Le réseau des lecteurs de Mediapart existe, la volonté d'un certain nombre d'entre eux de soutenir le journal, et, par là, la liberté de la presse, aussi. C'est cela qui me semble particulièrement important par les temps qui courent. La création d'une association des lecteurs répond à ce souhait : mais, de mon point de vue, la structure associative, avec sa lourdeur et sa notion de "représentation" n'est pas adaptée au mode de fonctionnement en réseau des relations entre internautes, relations marquées par la rapidité et la fluidité des échanges. Avec, de plus, une interface publique qui, paradoxalement, freine les échanges entre les personnes.
Nous sommes tous des internautes : comment faire coexister le mode de relation par internet, et une structure associative, sera une des questions à discuter samedi.
En ce qui me concerne, je pense que la structure loi de 1901 ne doit avoir en l'occurrence qu'une fonction protectrice sur le plan légal, en particulier s'il y a des mouvements financiers (si besoin d'assistance au journal en cas d'attaques au tribunal par exemple). Pour le reste, elle doit se cantonner aux réunions indispensables, et c'est le fonctionnement en réseau, de façon ouverte, qui doit prévaloir. Je pense que toutes les conceptions pyramidales de cette association de lecteurs, que l'on peut retrouver dans la façon dont elle s'est constituée au départ (maladresse d'une première réunion qui a été aussi la réunion fondatrice : le souci de tenir compte de la difficulté de venir de loin et d'aller vite, n'a pas permis des temps de rencontres préalables) ou dans les attaques sur tel ou tel membre sensé être "représentant de l'ALM", attaques qui fondent, par là, le défaut qu'elles critiquent, sont des erreurs de conception de ce qu'est la démocratie "participative" sur internet. Sur internet, il n'y a pas de représentant "Sur internet, personne ne sait que vous êtes un chien" ( http://fr.wikipedia.org/wiki/On_the_Internet,_nobody_knows_you%27re_a_dog ), chacun a voix au chapitre, à armes égales : nous le savons bien, et l'expérimentons chaque jour sur Mediapart où chacun peut écrire des textes et commenter des articles, y compris de journalistes. Cette association, ce réseau, n'a de sens que s'il est pluraliste, si l'on ne demande à personne de rendre compte de ses opinions politiques ou autres. Il ne s'agit pas de se reconnaitre dans des signes d'identification à un groupe, mais d'avoir un lien par des actes partagés : partager le projet Médiapart et le soutenir, profiter (et faire profiter ) de cette occasion de faire circuler l'information et la connaissance.
La façon dont fonctionnent les forums du Web favorisent les départs annoncés comme des ruptures, comme façon de signifier un mécontentement ou une blessure. La série des démissions observées me semble aller dans ce sens. C'est quelque chose qui me parait vraiment dommage : si on n'est pas d'accord, autant le dire. L'important n'est pas la polémique, mais la confrontation des idées ou des points de vue. Je pense que concevoir les relations entre lecteurs comme un réseau, devrait permettre de sortir de cette conception dedans/dehors qui n'a aucun intérêt.
Nous souhaitons que la réunion de samedi permette aux membres présents de discuter des questions que j'aborde ici, et d'autres qui sont les bienvenues. Nous ne souhaitons pas que l'association s'enferme dans un fonctionnement rigide, mais au contraire acquière un fonctionnement souple et évolutif.
Pour ceux qui viennent, à samedi, et pour les autres, peut-être à lundi soir pour la pièce de théatre : http://www.mediapart.frhttp://blogs.mediapart.fr/blog/corinne-n/170909/evenement-au-theatre-de-la-madeleine-en-partenariat-avec-mediapartfr-le-2
Liliane Bourdin (posté par Thierry Ternisien à ma demande pour cause d'édition momentanément inaccessible)