Billet de blog 10 février 2016

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VITESSE ET FOURMILLEMENT

Avec 16 danseurs, Rachid Ouramdane règle l’impressionnante horlogerie d’un déploiement où foisonnent motifs et combinaisons, dans l’accélération et la déferlante.

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Au début, un seul danseur. Des gestes rares. Peu à peu, un ébranlement de sa verticale. Progressivement, une expansion de son être, démultiplication de ses gestes, amplification de ses impulsions. Quand l’effectif géant (seize danseurs) de la pièce Tenir le temps aura pris possession du plateau, on lui trouvera cette logique du solo qui l’initie : des mouvements s’accumulent, des combinaisons se complexifient, un étourdissement gagne, dans l’accélération et la déferlante.
 La saison dernière, le Théâtre de la Ville montrait POLICES!, autre pièce du même chorégraphe, Rachid Ouramdane. Fidèle à ses options, il y mettait en scène des corps tendus par les violences de leurs rapports à l’histoire. On y trouvait aussi un très grand nombre d’amateurs, avec un sens très politique d’une foule agissante.
Sa nouvelle pièce entend creuser ce sillon, même si le regard y rencontre un défi formel nouveau, fait de combinatoires à grande échelle, cette fois servies par des danseurs experts. Ils y affrontent la vitesse et l’épuisement. Tous leurs déplacements sont écrits. Cela même quand nombre de leurs déploiements donnent l’illusion de se répandre en brumes, en vagues et nuées, peu contrôlées. Bien souvent en revanche, les motifs, foisonnants dans une composition virtuose, offrent une lecture très claire de lignes, diagonales, parallèles, colimaçons, étoilements, dans des jeux de séries, d’intercalements, d’inversions et dans des déclinaisons de solos, duos, trios, ensembles. Or, même dans le fil de ces tableaux, tout se déroule si vite, sur le qui-vive, que l’oeil rassuré par la reconnaissance d’une figure nette peut douter de l’avoir vue, car très vite gommée.
La composition musicale originale de Jean-Baptiste Julien dialogue avec l’écriture du plateau à partir de notions de répétition, canon et leitmotiv. Le lien de l’individu au groupe ne cessant de se redéfinir, Tenir le temps ouvre l’espace vertigineux d’un fourmillement hétérogène plein d’imprévus qui fait au fond la cohésion de nos vies sociales, méritant d’être vécues.
Gérard Mayen
Tenir le Temps de Rachid Ouramdane du 15 au 17 février au Théâtre de la Ville

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