
D’hier à aujourd’hui, cette rare comédie de Balzac dévoile les manoeuvres douteuses d’hommes d’affaires aux abois.
Il arrive qu’un metteur en scène, fasciné comme je le suis par les romans, se demande s’il ne pourrait pas par hasard adapter l’un d’entre eux à la scène. C’est ainsi que, partant de Balzac, je suis tombé sur sa pièce de théâtre Le Faiseur, qui m’a tout de suite saisi par son caractère insolite, à part, et par son actualité. C’est que le thème de la dette a aussitôt retenu mon attention. La dette ! Il suffit de tendre l’oreille à la rumeur du monde pour entendre retentir ce mot dans bien des domaines divers, et pas seulement économiques. Cependant, ce n’est pas la dette symbolique qui m’a interpellé (celle du mal, de la culpabilité…) mais la dette réelle, la dette nécessaire, incontournable, qui fait le coeur de la pièce de Balzac. Mercadet, son héros, fait des dettes, et toute sa question n’est pas du tout de les rembourser, mais de se débarrasser de ses échéances et de conserver ses créanciers.
Logique fascinante que celle d’une telle pièce, qui s’étend jusqu’à la société tout entière et à la politique des États, et dont il y a peu d’exemples dans le théâtre : sauf à penser à Timon d’Athènes de Shakespeare et à L’Échange de Claudel. Le génie du héros Mercadet, qui est une sorte de déséquilibré à sa façon, c’est d’aller toujours de l’avant, de faire sans cesse pencher la balance et de se conformer davantage aux fluctuations du monde qu’aux conforts de la famille. Ce en quoi il est assurément notre contemporain, car on nous dit qu’il faut trouver la stabilité dans un monde en crise, mais nous sommes bien plus des navigateurs dans la tempête qui suivent les roulis et les tangages du vaisseau auquel ils s’accrochent, que de paisibles passagers calfeutrés dans leur cabine.
Emmanuel Demarcy-Mota
PRESSE
Une pièce phosphorescente. Le Monde
Une variation brillante et drôle sur la dette et les dérives de la finance. Les Échos
On est saisi par la modernité visionnaire du texte. Télérama
Du rythme. De la verve à plein jets. C’est enlevé, cruel, hilarant. Le Canard enchaîné
Une distribution épatante, pétillante de fantaisie et pleinement engagée. Pariscope
Un bijou de comédie. Un parti pris joyeux, loufoque, réjouissant. Le Nouvel Obs