Un quart de la production alimentaire mondiale n'est pas consommée. Ce chiffre donne le vertige, c'est pourtant une estimation basse des Nations Unies. La proportion est effrayante à l'heure, où chaque jour, 25 000 personnes meurent de fin dans le monde. Malgré tout, le gaspillage ne choque pas.
La société de l'abondance jette à la poubelle les consommables. Et nous couvrons cette honte d'un couvercle de lâcheté. Un Français comme vous et moi jette en moyenne 20 kilos de nourriture par an. Près de la moitié est encore emballée.
Pas la peine de renvoyer la balle, nous sommes responsables. Sans même s'attarder sur la qualité des achats réalisés en grande surface ou au marché, nous remplissons trop nos placards. Avec l'aide des promotions il est vrai. Mais ce ne sont pas les distributeurs qui achètent à notre place. Nos comportements doivent changer.
Non seulement produire pour rien est un gâchis écologique formidable. 55 % des récoltes seraient inutiles selon un rapport de la FAO en 2008. Les ressources de la planète ne sont pas illimitées et la production pollue.
Mais en plus cela plombe les revenus des ménages. Les américains gaspilleraient 14 % du poids de leurs achats alimentaires, soit 589 dollars par an et par personne. Sans compter la gestion des déchets qui incombe aux contribuables.
Le pire c'est que la tendance n'est pas aux économies. Au rythme actuel, le parlement européen s'attend à une augmentation des volumes gaspillés de 40 % d'ici 8 ans dans les pays de l'Union. Pourtant, il existe des solutions.
Les distributeurs peuvent gérer les stocks grâce à l'informatique. Ils peuvent aussi redistribuer gratuitement aux associations humanitaires les produits en voie de péremption. Les industriels peuvent eux recycler les productions. L'Union européenne peut agir contre la spéculation alimentaire, la destruction d'aliments qui fait augmenter les cours en bourse...
Et dans chaque foyer, nous devons acquérir une citoyenneté alimentaire.
Sylvain Ernault