Billet de blog 1 novembre 2021

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Cédric Lépine

Critique de cinéma, essais littéraires, littérature jeunesse, sujets de société et environnementaux

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"La Supercherie du télétravail" de Christian Gauffer

L’urgence imposée par l’arrivée de la pandémie en 2020 a été une porte grande ouverte au bénéfice du mépris démocratique comme du respect des droits des travailleurs à une rapidité déconcertante. Ainsi en est-il de l’arrivée virulente de l’imposition du télétravail qui est loin de ne disposer que d’avantages.

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Parution du livre La Supercherie du télétravail de Christian Gauffer

Christian Gauffer pose son regard de psychologue clinicien tout en puisant sur son expérience passée dans les ressources humaines en milieu d’entreprise pour interroger les enjeux et les conséquences de l’élargissement de la pratique du télétravail dans la société contemporaine à la suite de la pandémie. Car non seulement le citoyen a perdu beaucoup de ses libertés et de ses droits dans la réaction du pouvoir en exercice en France, mais la pratique de son travail en a été durablement affectée.

Toujours au nom de la liberté, de nouvelles contraintes liberticides se font jour et l’auteur de cet ouvrage a voulu tirer une sonnette d’alarme. Selon la logique explicitée avec une grande ambition sur l’histoire du XXe siècle par Naomi Klein dans sa Stratégie du choc, où la démocratie peut être bâillonnée du jour au lendemain avec l’accord muet des citoyens concernés plongé sous la sidération d’une violence de grande ampleur, Christian Gauffer en se focalisant sur la généralisation du télétravail, donne à voir la nouvelle étape perfide de l’idéologie néolibérale sans pour autant plonger dans les théories du complot. Il montre que le moment était opportun pour les grandes entreprises soutenues par le pouvoir politique présidentiel en place, pour saper quelques conquis des droits des travailleurs.

Sous le prétexte de gains de temps à ne plus se déplacer, c’est l’espace intime privé qui est envahi dorénavant par le travail avec la possibilité à l’avenir de surveiller à la minute l’employé devant son ordinateur. Les gains pour les employeurs sont d’autant plus conséquents que ceux-ci n’ont plus à prendre en charge le loyer de bureaux, ainsi que tous les usages courants qui sont à présent assumés par l’employeur, qu’il s’agisse de son propre matériel informatique, de son mobilier, de son électricité, etc.

Les conséquences psychologiques chez le télétravailleur sont également non négligeables avec toute cette disparition de la sociabilité aux relations humaines entre individus physiquement présents les uns aux autres. Ainsi, l’employeur peut d’autant plus se comporter sans humanité que la singularité de son employé lui est caché : facile alors de le réprimander, d’augmenter sa charge d’activités et de le licencier du jour au lendemain car la responsabilité de la prise en charge émotionnelle disparaît. Le télétravail ne peut donc pas s’imposer sans consentement de l’employé concerné ni non plus concerné la totalité des activités professionnelles au détriment de la construction du vivre ensemble.

Illustration 1

La Supercherie du télétravail. De l’usage politique des pandémies
de Christian Gauffer

Nombre de pages : 118
Format : 13,5 x 21,5 cm
Date de sortie (France) : 25 janvier 2021
Éditeur : L’Harmattan
Collection : Logiques sociales

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