Un début d'année sans une farandole de bilans de toute sorte ça n'existe pas. Et cette semaine une étude publiée par deux chercheurs montre que les pays les plus pauvres sont de plus en plus consommateurs de cétacés. Une tendance qui va avoir du mal à s'infléchir malgré l'interdiction de la pêche à la baleine pour raisons commerciales depuis 1986.
Imaginez un peu : Brigitte Bardot qui débarque à Madagascar, au Pérou ou en Birmanie et qui hurle : " Arrêtez le massacre". Ça parait surréaliste comme ça, mais cela pourrait bien arriver d'ici peu. Un chercheur américain et un de ses confrères canadien viennent, en effet, de publier cette semaine une étude (résumé disponible ici) sur la consommation de cétacés par l'homme. Leur constat est assez alarmant pour les écologistes. Entre 1970 et 2009, la consommation de baleines a tout bonnement explosé dans les pays pauvres. Brésil, Birmanie, Colombie ou encore les états africains, très peu de pays du sud échappent à la règle. Au total, plus de 90 espèces de cétacés différentes ont été tuées en quarante ans. Quant au nombre d'individus pris dans les filets, il ne cesse de croître.
La faute à la surpêche
Pour les deux chercheurs, l'explication de cette poussée chez les pays du sud est assez simple : la surpêche. Les poissons se font de plus en plus rares dans les mers et c'est biens connu, les pauvres ramassent les miettes des riches. Sauf que là, les miettes, il n'y en a plus assez non plus. Les populations se rabattent donc vers d'autres denrées, en quête de protéines. Quoi de mieux alors que la viande de baleine qui en regorge ? En plus, cette viande est abondante puisque peu de pays l’achètent en raison d'un moratoire (1986) qui en interdit la commercialisation. Mais voilà, certaines nations ne respecte pas cette législation internationale et continue à entretenir ce commerce (la chasse à la baleine est uniquement autorisée pour des raisons scientifiques, argument souvent contesté, et chez les peuples aborigènes comme les inuits). Et en tête de ces "méchants" selon les associations écologistes et les états signataires du moratoire : le Japon. Les Norvégiens et les Islandais suivent de près.

Plus de 90 espèces de cétacés ont été péchées en quarante ans (photo libre de droit Flickr)
Une lutte de tous les jours
Les écologistes ont tout de même eu un coup de frayeur en 2007. Suite aux pressions exercées par le Japon est les autres pays soutenant la chasse, le moratoire a failli être levé. Depuis, les associations ont enchaîné plusieurs victoires significatives. L’Islande a été condamnée en septembre dernier par la Commission baleinière internationale. L'ONG américaine Sea Shepherd, chef de file des anti-pêches, a également remporté une bataille importante l'année dernière. Elle a réussi à suspendre la campagne de pêche des Japonais en Antarctique. Dernier coup d'éclat de l'association en date : l'annonce de la mise en fonction de drones en 2012 afin de harceler les baleiniers nippons. La bataille navale pointe le bout de sa nageoire.
Jordan Chantier