
Il y a des matins où on resterai bien au lit. Les urgences quotidiennes, le rythme effréné de nos vies, les obligations, nous aimerions choisir notre rythme et pourquoi pas en fonction de la météo. A vrai dire, si nous l'avions pu, peu d'entre nous seraient sorti de leur lit douillet ce printemps. Le froid, la pluie, la neige sont parfois des machines à faire perdre le moral. Quand les informations s'y mettent cela devient difficile de rester optimiste. Un gouvernement qui renonce plus vite que son ombre, une Europe aux mains des puissances de l'argent, une montée des fascismes, et de leurs violences, aux 4 coins du monde : il faut savoir trouver la motivation militante et utopiste.
Pour ma part je me raccroche aux branches du quotidien. Je guette les sourires. Je cherche les bourgeons sur les arbres et dans les têtes. J'ai vu cette manifestation de bisous en Tunisie pour protester contre l'arrestation d'un couple qui s’embrassait. J'ai vu le premier mariage gay et la bêtise parfois reculer. La tâche est vaste et le chantier des alternatives sera long. Mais chaque matin peu nous donner une force nouvelle.
A présent, c'est l'été. Les plus chanceux d'entre nous partiront en vacances. Nombreux resterons chez eux, contraint à l'immobilité par la précarité. Il y a pourtant comme une mélodie commune en période estivale. Il y a un appel à profiter du temps présent, à faire durer un apéro, s'allonger sous un arbre, inviter des amis, voir la famille. Il y a dans l'air cette idée simple que ce pourrait être ça la vie. Que la course au profit, au rentable, à l'efficace, que la concurrence de tous contre chacun, ne mérite vraiment pas de gâcher des minutes de cette précieuse vie. Il y a dans l'été comme une preuve du futur qui sera joyeux et où l'on aura du temps pour lire Alp'ternatives...
Laurent Eyraud-Chaume