Pragmatisme : le mot préféré des empêcheurs de penser en rond.
Pragmatisme : système de pensée consistant à bloquer tout élargissement de la réflexion.
Pragmatisme : excuse bien pratique et toute chaude sortie du four de la machine à faire tourner le monde sans rien remettre en question.
On est pragmatique : on observe les faits (du moins ceux qu'on veut bien voir).
En milieu scolaire, on constate que les lycéens dégradent les couloirs et les extincteurs. On identifie un problème de sécurité par rapport au risque incendie. On choisit d'installer des caméras. C'est pragmatique. C'est efficace. C'est tuer dans l'œuf l'envie de dégrader. Et les postures théoriques comme quoi "l'école n'est pas un lieu de répression mais d'éducation", comme quoi "apprendre aux élèves que c'est normal d'être surveillé·es est néfaste" et "le budget qu'on choisit de mettre dans les caméras pourrait servir à rémunérer un autre AED qui a l'avantage d'être un être humain", tout ça ce n'est pas pragmatique.
Chez Total, le pragmatisme c'est constater que la demande en énergie fossile est encore forte et en conclure qu'il faut y répondre.
Ils ont tordu le sens du pragmatisme. Ils en ont fait une attitude ancrée dans un présent immobile, sans considération pour les conséquences des décisions prises. Ce mot est servi si souvent comme excuse pour ne rien faire changer qu'il me colle des boutons.
Pourtant ce n'est pas la faute du mot lui-même ni de son sens réel. C'est pourquoi je dis, aujourd'hui, que nous sommes les pragmatiques réels. Nous qui regardons les faits droit dans les yeux et cherchons à sortir du bourbier. Nous qui bloquons, qui désarmons, qui protestons. Nous sommes des pragmatiques sans cravate guidé·es par la nécessité du bien commun.
Les vrais utopistes, ce sont ceux qui pensent qu'on peut continuer comme ça.