Billet de blog 16 décembre 2015

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Éternelle jeunesse

Depuis deux siècles et demi, Alice nous entraîne au Pays des Merveilles. Avec Fabrice Melquiot, qui réinvente le livre de Lewis Carroll, Emmanuel Demarcy-Mota crée pour la première fois un spectacle destiné aux enfants dans la grande salle du Théâtre de la Ville. À voir en famille !

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Une nappe d’eau sur laquelle flotte une maison à formes variables, par instant traversée de figures plus ou moins géométriques… L’action se passe en un monde fluide, instable : nous sommes au Pays des Merveilles. Autrement dit au théâtre, en cet espace où cohabitent tous les (im) possibles. Face à un public d’où surgit Alice. Mise au monde voilà cent cinquante ans par Lewis Carroll, cette éternelle enfant, depuis notre enfance, occupe en nous une place irréversible. Emmanuel Demarcy-Mota, metteur en scène, et Fabrice Melquiot, auteur, n’échappent pas à la règle. D’autant que, au théâtre, depuis vingt ans, ensemble, ils parcourent le monde, en particulier celui de l’enfance dans toutes ses libertés, dans ses folies, ses cruautés, sa générosité. Notamment à travers les extravagantes aventures de Bouli Miro, gamin en surpoids, prêt à toutes les expériences, y compris dans le cosmos. Fabrice Melquiot « n’adapte » pas le livre de Lewis Carroll. Il le réinvente, plonge dans les souvenirs qui se sont incrustés en lui, en retrouve les vertiges. De même, Emmanuel Demarcy-Mota, qui chez Lewis Carroll reconnaît sa filiation au théâtre : le besoin vital de saisir le moment, de bouleverser les frontières, y compris celles du réel immédiat. Comme toujours leurs deux imaginaires se rejoignent, se complètent.


Tous deux pères de famille, ils savent que si Lewis Carroll a pu créer une Alice éternelle, c’est parce qu’il s’adressait à une fillette précise, qu’il aimait et comprenait, dont il voulait connaître et reconnaître les curiosités, les désirs, les troubles, les peurs. Ave celle, il a parcouru et redécouvert l’étrange chemin qui, chez tous, filles et garçons, mène des illuminations de l’enfance aux doutes de l’âge adulte, en passant par les incertitudes de l’adolescence. Avec Lewis Carroll, au cours de son voyage, Alice se heurte à des animaux fabuleux, à des humains mystérieux. Notre Alice d’aujourd’hui connaît son ancêtre, en a lu les aventures, a peut-être vu ce qu’en ont tiré Walt Disney ou Tim Burton.


Alors, auteur et metteur en scène entrent dans son jeu, la suivent au long de son voyage en cet univers flottant, où elle rencontre des inconnus mais aussi des connaissances. Tels que Pinocchio, le Petit Chaperon rouge et l’incontournable Loup, figure éternelle des contes d’hier comme d’aujourd’hui. Certes Alice est pleine de curiosité, mais n’accepte pas tout. En particulier l’arrogance du faux-semblant. Ainsi sa rencontre avec la poupée Barbie est bien celle de deux mondes que tout oppose. À l’univers formaté et convenu de celle-ci, Alice opposera l’infini des possibles, la tentation de l’inconnu.


Emmanuel Demarcy-Mota et Fabrice Melquiot s’adressent aux filles et garçons – et aux parents – présents, là, dans la salle. La grande salle du Théâtre de la Ville où, pour la première fois, est créée l’œuvre d’un auteur vivant écrite spécialement pour « les jeunes publics ». Autant dire à nos Alice.
Colette Godard
Alice et autres merveilles création au Théâtre de la Ville du 28 décembre au 9 janvier

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