Lundi 16 mars 2009, Mediapart fêtera sa première année d'existence. C'est une étape qui ne peut que réjouir tous ceux qui ont immédiatement adhéré au projet et à sa nature même et qui sont convaincus que Mediapart s'est désormais installé dans le paysage médiatique, de façon définitive. Régulièrement cité dans les revues de presse des stations de radio, souvent mentionné à l'appui d'analyses ou de reportages sur les chaînes de télévision, Mediapart a revitalisé la conception hexagonale du journalisme, sérieusement affaibli par diverses formes d'assujettissement coupable.
Les deux caractéristiques majeures qui ont tracé le chemin depuis décembre 2007 d'abord, à travers le projet, puis à partir du 16 mars 2008 ensuite, sont incontestablement, aux yeux de tous ceux qui désespéraient de voir une noble profession ravalée au rang de celle de gens de maison, par la faute du pouvoir politique mais aussi de bon nombre de journalistes : la qualité et l'indépendance. La qualité, c'est la pratique quotidienne des quatre fondateurs et de la rédaction. Cette pratique est fondée sur les faits, sans concession, sans détour, sans maquillage. L'indépendance, c'est l'objet même de la création de Mediapart, qui ne dépend que de ses fondateurs, ses amis et ses abonnés, et qui n'a de compte à rendre à aucun mécène capricieux et exigeant ni à aucun deus ex machina encombrant. C'est dans cet esprit que l'ALM a été créée, afin de soutenir et de promouvoir cette qualité et cette indépendance.
Soutenir.
Il convient de prendre ce verbe dans toutes ses acceptions. Soutenir, littéralement c'est empêcher de tomber, maintenir, porter. En l'occurrence, c'est veiller scrupuleusement à ce qu'aucune menace d'ordre économique, judiciaire ou politique ne vienne barrer son chemin et mettre en péril un remarquable site d'information, qui est, en plus, un carrefour permanent de confrontation d'idées et de points de vue. Il faut également entendre, par soutenir, le sens qui est lié à la recherche universitaire. Quand on soutient une thèse, on met en exergue les fruits d'une recherche, depuis les bases d'une exploration jusqu'à la conclusion du cheminement. Il en est de même avec Mediapart, puisque soutenir, dans ce cadre-là, implique d'expliquer, de raisonner, bref de convaincre celles et ceux, avec qui nous partageons nombre de choix et d'orientations, de rejoindre et de venir participer au soutien matériel et intellectuel. Il faut parler clair. Un tel outil médiatique, libre de toute dépendance vis-à-vis d'un ou plusieurs annonceurs, avec une telle qualité et une telle indépendance éditoriales, est un cas unique et salvateur dans le paysage sinistré de la presse française. C'est la raison pour laquelle l'ALM veut non seulement soutenir, mais aussi promouvoir.
Promouvoir.
Par son étymologie promouvoir lie l'action et l'avenir. C'est mettre à l'honneur, en quelque sorte. La publicité a conféré une connotation péjorative à ce verbe. Ici, il s'agira de mettre en avant, de faire connaître, d'inciter à connaître et à apprécier. Ce sont ces objectifs que l'ALM a choisis. Pour l'heure, plusieurs chantiers sont en cours : une antenne locale est en gestation à Aix-en-Provence ; une soirée-débat sur la liberté de la presse s'organise à Reims ; et deux colloques se préparent à Besançon et à Lyon. Toutes celles et tous ceux qui s'identifient volontiers à la conception de l'information, telle qu'elle est dessinée quotidiennement par Mediapart, et qui ont envie de propager cette saine idée, peuvent nous rejoindre. Ils y seront les bienvenus. Il n'y a nulle exclusive. Nous laissons, très volontiers, ce monopole à l'amicale des omniscients qui a fort généreusement déversé sa bile, sa suffisance, ses aigreurs et son narcissisme dans les commentaires consécutifs au premier billet annonciateur de la création de l'ALM, et qui nous a dressé un scénario- catastrophe, en nous montrant ce que l'ALM n'est pas et ce qu'elle ne sera jamais. L'ALM est une association et fonctionne dans le respect de la démocratie, telle qu'elle a été élaborée lors de création. Il convient, en conclusion, de dire quelques mots sur nos amis qui, face aux problèmes techniques, sont tentés par la création d'une fraternelle de la "ronchonnitude". Qu'ils s'arment de patience et de tolérance – soutenir, c'est aussi cela – et qu'ils nous rejoignent !