certitudes (nous savons aujourd’hui qu’il est un grand peintre, ses salauds de contemporains ne savaient pas) et la piteuse opposition entre l’art et la vie (une succession de désastres ici-bas, la gloire au ciel ensuite) ? Comment ? Tout simplement en ne racontant pas sa vie mais en montrant un pauvre bougre parmi d’autres, que rien ne distingue a priori des nombreux peinturleurs du moment dont on a oublié le nom, qui aurait pu être un épigone de plus entre deux rasades d’absinthe. Car pour ressaisir un peu Van Gogh, recouvert par sa légende dorée et l’obscénité des salles de vente, il faut se déprendre de ce qu’on croit savoir des moments significatifs, de notre religion de l’art, essayer de le voir comme ses contemporains justement, comme un anonyme. Pialat saisit des blocs de vie, ne cherche jamais à démontrer ou illustrer, filme à hauteur d’homme, sans aucune transcendance. Et le film raconte autant les derniers jours du peintre que la transformation de Marguerite Gachet à son contact, et la vie d’une communauté villageoise en 1890. Débordant de vitalité, le film fait sienne la fameuse phrase que Van Gogh aurait prononcée sur son lit de mort, cette phrase que Pialat acteur jetait déjà comme un défi dans A nos amours : la tristesse durera toujours, mais pas celle de Vincent, celle des autres."

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