
Avec des jeunes de toutes origines et de toutes cultures, Josette Baïz affronte un répertoire exigeant, avec des oeuvres marquantes de plusieurs chorégraphes contemporains.
Voilà plus de vingt ans que la chorégraphe Josette Baïz mène une aventure unique en France, au sein du Groupe Grenade. Une troupe d’enfants et d’adolescents, née au cours d’une expérience menée à Aix-en-Provence et dans les quartiers nord de Marseille avec des jeunes de toutes origines et de toutes cultures. La confrontation avec des pratiques aussi différentes que le break dance, le smurf, le hip hop, la danse orientale, gitane, indienne ou africaine a conduit la chorégraphe, formée par Odile Duboc et un temps interprète chez Jean-Claude Gallotta, à repenser sa démarche. Dès le départ un processus d’échange et de partage s’est mis en place et le métissage des genres est devenu l’identité du Groupe Grenade. « Ouverture d’esprit obligatoire », proclame Josette Baïz dont l’approche repose sur l’improvisation et la composition, et qui attend de chaque enfant « qu’il soit créateur de sa danse avec sa propre personnalité ».
Il y a deux ans, pour les vingt ans de Grenade, Josette Baïz avait sollicité différents chorégraphes afin de composer un programme à la mesure des enfants et des jeunes du groupe. C’est à cette occasion que l’on a pu les voir sur la scène du Théâtre de la Ville. Forts du joyeux succès rencontré lors de cette tournée de Grenade, les 20 ans, Baïz et ses interprètes remettent ça cette année avec des pièces de créateurs aussi différents que Dominique Bagouet, Emanuel Gat, Hofesh Shechter, Lucinda Childs, Rui Horta et Wayne McGregor. Ainsi qu’une courte pièce d’Alban Richard, Tricksters, créée spécialement pour eux sur le thème des gargouilles.
Pour mettre au point ce nouveau programme, techniquement plus difficile que le précédent, les vingt-deux danseurs, âgés de 8 à 20 ans, ont travaillé un an. Les chorégraphes eux-mêmes sont venus à plusieurs reprises à Aix-en-Provence. Comment des enfants et des adolescents peuvent-ils s’approprier un duo de Wayne McGregor ou les séquences répétitives de Lucinda Childs ? « Je suis très exigeante : je ne lâche rien sur la qualité. Le plus important, c’est qu’ils comprennent les matières de chaque danse, c’est-à-dire à quel moment c’est plus souple, plus léger, plus raide ou plus violent… » La première expérience de ce type, Josette Baïz l’avait menée avec Trois générations de Jean-Claude Gallotta, en 2003 : « Puis on a fait son Ulysse avec des enfants de 7 à 10 ans : une pièce vraiment pas facile. Je le sais car je l’ai moi-même dansée en 1982. Là encore, ils s’en étaient sortis. »
Plus international que celui des « 20 ans », le nouveau programme confronte les jeunes danseurs de Grenade à des univers « très forts, sans concession, ardus et même assez violents ». Avec Dominique Bagouet, Lucinda Childs ou Rui Horta, ils découvrent des époques et des courants très différents de la danse contemporaine. Avec Emanuel Gat ou Hofesh Shechter – dont Uprising –, ils abordent des compositions très techniques.
Maïa Bouteiller