Billet de blog 16 juin 2009

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Edwy Plenel porte l’étendard de la presse libre à Reims !

 Vendredi 12 juin 2009, une salle comble de 200 personnes attend Edwy Plenel à la Mediathèque de Reims, face à la Cathédrale.

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Vendredi 12 juin 2009, une salle comble de 200 personnes attend Edwy Plenel à la Mediathèque de Reims, face à la Cathédrale. Ce dernier, retardé par une intervention en direct au journal du 19/20 de France3 Champagne-Ardennes, arrive en compagnie de Mathilde Mathieu, journaliste à Mediapart et Rémoise. Il est accueilli chaleureusement par Mme Coyard de la Direction de la Culture et Mme Barat du Conseil régional, sponsor de l’événement, ainsi que Nadine Cortial, également Rémoise et membre fondatrice de l’ALM, l’Association des Lecteurs de Mediapart, qui a organisé la soirée en région pour débattre des menaces qui pèsent sur l’indépendance de la presse et faire connaître Mediapart, qui présente un nouveau modèle de développement et d’offre médiatique.

L’assistance se fait silencieuse, attentive. Edwy Plenel attaque directement son sujet : « Le journalisme doit descendre de l’estrade, retrouver le contact avec ses lecteurs »… « Nous menons un combat, le « combat pour une presse libre » (titre de son manifeste récemment publié), pour défendre le contrepouvoir qu’est la presse . « Certains disent que tout ça n’est pas aussi grave que vous le dites … ». Alors il nous rappelle la leçon des Etats-Unis suite au 11 septembre 2001, l’exploitation politique de la peur et tout ce qui s’ensuivit, les mensonges sur la collusion supposée entre le dictateur irakien et Al Qaïda, sur les armes de destruction massive, les quatre memorandums du Pentagone à destination de la CIA entre 2002 et 2005 qui autorisent l’inquisition, la torture, la barbarie, les prisons secrètes, les disparitions et les enlèvements. Et face à cela une presse suiveuse, … C’est un journaliste d’investigation résistant et indépendant, Simon Hursh, qui a révélé le scandale d’Abou Graïb au NewYorker.

Autre exemple, celui du scrutin électoral de dimanche dernier : la presse se fait l’écho de l’analyse d’une pensée unique : « l’anti-sarkozysme primaire a été sanctionné ». Mediapart conduit sa propre analyse, en fait inverse : avec 60% d’abstentionnisme, 11% seulement des électeurs inscrits ont soutenu les listes de la majorité gouvernementale, une bonne part de l’électorat socialiste s’est reporté sur les listes Europe Ecologie, dont le programme était plus radical, à l’opposé de la politique gouvernementale. Autre vision, autre analyse …

Ceci pour dire que pour que la démocratie fonctionne, il est indispensable qu’elle permettre les contre-pouvoirs, et la presse en est un. Edwy Plenel nous rappelle que « la démocratie, ce n’est pas que des opinions qui s’opposent. Pour que les opinions s’expriment, il faut d’abord des vérités de fait, puis débattre autour. Hannah Arendt nous a rappelé que « le mal arrive dans la banalité ». La démocratie est un écosystème qui a son équilibre, c’est une culture, depuis l’espérance démocratique du XVIIIème siècle. Elle appartient à tous, sans privilège de naissance et de fortune, elle bouscule toutes les idées des experts et des avant-gardes. Elle doit être une légitimité permanente, ne se limitant pas à un vote, à une délégation de pouvoir à des élites. Ses deux piliers sont l’égalité entre les citoyens et la limitation des pouvoirs. Or nous vivons en France une grande régression démocratique.

La presse n’est pas le privilège des journalistes mais un droit des citoyens. Citant Jefferson : « Je préfère un pays sans gouvernement et avec presse que l’inverse ».

Or aujourd’hui plus que jamais la presse est menacée. Elle vit une crise économique mais en même temps est à un point charnière d’une véritable révolution industrielle, à l’ère du numérique et d’Internet, comme ce le fut avec l’invention de l’imprimerie. Edwy rappelle que ce ne sont pas les fabricants de diligences qui ont inventé le chemin de fer !

Dans ce contexte, Mediapart est un lieu de liberté, d’indépendance et de création. Le numérique est un bouillonnement démocratique. Ce n’est pas forcément (que) l’immédiateté, la rumeur … Avec le numérique, pas besoin d’imprimer et de distribuer, ce qui coûte cher à la presse traditionnelle. Internet redonne de la vigueur au métier, engendre de nouvelles possibilités, renouvelle l’offre. De nouveaux acteurs apparaissent, Mediapart mais aussi d’autres, comme Rue89 par exemple. Le lecteur bénéficie d’une qualité enrichie, avec une information documentée, contextualisée, des liens hypertextes. Enfin, un rapport de confiance et un lien de participation entre les lecteurs, les journalistes, s’établissent au travers des commentaires, du club des blogs.

Il conclut : « L’illusion du 100% gratuit et du 100% publicitaire est une bulle. Il n’y a que le travail qui produit de la valeur, la valeur du travail du journaliste et la valeur du public. »

Après cet exposé démonstratif, Edwy Plenel répond aux questions de la salle, notamment sur la bataille judiciaire en cours du procès des Caisses d’Epargne et de François Pérol et aux nombreux soutiens reçus du public. Egalement sur le business plan de Mediapart : 15000 abonnés, forte croissance, seuil de point rentabilité à 40000, donc un année challenge. Si chaque abonné trouvait 2 abonnés, le point mort pourrait être vite atteint !

Notons aussi l’intervention de Jean-Michel Cadiot, de l’AFP, au sujet du changement de statut de l’AFP souhaité par Nicolas Sarkozy avec le consentement du Président de l’AFP, faisant passer l’agence d’un statut d’indépendance garanti par une loi à une entreprise de fonds public ouverte à terme aux fonds privés. Il invite ceux qui le souhaitent à signer la pétition, ce qui rencontre un franc succès.

La soirée se termine autour d’un pot convivial et de spécialités régionales dans le hall de la Médiathèque, sans oublier les dédicaces par Edwy Plenel de son dernier ouvrage que nous recommandons, « Combat pour une presse libre » chez les éditions Galaade. Soirée prolongée ensuite par un agréable concert de jazz donné par le quartet avec G.Scouarnec à la contrebasse, G.Dujoncquoy à la guitare, A.Thiery au piano et F.Ricard à la batterie.

En prime pour tous les participants : une offre découverte de deux semaines gratuites à Mediapart.

Une soirée réussie pour l’ALM, expérience à renouveler ! L'occasion de faire découvrir Médiapart à un large public. Le prochain événement devrait avoir lieu à la rentrée début octobre, dans une autre région.

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