Billet de blog 3 août 2024

Giul Ekjiel

Abonné·e de Mediapart

X comme X

Internet dans son immensité et la débauche d’énergie qu'il consomme, n'est-il pas un moyen très coûteux pour simplement écrire la lettre X ?

Giul Ekjiel

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

D’après l’ARCOM, en France, les sites pour adultes également appelés pornographiques ont reçu en moyenne près de 19 millions de visites par mois en 2022, dont près de 30 % de moins de 18 ans. L’ensemble de ces pages Internet accueillent ainsi près de 230 millions de visiteur·euses par an. Cela classe ces sites dans le top 50 des sites les plus visités mensuellement, si l'on se réfère aux données de l’ACPM.

X. La lettre est le symbole du flux des réseaux. Et du reflux. C’est la petite croix qui permet de fermer l’application ou le logiciel. Tweeter ne s’embarrasse plus du gazouillis de l’oiseau (Attention, il va sortir !) et les souteneur·euses dématérialisé·es forcent la mue printanière dans une sorte de parade amoureuse électronique. Ixer, le mot est bien pratique au Scrabble ou aux mots croisés, mais sa faible utilisation en dehors n’est pas révélatrice de sa pratique forcenée par les acteur·trices du net. Beaucoup s’ixe ! Six fois plutôt qu’une !

Les martyres du numérique ont trouvé leur crucifixion dans cet espace cul mais sans la chemise. X, c’est le multiplicateur des vidéos et des photos pornographiques. Soft ou hard. Certain·es s’offusquent en exhumant du placard poussiéreux morales et indulgences. L’ARCOM joue les inquisiteurs où l’on découvre que l’agence sait tout de nos « petits secrets ». Les Torquemadas en herbe sautent sur l’occasion pour réduire au silence l’onaniste honteux·euse. Ou pas. Il est désormais impossible de vivre « à l‘écart de la place publique », comme le chantait Georges Brassens. La renommée en moins. D’autres s’inquiètent ou s’alarment de l’impact sur la sexualité des jeunes, quand l’éducation sexuelle est réduite à la portion congrue. Il en est même pour s’offusquer des conditions des travailleur·euses du sexe, déplorables à bien des égards. Mais on détourne le regard, là.

Exutoire des frustrations, extension des solitudes, le porno web doit bien avoir une utilité dans cette déferlante de positions. Reste à la comprendre, tache ardue sur laquelle il est si facile de se casser les dents. D’ailleurs, faut le dire, si l’on se réfère au lupanar de Pompéi ou au vieux Kamasutra, il y a peu de créativité dans ce flot. La pornographie n’échappe pas aux règles de la société de consommation, l’emballage évolue mais le contenu reste le même. Oh ! Il y a bien quelques mangas et parfois même une petite histoire, mais le scénario reste indigent, quand il y en a un.

En définitive X, c’est Internet. Le moucharabieh des alcôves virtuelles nous apporte cette omnipotence de pilote de drone, la lâcheté en plus. L’IA ne voudrait-elle pas signifier en fait notre Intimité Annexée ?

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