Parution du livre Sur ses traces de Thierry Clech
Tout débute avec un récit à la première personne décrivant un moment vraisemblablement autobiographique plongeant dans la profonde enfance du rapport de l’auteur avec le film vertigineux d’Alfred Hitchcock Vertigo (Sueurs froides en français). Le vertige prend très vite le lecteur à mesure que l’analyse documentée du cinéphile se transforme peu à peu en un récit de fiction d’un homme en quête davantage d’un fantôme de l’amour que d’une femme réelle à proprement dit. Les détails réalistes de la déambulation du narrateur dans les rues de Paris ne sont qu’un moyen de plus pour entraîner encore plus le lecteur dans une plongée vertigineuse où les seules clés de compréhension se trouvent ailleurs : autrement dit, dans la mémoire d’une analyse insatiable du film d’Hitchcock. Autour de son micro récit, Thierry Clech propose une réflexion inattendue de Vertigo qui parle davantage finalement de l’inquiétante étrangeté qui se trouve dans le sentiment amoureux liant deux individualités au-delà de toutes les références strictes de la raison, que d’une simple histoire de crime à suspense. C’est là aussi une manière de rappeler que les films nourrissent toujours un lien étroitement profond avec notre réalité quotidienne dans nos questionnements les plus intimes, confortant l’idée trufaldienne selon laquelle lorsque l’on aime la vie, on va au cinéma, l’un et l’autre se complétant et s’enrichissant au contact l’un de l’autre. Le vertige qu’ose le photographe , écrivain et critique de cinéma Thierry Clech est celle de la vie elle-même et l’amour perdu sur les traces duquel il part, ne serait-ce pas sa propre âme ? Un récit gigogne qui cache une vertigineuse complexité sous la fausse apparence d’un récit limité en un temps et lieu donnés.

Sur ses traces
de Thierry Clech
Nombre de pages : 120
Date de sortie (France) : novembre 2019
Éditeur : MAREST Éditeur
Collection : littérature