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I. PASTEL nom masculin
Étymologie : xviie siècle. Emprunté de l’italien pastello, « gâteau (à la pâte colorée et durcie) », puis « bâtonnet coloré », lui-même issu du latin tardif pastellus, diminutif de panis, « pain ».
↪ voir aussi : II. Pastel (n. m.)
■ Poudre obtenue par le mélange, en proportions variables, de pigments pulvérisés avec de l’eau additionnée de savon, du talc, du kaolin, et agglutinée en petits bâtonnets ; bâtonnet fait de cette poudre. Un crayon de pastel ou, en apposition, un crayon pastel. Boîte de pastels. Pastel tendre, pastel dur. Pastel gras, auquel on a mêlé de la cire ou un autre corps gras. Dessiner au pastel. Étendre le pastel au doigt, à l’estompe. Un portrait au pastel.
▪ Par métonymie. Dessin, œuvre exécutés au pastel. Fixer un pastel. Les pastels de Quentin de La Tour.
▪ Par extension. Teinte, ton de pastel, clairs et doux. En apposition. Des couleurs pastel. Bleu pastel. Un fond pastel.
Comment un mot peut décrire l'écrasement d'une culture. L'académie française ne se souvient que de la teinte. Ce n'est pas par hasard que la France a cisaillé les mémoires. C'est pour la plante pastel qu'elle a lancé la plus sanglante des Inquisitions, exigeant des enfants qu'ils mènent leurs mères au bucher si celles-ci parlaient occitan, La France (guère plus que l'ile de France) s'allia à la Bourgogne pour massacrer l'Occitanie et s'approprier ses terres. De cette riche culture, la France ne conserva que ce terme, en en déviant totalement le sens. Car le bleu du pastel ne passait pas au soleil et permettait ainsi d'obtenir des noirs résistants, en particulier pour les curés catholiques, qui mèneraient le pillage de l'Occitanie, Le bleu tant désiré provenait de Isatis tinctorial, une plante des oasis du désert de Gobi, ramenée en Europe par les Arabes.
Je suis le Ténébreux, – le Veuf, – l’Inconsolé,
Le prince d’Aquitaine à la tour abolie :
Ma seule étoile est morte, – et mon luth constellé
Porte le Soleil noir de la Mélancolie.
Dans la nuit du tombeau, toi qui m’as consolé,
Rends-moi le Pausilippe et la mer d’Italie,
La fleur qui plaisait tant à mon cœur désolé,
Et la treille où le pampre à la rose s’allie.
Suis-je Amour ou Phébus ?… Lusignan ou Biron ?
Mon front est rouge encor du baiser de la reine ;
J’ai rêvé dans la grotte où nage la syrène…
Et j’ai deux fois vainqueur traversé l’Achéron :
Modulant tour à tour sur la lyre d’Orphée
Les soupirs de la sainte et les cris de la fée.
Gérard de Nerval