Manger des céréales au petit déjeuner augmenterait les chances d'avoir un garçon. C'est en effet ce que révèle une étude qui a analysé le cas de 740 anglaises enceintes, en étudiant leur comportement alimentaire. On y apprend qu'un régime riche en calories, avec une grosse proportion de céréales au petit déjeuner, donne des garçons, tandis qu'un régime pauvre en calories donne des filles. Le numéro spécial de Sciences et Vie de mars 2012, Les Nouveaux mystères du sexe, revient sur cette étude britannique publiée dans la revue scientifique Proceedings of the National Academy of Sciences, le 8 mars 2010.

Le taux de naissances mâles semble dépendre de la prise d’un petit déjeuner. L’étude britannique révèle que 59 % des femmes qui ont absorbé au moins un bol de céréales le matin ont eu des garçons, contre 43 % de celles qui ont la mauvaise habitude de ne rien prendre en matinée. «Plus les femmes mangent, plus elles ont de chances d'avoir des garçons. Les femmes qui ont eu des fils étaient plus susceptibles d'avoir mangé une plus grande quantité et une variété plus importante de nutriments dont du potassium, du calcium et des vitamines C, E et B12», explique Fiona Mathews, la chercheuse principale de l'étude, biologiste à l'école de biosciences de l'université d'Exeter à un journal canadien.
Contrôler le sexe de son enfant
Dans un article parut sur cyberpresse.ca, elle déclare : «Ces recherches pourraient aider à expliquer pourquoi dans les pays développés, où de nombreuses jeunes femmes choisissent de suivre des régimes alimentaires faibles en calories, la proportion de naissances masculines chute. Nos découvertes sont particulièrement intéressantes au regard des débats récents au sein du Human Fertilisation and Embryology Committee sur la régulation des cliniques spécialisées qui permettent aux parents de choisir le sexe de leur progéniture en manipulant le sperme, pour des raisons non médicales. Ici, nous avons la preuve d'un mécanisme «naturel» qui signifie que les femmes semblent déjà contrôler le sexe de leur enfant, via leur régime alimentaire.»
L'étude qui a porté sur un échantillon de 740 femmes enceintes ne connaissant pas le sexe de leur futur enfant, divisé en trois groupes en fonction du nombre de calories lié à leur alimentation, a pu déterminer que dans le premier groupe, à haut apport calorique, 56 % des femmes ont eu des fils, contre 45 % de filles pour les autres. Cependant la raison pour laquelle un régime alimentaire maternel riche en graisses et pauvre en glucides favorise la survie des garçon n'a pas encore été éclaircie.
Un domaine de recherche important
Depuis plusieurs années, les statistiques montrent un net déclin des naissances d’enfants mâles dans les pays industrialisés, notamment en Angleterre, au Canada et aux Etats-Unis, où la différence atteint 0,1 % depuis 1970. Parmi les nombreuses hypothèses avancées pour expliquer cette différence persistante, les contaminants alimentaires ou l’introduction d’hormones dans l’alimentation du bétail. Mais Fiona Mathews, la chercheuse principale de l'étude, biologiste à l'école de biosciences de l'université d'Exeter n'est ni la première, ni la seule a établir un lien entre habitude alimentaire et sexe de l'enfant.
Dans Futura Santé, Elissa Cameron, une écologue spécialisée dans l’étude des mammifères à l’université de Pretoria (Afrique du Sud), dit être convaincue de l’existence d’un lien entre la qualité de l’alimentation et le sexe de l’enfant. Cependant, pour Shanna Swan, une épidémiologiste de l’université de Rochester à New York (département de médecine et de dentisterie) estime que si le régime maternel est un facteur, il n’est certainement pas le seul, et d’autres conditions comme les contaminants environnementaux sont aussi à suspecter.
Léa Bages