Billet de blog 23 octobre 2012

amosca@theatredelaville.com

Abonné·e de Mediapart

DES GESTES ANCRÉS DANS LA VIE

amosca@theatredelaville.com

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Illustration 1
Racheter la mort des gestes de Jean-Claude Gallotta © Delahaye

 voir le reportage de FR3 Alpes sur la création

Avec Racheter la mort des gestes, création mondiale au Théâtre de la Ville, Jean-Claude Gallotta ouvre le journalde ses souvenirs. Figures de l’amitié, moments de répétition et tranches de vie se passent le relais dans le voyage d’une mémoire sensible. DU 31 OCTOBRE AU 10 NOVEMBRE.

Illustration 2
Racheter la mort des gestes de Jean-Claude Gallotta © Delahaye


LE SPECTACLE SÉQUENCE PAR SÉQUENCE (extraits)

SÉQUENCE A

Nous avions créé une première ébauche de ce spectacle dans notre studio de Grenoble ouvert sur la ville. Aujourd’hui, en répétition, dans la boîte noire du théâtre, le “dehors” nous a manqué. Une part du jeu entre la fiction et le réel, qui constitue un des axes de ce spectacle, n’y était plus. C’est une chorégraphie qui s’amuse avec la profondeur et la perspective, qu’elles soient spatiales ou temporelles. Le tram qui traverse de jardin à cour et de cour à jardin nous était essentiel.

SÉQUENCE B

Avec Hervé Guibert, nous parlions des grands films populaires qui nous avaient aidés à construire notre imaginaire. Lawrence d’Arabie étaient l’un de ceux-là. De ces films qui ne se contentaient pas de nous distraire, ils nous racontaient intelligemment le monde. Cette histoire si somptueusement filmée fait rêver par la beauté de ses plans et en même temps traite d’un sujet grave, le désir et le projet de fondation d’une nation arabe indépendante moderne. Par ailleurs, cet extrait placé en début de spectacle montrant,dans le désert, venant vers nous, un homme comme un point tremblant sur la ligne de l’horizon, ouvre le champ de la scène à l’infini.

SÉQUENCE I

George Mac Briar est l’un des invités du spectacle. Nous l’avons rencontré en audition. Il est à la fois celui que je serai peut-être plus tard (avec notamment mon mal au genou qui a conditionné ma danse à mes débuts) et une figure possible de Merce Cunningham (à qui il peut vaguement ressembler) qui nous avait dit à New York devant nos efforts démesurés pour plaire: «Ne jouez pas les héros»…

SÉQUENCE U

Au cours des auditions, il y a des moments d’une grande intensité auxquels le public n’a pas accès. Ces chroniques chorégraphiques nous permettent enfin de les montrer. Nous avons choisi trois personnes venues passer l’audition, qui nous ont touchés, mais qui n’auraient pas trouvé leur place dans nos autres spectacles. Elles s’appellent Sylviane, Annie, Frédéric. Pour eux, comme pour les autres danseurs et acteurs du spectacle, je reprends à mon compte la belle phrase de Robert Bresson: «Je vous imagine tels que vous êtes».

SÉQUENCE W

Une invitée, seule sur la scène. Elle appelle: «Maman!». Il n’ya pas d’âge pour chercher sa mère. Elle ne cesse de l’appeler. Sur tous les tons. On en frissonne. En amont, dans le spectacle, on a déjà entendu cette quête. Oui, bien sûr, il s’agit de nous tous, mais plus particulièrement…

SÉQUENCE X

… de moi. J’ai appris la mort de ma mère le soir d’une de nos représentations à Paris. C’était comme un signe, comme si ma mère me réclamait que je lui rende hommage dans un de mes spectacles. Une de nos invitées, Marie-Alice, arrive de la salle, accueillie sur la scène par les danseurs et par la musique d’Armide de Lully que j’ai chorégraphié il y a quelques années. Elle est ma mère, caressée, palpée, manipulée, enveloppée, emportée…

SÉQUENCE Y

Lorsque nous avons créé l’ébauche de ce spectacle en studio en 2008, nous commencions à préparer L’Homme à tête de chou avec Alain Bashung. Je lui avais demandé la permission d’utiliser sa chanson Résidents de la république dans ces Chroniques. Il en était ravi et insistait pour savoir quels gestes étaient effectuéssur sa chanson. Ce n’était pas de la politesse. Déjà très malade, chaque instant de vie avait de l’importance pour lui. En 2008, cette fin dansée/chantée était un petit signe amical pour sceller notre projet; en 2012, Bashung disparu, elle est devenue un hommage.

Jean-Claude Gallotta, Claude-Henri Buffard

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.